Buch, Französisch, Band 8, 558 Seiten, Gewicht: 1450 g
Reihe: Mediaevalia Groningana
Buch, Französisch, Band 8, 558 Seiten, Gewicht: 1450 g
Reihe: Mediaevalia Groningana
ISBN: 978-90-429-1950-1
Verlag: PEETERS PUB
Dans la période qui va du règne de Philippe IV le Bel (1285-1314) à celui de Louis XIII (1610-1643) la royauté française se transforme d'une monarchie aux accents 'seigneuriaux' en une monarchie presque souveraine où tous les habitants deviennent les sujets de 'Sa Majesté', titre aux accents romains officialisé sous Henri II. Le parcours qui mène vers cette sujétion se trouve cependant être balisé de sentiments. Tant que le pouvoir royal n'est pas encore bien en selle, il exploite pleinement le thème de l'affection: le roi est le pater patriae ou le 'père' qui aime ses sujets et qui les consulte volontiers dans les assemblées de notables et dans des États, provinciaux, régionaux ou généraux. L'affection atteint son apogée dans l'assemblée de notables de 1506 où les députés confèrent à Louis XII le titre de 'père du peuple', qualification qui est ressassée à l'infini par la machine propagandiste: le roi de France est le 'père' de ses sujets.
L'étiquette 'père du peuple' ne sert cependant qu'à masquer des velléités centralisatrices et autoritaires, car le 'père' de la bienheureuse famille française se souvient du statut du père dans l'Ancien Testament et de celui du pater familias de l'Empire romain. Ces pères-là voulaient être obéis.
L'issue est prévisible. Dès que le principe de la souveraineté du roi s'est imposé, les rois de France abandonnent le thème de la paternité affective qui leur a rendu de si bons services et, sauf rare exception, ils refusent d'inviter encore leurs sujets bien-aimés à venir discuter de problèmes touchant 'le roi et le royaume'. La voix du peuple a beau être la voix de Dieu, toujours est-il que les assemblées de notables et, à fortiori, les États généraux sont des obstacles incommodes et incontrôlables. Cela déplaît foncièrement au roi de France qui règne par la grâce de Dieu et qui n'a des comptes à rendre qu'à Lui. Tous les habitants du royaume - et peu importe leur statut - deviennent des sujets du roi-'père'. Les États généraux de 1614-15 sont les derniers. Il y a encore deux assemblées de notables (en 1617 et 1626), mais elles ne changent pas la donne: la voix du peuple est étouffée. Ce n'est qu'en 1789 qu'elle se fait entendre de nouveau.