E-Book, Französisch, 106 Seiten
Notovitch La vie inconnue de Jésus-Christ
1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-43001-7
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
le livre interdit sur l'énigme sacrée
E-Book, Französisch, 106 Seiten
ISBN: 978-2-322-43001-7
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
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Nicolas Notovitch est un journaliste russe. En 1894 il publie en français son livre La Vie inconnue de Jésus-Christ qui va être à la source de nombreuses attaques et polémiques.
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LE LADAK
Le Ladak faisait jadis partie du Grand Thibet. Les fréquentes invasions qui venaient du nord et traversaient ce pays pour aller conquérir le Kachmyr et les guerres dont le Ladak fut le théâtre, non seulement le réduisirent à la misère, mais eurent encore ce résultat de le soustraire à la domination politique de Lassa, en le faisant passer d'un conquérant sous un autre. Les Musulmans, qui s'emparèrent à une époque reculée du Kachmyr et du Ladak, convertirent de force à l'islamisme les débiles habitants du Petit Thibet. L'existence politique du Ladak se termina lors de l'annexion par les Séïks de cette contrée au Kachmyr, ce qui permit aux Ladakiens de reprendre leurs anciennes croyances. Deux tiers des habitants en profitèrent pour réédifier leurs gonpas et reprendre leur vie passée. Seuls, les Baltistans demeurèrent musulmansschiites, secte à laquelle les conquérants du pays avaient appartenu. Malgré cela, ils n'ont conservé qu'une teinte fort vague de l'islamisme, dont le caractère se révèle surtout dans leurs mœurs et dans la polygamie qu'ils mettent en pratique. Quelques lamas m'affirmèrent qu'ils ne désespéraient pas de les ramener un jour à la foi de leurs ancêtres.
Au point de vue religieux, le Ladak dépend de Lassa, capitale du Thibet et résidence du Dalaï-Lama ; c'est à Lassa que s'élisent les principaux Khoutoukhtes, ou lamas suprêmes, et les Chogzots ou ménagers. Politiquement, il est sous l'autorité du maharadja de Kachmyr qui y entretient un gouverneur.
Les habitants du Ladak appartiennent à la race chinoisetouranienne et se divisent en Ladakiens et Tchampas. Les Ladakiens mènent une existence sédentaire, bâtissent des villages le long de vallées étroites, habitent des maisons à deux étages où règne une assez grande propreté et cultivent quelques lopins de terre. Ils sont excessivement laids. De petite taille, maigre, le dos quelquefois voûté, et, entre des épaules fuyantes une tête petite aux pommettes saillantes, au front étroit et se dérobant, les yeux noirs et brillants de la race mongole, le nez écrasé, une bouche large aux lèvres amincies, le menton petit, garni d'un poil fort rare et où viennent se terminer les rides qui sillonnent deux joues creuses, tel est le Ladakien. À tout cela, ajoutez une tête rase de laquelle pend une toute petite natte de cheveux, vous aurez le type général des habitants non seulement du Ladak, mais du Thibet entier.
Les femmes sont également de petite taille et ont les pommettes proéminentes, mais elles sont d'une constitution beaucoup plus robuste, l'incarnat colore leurs joues et un sourire sympathique égaye leurs lèvres. D'une humeur très égale et très joyeuse, elles aiment beaucoup à rire.
La dureté du climat et l'âpreté du pays interdisent aux Ladakiens l'usage des vêtements riches et de couleurs variées. Leurs chemises sont de simple toile grise et de drap grossier qu'ils confectionnent chez eux. Leurs pantalons, de même étoffe, descendent jusqu'aux genoux. Les gens de condition aisée endossent encore le choga (sorte de pardessus). En hiver, ils portent un bonnet fourré à oreilles et en été se couvrent la tête d'un bonnet de drap dont la pointe pend sur le côté. Leurs chaussures sont en feutre recouvert de cuir. Tout un arsenal de menus objets pend à leur ceinture ; on y trouve une trousse à aiguilles, un couteau, une plume et un encrier, une blague à tabac, une pipe et l'inévitable girouette de prières.
Les Thibétains sont généralement d'une si grande paresse qu'une natte de cheveux qui vient de se dénouer ne se tresse plus de trois mois ; une fois leur chemise sur le corps, ils la gardent sans l'ôter jusqu'à ce qu'elle tombe en loques. Leur pardessus est toujours malpropre, et, dans le dos, on peut contempler une grande traînée huileuse qu'y imprime la natte de cheveux que l'on n'oublie pas de soigneusement graisser chaque jour. Ils se débarbouillent une fois par an, et ce, contraints par la loi et nullement de leur plein gré. Ils répandent une telle puanteur qu'on fait tout pour rester auprès d'eux le moins possible.
Par contre, les femmes sont très amoureuses de la propreté et de l'ordre. Elles se lavent toute la journée et à propos de tout. Une chemise courte et propre cache leur gorge éblouissante de blancheur ; la Thibétaine jette sur ses épaules rondes une camisole rouge dont les pans entrent dans un étroit pantalon de drap vert et rouge long d'à peu près deux mètres. Elle passe ce pantalon original de façon à le faire bouffer, ce qui protège les jambes contre le froid. Elle se chausse de bottines rouges brodées, garnies de fourrures à l'intérieur. Une large jupe de drap à plis nombreux complète sa toilette d'intérieur. Les Thibétaines tressent leurs cheveux en une natte mince et y fixent, à l'aide d'épingles, un large morceau de drap flottant qui rappelle un peu la coiffure des Italiennes ; au-dessous de cette sorte de voile, elles suspendent d'une façon bizarre divers cailloux aux couleurs voyantes, ainsi que des pièces de monnaie et des fragments de métal découpé ; elles recouvrent leurs oreilles de deux languettes de drap ou de fourrure ; par-dessus le corps, elles se jettent une peau fourrée de brebis qui ne leur couvre que le dos ; les femmes pauvres se contentent d'une simple peau d'animal, tandis que les femmes de condition aisée portent de véritables pelisses recouvertes de drap rouge et brodées de franges d'or. Soit qu'elles se promènent dans les rues ou qu'elles rendent visite à leurs voisines, les Ladakiennes portent toujours sur le dos un panier de forme tronc-conique, dont la petite base est tournée vers le sol ; elles l'emplissent de crottins de cheval et de bouses de vaches, qui constituent le combustible du pays. Chaque femme possède de l'argent qui lui appartient en propre ; elle le dépense en bibelots ; généralement elle s'achète, à peu de frais, de grands morceaux de turquoise, qui viennent s'ajouter aux ornements bizarres de sa coiffure. J'ai vu de ces pierres qui atteignaient jusqu'à cinq livres. La Ladakienne a une position sociale que lui envient toutes les femmes d'Orient, car elle est libre et respectée. À part quelques travaux champêtres, elle passe la plupart de son temps en visites ; il est à remarquer toutefois que les commérages sont chose inconnue ici.
La population fixe du Ladak se livre à l'agriculture, mais les habitants possèdent si peu de terre (la part de chacun peut s'élever à 4 hectares environ) que le revenu qu'ils en tirent ne peut suffire à défrayer leurs premiers besoins et ne leur permet pas d'acquitter les impôts. On dédaigne généralement les métiers manuels ; les artisans et les musiciens composent la plus basse classe de la société ; on lui donne le nom de Bem et on se garde bien de contracter alliance avec elle. Pendant les heures de loisir que leur laissent les travaux des champs, les habitants se livrent à la chasse des chèvres du Thibet, dont la fourrure est très appréciée aux Indes. Les plus pauvres, ceux qui n'ont pas de quoi s'armer pour la chasse, se louent comme coolies. C'est aussi l'occupation des femmes, qui sont très résistantes à la fatigue ; elles se portent beaucoup mieux que leurs maris dont la paresse va à ce point, que, sans se soucier ni du froid ni du chaud, ils sont capables de passer toute une nuit à la belle étoile étendus sur un lit de pierres.
La polyandrie (sur laquelle je reviendrai avec plus de détails) fait que tout le monde demeure uni et constitue de grandes familles cultivant en commun leurs terres, se servant pour cela d'yaks, de zos et de zomos (bœufs et vaches). Un membre de la famille ne peut s'en détacher, et s'il meurt, sa part rentre dans la communauté.
On ne sème guère que du blé ; les grains en sont très ténus, à cause de l'âpreté du climat ; on récolte aussi de l'orge qu'on pulvérise avant de le vendre. Une fois les travaux des champs terminés, tous les habitants mâles vont cueillir sur la montagne une herbe sauvage nommée « Enoriota » et de grandes épines ou « dama » ; ils en font du bois à brûler, car le combustible est chose rare au Ladak, on n'y voit ni bois ni jardins et ce n'est qu' exceptionnellement qu'on rencontre au bord des rivières de maigres bouquets de saules et de peupliers. Près des villages, on trouve aussi quelques trembles, mais, faute de terre fertile, le jardinage ne peut prendre d'extension.
L'absence de bois se remarque surtout dans les constructions qu'on dresse avec des briques séchées au soleil, et, ce qui se fait encore plus, avec des pierres de...




