Gide | Les Faux-Monnayeurs | E-Book | sack.de
E-Book

E-Book, Französisch, 300 Seiten

Gide Les Faux-Monnayeurs

un roman d'André Gide
1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-42256-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

un roman d'André Gide

E-Book, Französisch, 300 Seiten

ISBN: 978-2-322-42256-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark



RÉSUMÉ : "Les Faux-Monnayeurs" d'André Gide est un roman complexe et audacieux qui explore les thèmes de la vérité, de l'authenticité et de la quête de l'identité. L'histoire se déroule principalement à Paris et suit plusieurs personnages interconnectés, chacun luttant avec ses propres dilemmes moraux et existentiels. Le protagoniste principal, Bernard Profitendieu, découvre qu'il est un enfant illégitime et décide de quitter sa famille pour chercher sa propre voie. Parallèlement, Édouard, un écrivain en quête d'inspiration, observe et documente les intrigues de ceux qui l'entourent, espérant trouver matière à son prochain roman. Le roman aborde également la question de la contrefaçon, non seulement dans le sens littéral de la fausse monnaie, mais aussi dans la manière dont les personnages falsifient leurs propres vies et relations. À travers une narration non linéaire et des points de vue multiples, Gide offre une réflexion profonde sur la nature de l'art et de la vie, remettant en question les conventions littéraires de son époque. Le livre est souvent considéré comme un précurseur du roman moderne en raison de sa structure innovante et de son approche introspective. L'AUTEUR : André Gide, né le 22 novembre 1869 à Paris, est l'une des figures majeures de la littérature française du XXe siècle. Issu d'une famille protestante bourgeoise, Gide est profondément influencé par son éducation stricte, ce qui se reflète dans ses oeuvres où il explore souvent des thèmes de liberté individuelle et de rébellion contre les conventions sociales. Son oeuvre littéraire est vaste et variée, allant du roman à l'essai en passant par le journal intime. Parmi ses oeuvres les plus célèbres, on compte "L'Immoraliste", "La Porte étroite" et bien sûr "Les Faux-Monnayeurs". En 1947, il reçoit le prix Nobel de littérature, récompensant une carrière marquée par l'innovation stylistique et la profondeur psychologique. Gide est également connu pour son engagement politique et social, notamment son opposition au colonialisme et son soutien aux droits de l'homme. Sa vie personnelle, marquée par une quête constante d'authenticité, se reflète dans ses écrits, où il n'hésite pas à aborder des sujets tabous pour l'époque, tels que l'homosexualité. André Gide décède le 19 février 1951, laissant derrière lui une oeuvre qui continue d'influencer les écrivains et les penseurs contemporains.

André Gide est un écrivain français, né le 22 novembre 1869 à Paris et mort le 19 février 1951 à Paris. Après une jeunesse perturbée par le puritanisme de son milieu, jeune Parisien qui se lie d'une amitié intense et tourmentée avec Pierre Louÿs, il tente de s'intégrer au milieu littéraire post-symboliste et d'épouser sa cousine. Une rencontre avec Oscar Wilde et un voyage initiatique avec Paul Albert Laurens le font rompre avec le protestantisme et vivre sa pédérastie. Il écrit notamment Paludes qui clôture sa période symboliste et, après la mort « libératrice » de sa mère, ses noces avec sa cousine Madeleine en 1895, il achève Les Nourritures terrestres, dont le lyrisme est salué par une partie de la critique à sa parution en 1897 mais qui est aussi critiqué pour son individualisme. Après des échecs au théâtre, il s'affirme comme un romancier moderne dans la construction et dans les thématiques et s'impose dans les revues littéraires. Son oeuvre trouve ensuite un nouveau souffle avec la découverte des réalités du monde auxquelles il est confronté. Ainsi, le voyageur esthète découvre l'Afrique noire et publie en 1927 le journal de son Voyage au Congo, dans lequel il dénonce les pratiques des compagnies concessionnaires mais aussi celles de l'administration coloniale et l'attitude de la majorité des Européens à l'égard des colonies. Au début des années 1930, il s'intéresse au communisme, s'enthousiasme pour le régime soviétique, mais subit une désillusion lors de son voyage sur place à l'été 1936. Il publie son témoignage la même année, Retour de l'U.R.S.S., qui lui vaut de virulentes attaques des communistes. Il persiste cependant dans sa dénonciation du totalitarisme soviétique au moment des procès de Moscou et s'engage, parallèlement, dans le combat des intellectuels contre le fascisme. En 1940, il abandonne La Nouvelle Revue française et quasiment l'écriture en se repliant sur la Côte d'Azur, puis en Afrique du Nord durant la guerre. Après le conflit, il est mis à l'écart de la vie littéraire, mais honoré par le prix Nobel de littérature en 1947, et il se préoccupe dès lors de la publication intégrale de son Journal. Il meurt le 19 février 1951.
Gide Les Faux-Monnayeurs jetzt bestellen!

Autoren/Hrsg.


Weitere Infos & Material


1


« C’est le moment de croire que j’entends des pas dans le corridor », se dit Bernard. Il releva la tête et prêta l’oreille. Mais non : son père et son frère aîné étaient retenus au Palais ; sa mère en visite ; sa sœur à un concert ; et quant au puîné1, le petit Caloub, une pension le bouclait au sortir du lycée chaque jour. Bernard Profitendieu était resté à la maison pour potasser son bachot ; il n’avait plus devant lui que trois semaines. La famille respectait sa solitude ; le démon pas. Bien que Bernard eût mis bas sa veste, il étouffait. Par la fenêtre ouverte sur la rue n’entrait rien que de la chaleur. Son front ruisselait. Une goutte de sueur coula le long de son nez, et s’en alla tomber sur une lettre qu’il tenait en main :

« Ça joue la larme, pensa-t-il. Mais mieux vaut suer que de pleurer. »

Oui, la date était péremptoire. Pas moyen de douter : c’est bien de lui, Bernard, qu’il s’agissait. La lettre était adressée à sa mère ; une lettre d’amour vieille de dix-sept ans ; non signée.

« Que signifie cette initiale ? Un V, qui peut aussi bien être un N… Sied-il d’interroger ma mère ?… Faisons crédit à son bon goût. Libre à moi d’imaginer que c’est un prince. La belle avance si j’apprends que je suis le fils d’un croquant2 ! Ne pas savoir qui est son père, c’est ça qui guérit de la peur de lui ressembler. Toute recherche oblige. Ne retenons de ceci que la délivrance. N’approfondissons pas. Aussi bien j’en ai mon suffisant pour aujourd’hui. »

Bernard replia la lettre. Elle était de même format que les douze autres du paquet. Une faveur3 rose les attachait, qu’il n’avait pas eu à dénouer ; qu’il refit glisser pour ceinturer comme auparavant la liasse. Il remit la liasse dans le coffret et le coffret dans le tiroir de la console. Le tiroir n’était pas ouvert ; il avait livré son secret par en haut. Bernard rassujettit les lames disjointes du plafond de bois, que devait recouvrir une lourde plaque d’onyx4. Il fit doucement, précautionneusement, retomber celle-ci, replaça pardessus deux candélabres de cristal et l’encombrante pendule qu’il venait de s’amuser à réparer.

La pendule sonna quatre coups. Il l’avait remise à l’heure.

« Monsieur le juge d’instruction et Monsieur l’avocat son fils ne seront pas de retour avant six heures. J’ai le temps. Il faut que Monsieur le juge, en rentrant, trouve sur son bureau la belle lettre où je m’en vais lui signifier mon départ. Mais avant de l’écrire, je sens un immense besoin d’aérer un peu mes pensées — et d’aller retrouver mon cher Olivier, pour m’assurer, provisoirement du moins, d’un perchoir. Olivier, mon ami, le temps est venu pour moi de mettre ta complaisance à l’épreuve et pour toi de me montrer ce que tu vaux. Ce qu’il y avait de beau dans notre amitié, c’est que, jusqu’à présent, nous ne nous étions jamais servis l’un de l’autre. Bah ! un service amusant à rendre ne saurait être ennuyeux à demander. Le gênant, c’est qu’Olivier ne sera pas seul. Tant pis ! je saurai le prendre à part. Je veux l’épouvanter par mon calme. C’est dans l’extraordinaire que je me sens le plus naturel. »

La rue de T…, où Bernard Profitendieu avait vécu jusqu’à ce jour, est toute proche du jardin du Luxembourg. Là, près de la fontaine Médicis, dans cette allée qui la domine, avaient coutume de se retrouver, chaque mercredi entre quatre et six, quelques-uns de ses camarades. On causait art, philosophie, sports, politique et littérature. Bernard avait marché très vite ; mais en passant la grille du jardin il aperçut Olivier Molinier et ralentit aussitôt son allure.

L’assemblée ce jour-là était plus nombreuse que de coutume, sans doute à cause du beau temps. Quelques-uns s’y étaient adjoints que Bernard ne connaissait pas encore. Chacun de ces jeunes gens, sitôt qu’il était devant les autres, jouait un personnage et perdait presque tout naturel.

Olivier rougit en voyant approcher Bernard et, quittant assez brusquement une jeune femme avec laquelle il causait, s’éloigna. Bernard était son ami le plus intime, aussi Olivier prenait-il grand soin de ne paraître point le rechercher ; il feignait même parfois de ne pas le voir.

Avant de le rejoindre, Bernard devait affronter plusieurs groupes, et, comme lui de même affectait de ne pas rechercher Olivier, il s’attardait.

Quatre de ses camarades entouraient un petit barbu à pince-nez, sensiblement plus âgé qu’eux, qui tenait un livre. C’était Dhurmer.

« Qu’est-ce que tu veux, disait-il en s’adressant plus particulièrement à l’un des autres, mais manifestement heureux d’être écouté par tous. J’ai poussé jusqu’à la page trente sans trouver une seule couleur, un seul mot qui peigne. Il parle d’une femme ; je ne sais même pas si sa robe était rouge ou bleue. Moi, quand il n’y a pas de couleurs, c’est bien simple, je ne vois rien. » — Et par besoin d’exagérer, d’autant plus qu’il se sentait moins pris au sérieux, il insistait : « Absolument rien. »

Bernard n’écoutait plus le discoureur ; il jugeait malséant de s’écarter trop vite, mais déjà prêtait l’oreille à d’autres qui se querellaient derrière lui et qu’Olivier avait rejoints après avoir laissé la jeune femme ; l’un de ceux-ci, assis sur un banc, lisait l’5.

Combien Olivier Molinier, parmi tous ceux-ci, paraît grave ! Il est l’un des plus jeunes pourtant. Son visage presque enfantin encore et son regard révèlent la précocité de sa pensée. Il rougit facilement. Il est tendre. Il a beau se montrer affable envers tous, je ne sais quelle secrète réserve, quelle pudeur, tient ses camarades à distance. Il souffre de cela. Sans Bernard, il en souffrirait davantage.

Molinier s’était un instant prêté, comme fait Bernard à présent, à chacun des groupes ; par complaisance, mais rien de ce qu’il entend ne l’intéresse.

Il se penchait par-dessus l’épaule du lecteur. Bernard, sans se retourner, l’entendait dire :

« Tu as tort de lire les journaux ; ça te congestionne. »

Et l’autre repartir d’une voix aigre :

« Toi, dès qu’on parle de Maurras6, tu verdis. »

Puis un troisième, sur un ton goguenard, demander :

« Ça t’amuse, les articles de Maurras ? »

Et le premier répondre :

« Ça m’emmerde ; mais je trouve qu’il a raison. »

Puis un quatrième, dont Bernard ne reconnaissait pas la voix :

« Toi, tout ce qui ne t’embête pas, tu crois que ça manque de profondeur. »

Le premier ripostait :

« Si tu crois qu’il suffit d’être bête pour être rigolo !

— Viens », dit à voix basse Bernard, en saisissant brusquement Olivier par le bras. Il l’entraîna quelques pas plus loin :

« Réponds vite ; je suis pressé. Tu m’as bien dit que tu ne couchais pas au même étage que tes parents ?

— Je t’ai montré la porte de ma chambre ; elle donne droit sur l’escalier, un demi-étage avant d’arriver chez nous.

— Tu m’as dit que ton frère couchait là aussi ?

— Georges, oui.

— Vous êtes seuls tous les deux ?

— Oui.

— Le petit sait se taire ?

— S’il le faut. Pourquoi ?

— Écoute. J’ai quitté la maison ; ou du moins je vais la quitter ce soir. Je ne sais pas encore où j’irai. Pour une nuit, peux-tu me recevoir ? »

Olivier devint très pâle. Son émotion était si vive qu’il ne pouvait regarder Bernard.

« Oui, dit-il ; mais ne viens pas avant onze heures. Maman descend nous dire adieu chaque soir, et ferme notre porte à clef.

— Mais alors… »

Olivier...



Ihre Fragen, Wünsche oder Anmerkungen
Vorname*
Nachname*
Ihre E-Mail-Adresse*
Kundennr.
Ihre Nachricht*
Lediglich mit * gekennzeichnete Felder sind Pflichtfelder.
Wenn Sie die im Kontaktformular eingegebenen Daten durch Klick auf den nachfolgenden Button übersenden, erklären Sie sich damit einverstanden, dass wir Ihr Angaben für die Beantwortung Ihrer Anfrage verwenden. Selbstverständlich werden Ihre Daten vertraulich behandelt und nicht an Dritte weitergegeben. Sie können der Verwendung Ihrer Daten jederzeit widersprechen. Das Datenhandling bei Sack Fachmedien erklären wir Ihnen in unserer Datenschutzerklärung.