Mirbeau | La maréchale | E-Book | www.sack.de
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E-Book, Französisch, 247 Seiten

Mirbeau La maréchale


1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-45377-1
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

E-Book, Französisch, 247 Seiten

ISBN: 978-2-322-45377-1
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
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Extrait : Un grand bruit d'eau venait de la chaussée, fouettée par une subite averse : et c'était dans la nuit une galopade d'ombres agrandies de parapluies énormes, un roulis de voitures, des lumières qui filaient, des cris, des portières claquées. Puis, comme les valets de pied accouraient, le caoutchouc ruisselant, le pardessus troussé comme une robe, il rentra. -- Vous savez, mon cher ! fit la comtesse d'Andilly en se levant, si mes chevaux ont une fluxion de poitrine, je vous enverrai la note, comptez-y !... Adieu ! adieu ! Embrassez votre maman pour moi !... Vrai ? Vous ne voulez pas que je vous reconduise, amiral ? Vous allez fondre, je vous préviens !... Viens-tu, Sabine ? Il doit être une heure indue. Elles traversèrent le trottoir, dans une envolée de pelisses et de mantilles. -- Bonne nuit, ma chérie ! dit la baronne, qui montait en voiture, avec un joli merci des yeux à son amant qui l'aidait. -- Bonne nuit ! répliqua la duchesse. -- Elle la baisa au front par la portière. -- Couvre-toi bien !

Octave Mirbeau, né le 16 février 1848 à Trévières (Calvados) et mort le 16 février 1917 à Paris 8 , était un écrivain, critique d'art et journaliste ...

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I – Un mardi aux Français
… On claqua des mains : le rideau tombait, prenant des temps, comme si, lui aussi, il eût été sociétaire. Et l’orchestre se rua à la queue leu leu des couloirs. Seuls, des vieux à calottes demeuraient, des étrangers, en costumes de voyage, qui, debout, le nez en l’air, lorgnaient les allégories peintes du plafond. Les beaux, les belles au théâtre dormant, se secouaient, cherchaient leur monde, puis, après un petit signe aux intimes, une œillade à l’unique loge vide aux premières, presque vis-à-vis l’avant-scène d’Andilly, se remettaient à caqueter, même à coqueter quelquefois. Aux passages du balcon, pris d’assaut, les jumelles braquées tiraient à feux plongeants dans les baignoires : des portes battaient dans le pronenoir, plein d’allées, de venues, d’hommes en fracs, les mains aux poches, les coudes en dehors comme des anses. Et, parmi la bourdonnante symphonie des parlottes, le cri des marchands de programmes détonnait. L’air sévère, l’huissier du foyer des artistes venait de se rasseoir, après une courbette, lorsque quelqu’un, qui s’approchait, le jeta debout, très humble, l’échine ployée, et un petit jeune homme, blond fade, prétentieusement étriqué dans sa mise, la moustache poisseuse troussée brin par brin à l’antique, demanda de son peu de voix : — Le duc est là ? — Monsieur le général Jarry, duc de Varèse ? fit l’huissier, détachant ses mots. Non, monsieur le vicomte. — Ah ! monsieur de Ronserolles, vous allez pouvoir me dire… Le blondin se retourna : — Tiens ! cher, bonsoir ! – Puis, ayant chaussé son binocle : « Pardon, ah ! pardon, amiral, je vous prenais pour… » Et il aventura sa main nue comme à regret entre les larges doigts spatulés d’un grand homme solennel et grisonnant, sans moustache, les favoris en brosse, une rosette rouge au revers de l’habit. — Madame de Quéroignes va bien ? ajouta le vicomte. — Mais oui, merci !… C’est-à-dire non : toujours bien souffrante, vous savez ? Cette année, on l’a envoyée à Cannes… C’est pénible… très pénible… Je ne puis pas l’accompagner, moi, avec mes travaux, mon Institut. Et ce cher duc ?… Avez-vous des nouvelles ? — Des nouvelles ?… Mais, j’allais vous en demander, des nouvelles. Hein ? quel potin ! Vous avez lu, ce matin, dans Le Moustique ? « La main droite et la main gauche d’un de nos plus jeunes et plus brillants stratèges (stratêgos)… etc., etc. » – C’est limpide ? — Mais oui, il paraîtrait que… quoique… cependant… Et qui est-ce, la… « main gauche » ? — Comment ! Qui est-ce ?… Vous voulez me faire poser !… Non ?… Votre parole ?… C’est beau, l’innocence !… Hé ! Tout Paris connaît la baronne Simier, amiral ! — En vérité ?… Madame la baronne Simier ? Celle… qui s’occupe de bonnes œuvres ? Une blonde… superbe, n’est-il pas vrai, que j’ai eu l’honneur de rencontrer chez madame la duchesse de Varèse… son amie… je crois ? — Amie de pension, parfaitement… à tu, à toi ! Et il faut que la duchesse soit myope comme… elle est… pour n’avoir rien vu… C’est le secret de polichinelle. — Ah ! bah ! vraiment ? de… polichinelle ?… Mais cette scène, dont parle le journal, ces… ? — Ces calottes de main droite à main gauche ?… Dame ! Je… ne les ai pas reçues. — J’ai peine à admettre, pour ma part, qu’une personne aussi comme il faut que la duchesse ait pu se laisser emporter à… de pareilles extrémités. Alors ce serait à la suite de ce… drame domestique, que la duchesse aurait déposé une demande en séparation ? — D’après Le Moustique, oui !… Moi, je ne sais rien, dit Ronserolles. Pas faute d’avoir couru !… Tel que vous me voyez, amiral, j’ai fait mes quatre cercles avant de venir, ce soir… Inutile de chercher la quadrature. La voilà, la quadrature ! Eurêka ! Je vous autorise à en instruire l’Académie des Sciences… Savez-vous ce qu’ils m’ont répondu au cercle ? « Tiens ! à propos ! le duc ! C’est vrai qu’il plaide en séparation ?… » Voilà pourtant comme ils sont renseignés, ces crétins-là !… J’entrais au foyer… Mais zut ! Du moment que le duc n’y est pas ! Pour me trouver avec son hippopotame de Préville… — Ah ! est-ce que… ? — Oui ! il n’a pas encore assez de la baronne… sans compter les passades : il vient de se recoller avec Préville, retour de Russie… Oh ! pour la pose seulement ; il casque, mais il ne couche pas… D’abord il n’y aurait pas la place : avec une poitrine pareille !… Une poitrine pour six, boum !… C’est la rédaction du Moustique qui couche… en se fractionnant… à tour de rôle ?… Tiens ! Mais j’y pense ! Est-ce que… ? – Voulez-vous venir par là, amiral ?… Nous serons peut-être moins carambolés qu’ici. Le vicomte Ubald de Ronserolles passa son bras sous celui de M. de Quéroignes, et l’entraîna dans la galerie. — Merci, non ! dit-il à l’amiral, qui lui tendait son étui à cigarettes. Cristi ! Vous voulez sortir sur le balcon ?… Il fait un froid de chien, vous savez ! — Oh ! dans le cas où vous craignez… ! Vraiment, vous ne fumez pas ?… Est-ce que vous auriez les bronches… ? — Oui, les bronches, un peu… — Comme madame de Quéroignes. Elle aussi, ce sont les bronches ! soupira l’amiral. Vous n’avez jamais essayé de Cannes ?… C’est très bon, je vous assure !… Vous devriez essayer… Madame de Quéroignes serait ravie de… Pour en revenir au duc, on assure qu’il est très… gêné… depuis le krach… — Gêné, le duc ? Oh ! non !… C’est ratissé qu’il est, et raide ! repartit Ronserolles, en se rapprochant de la grande cheminée, où des charbons s’écroulaient dans un poudroiement d’étincelles. Mais pas la faute du krach ! La baronne avait de l’Union, elle ; lui pas, allez ! Il n’a même plus d’Union, le beau duc. Dame ! au train dont il va ! En couvrant d’or… Cristi ! Que ce feu est chaud !… En couvrant d’or les femmes ! Ah ! j’en sais long… Mais vous, amiral, vos travaux ? Ça va toujours ?… J’ai aperçu quelque chose de vous dans la Revue… Je n’ai pas lu, parce que je ne lis jamais ces choses-là… c’est trop fort !… La marine cochinchinoise, hein ?… Il était question de sirènes, là-dedans ? — De trirèmes, permettez, de trirèmes… hum !… carthaginoises… ! Alors c’est votre idée que le duc… ? Sa mère est fort riche cependant ? — La maréchale ?… Je vous crois ! Mais raide à la détente, elle, oh ! bigre !… J’ai l’œil, moi, voyez-vous… ! Un pari qu’il bazarde sa galerie et tout avant six mois ?… Je tiens mon Velasquez ! Un Velasquez épatant, que je guigne depuis que le duc l’a acheté à la vente d’Albe… Ah ! pardon, amiral, Machin qui passe là !… Il sait peut-être quelque chose, lui… Et, sa canne sous le bras, le vicomte de Ronserolles s’élança dans le couloir. On commençait à rentrer : l’escalier s’emplissait d’un flot de monde. En faction, devant la porte des artistes, l’huissier sommeillait sur sa chaise. — Dites donc, mon ami, vous n’auriez pas vu par hasard le duc de Varèse ? fit une voix bourrue derrière lui. Il allait se mettre droit, quand, tordant son cou maigre, il se trouva nez à nez avec un petit homme sec, rouge de peau, blanc de moustache et de cheveux, sanglé dans une redingote montante. Alors, sans achever le mouvement pour cette figure quelconque, il répéta : — Mon-sieur le gé-né-ral Jar-ry, duc de Va-rèse ? — Oui, je vous dis, le général de Varèse… Je suis le général Salmon, son parrain, le général de division d’artillerie en retraite Salmon… de Metz… sénateur… ancien ministre… Ça vous est égal ?… Je comprends ça ! Enfin, l’avez-vous vu, sacredié ?… Oui ? Non ?… Non ?… Eh bien ! On répond non, voilà ! Est-ce que je vous demande une conférence, moi ? Et, sur un contre-dégagé de sa canne, le général furieux fit demi-tour par principes, et disparut, sacrant, dans le promenoir, tandis que l’huissier, perplexe, songeait : — Mais qu’est-ce qu’ils ont donc tous, ce soir, après monsieur le général duc ? — Auguste, le duc est-il arrivé ? dit quelqu’un. L’huissier se leva, cette fois, devant un gros homme roux, à mine de quaker, dont les yeux pochés, la bouche largement fendue, surmontée d’un nez rouge en bec d’aigle qui saignait comme une plaie dans la pâleur farineuse et glabre du visage, étaient bien connus de « ces dames ». Et ce fut avec son sourire des grands jours qu’il répondit : — Non, monsieur Varon-Bey, pas encore… — Ah ! — Monsieur Varon-Bey a vu dans la salle ? Mais, sans répondre, anhélant et soucieux, le gros homme regagnait le foyer du public, où tintait la sonnette d’entracte. Il tourna dans le couloir, et, arrivé au bout, fit un signe à l’ouvreuse, qui courut lui ouvrir l’avant-scène. Un coin tiède et parfumé, ce fond de loge, dans le demi-jour opalin de ses globes, plein de rires, de jacasseries, de frous-frous. Pas d’autres femmes que la comtesse d’Andilly – pimpante vieille, en robe puce, et des diamants partout, une dentelle jetée sur ses cheveux blancs à la diable –, et sa fille, Mlle Sabine, une brune, en rose, décolletée à outrance, l’air...



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