Buch, Französisch, Band 45, 359 Seiten
Reihe: La Republique Des Lettres
Buch, Französisch, Band 45, 359 Seiten
Reihe: La Republique Des Lettres
ISBN: 978-90-429-2385-0
Verlag: PEETERS PUB
"Quelle est la fille qui (.) étant servante refuse de devenir maîtresse,
et d'avoir les domestiques à ses ordres? Au lieu de la simplicité des
vêtements qui convient à son état, on lui en promet de magnifiques. On va
au-devant de tous ses désirs, on lui prodigue les présents; on lui promet
que tout lui sera fourni en abondance; l'indigence où elle a vécu
jusqu'alors, lui fait trouver encore plus de charmes dans un changement
qui doit la mettre si fort à son aise. Ajoutez à cela quelque vieille
femme, qui sous prétexte de l'aider de ses conseils, contribue à la faire
donner dans le piège qu'on lui tend. le moyen qu'elle se tire d'un pas
si glissant? Vous m'avouerez qu'il faut une vertu peu commune pour
résister à tant de sujets de tentation."
Les
quatre récits, quoique rédigés après 1720, dépeignent la vie quotidienne
de jeunes gens dans le Paris de la fin du XVIIe siècle. Leurs intrigues
traitent des passions amoureuses et des obstacles que rencontrent de
jeunes amants. On peut lire ces histoires en ignorant qu'elles ont paru à
la suite du chef-d'oeuvre de Robert Challe dans les différentes éditions
qui se sont succédé au cours du XVIIIe siècle; mais ces pages ne prennent
leur pleine dimension que si l'on a déjà lu Les Illustres
Françaises. Certains des problèmes abordés par Robert Challe sont
repris par des écrivains anonymes soucieux de faire passer leurs récits
pour des productions authentiques de Robert Challe. Ils s'inspirent
directement de son ton et de sa manière. Ce sont des pastiches.
Paradoxalement, ces nouvelles confirment les topoi que Challe
s'ingéniait à subvertir. On y touve en effet de nombreux stéréotypes que
la narration de Challe réussit ordinairement à éviter ou à renouveler.
Entre autres, alors que Challe organise son recueil pour qu'on y
enregistre une montée croissante du tragique, les continuateurs de ces
nouvelles, inscrites dans la ligne des Illustres Françaises,
choisissent de privilégier les happy ends. Comme le disait Michèle Weil,
"on ne réécrit pas Challe", mais à leur façon, ces récits révèlent ce que
les contemporains de Challe ont perçu de son art. S'ils n'atteignent
jamais son intensité, leurs auteurs s'inspirent directement de sa manière,
lui empruntent ses thèmes, voire son style.
De tous les petits
maîtres qui suivent Breugel, aucun ne se confond avec Breugel lui-même, et
pourtant, leurs peintures ne manquent pas d'intérêt dès qu'elles ne se
réduisent pas à de simple reproductions et qu'on arrive à les considérer
pour elles-mêmes. C'est un peu ce qui se produit pour les histoires
réunies dans ce recueil. On leur touve du charme dès qu'on arrive à
oublier qu'elles voulaient rivaliser avec Les Illustres Françaises
de Robert Challe.