E-Book, Französisch, 226 Seiten
Grasset La vie extraordinaire de Jean-Sébastien (Tome 2)
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-40444-5
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
L'aventure en bandoulière.
E-Book, Französisch, 226 Seiten
ISBN: 978-2-322-40444-5
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Ce que le Général ne mentionne pas dans mon livret militaire, c'est que la guerre a fait de moi un autre homme... Comme elle en a transformé plus d'un, en cadavres d'abord, mais aussi en drôles de types avec la cervelle à l'envers... Je sais maintenant que la vie est dérisoire, qu'elle ne vaut rien. Elle ne tient qu'à un fil. C'est une rigolade, même dans les pires moments. Une petite balle qui passe et plus personne ! Plus rien ! Sous les décors, les décorums, sous les flonflons, il n'y a rien.
Pierre Grasset est né en Arvillard, Savoie. Après des études de lettres, il enseigna à l'Education Nationale. Puis, il fit une formation à l'université de Lyon, obtint le DESS de psychologie et fut nommé psychologue clinicien auprès du tribunal de Grenoble. Il écrivit plusieurs ouvrages en français et en savoyard, fut élu président de l'Institut de la Langue Savoyarde et devint membre titulaire de l'Académie de Savoie.
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2 ) « Dyan » de Vlâ-Béné
De m’étuèye pe rèstâ bâ dyin Vlâ-Béné. U Mont-Olyé, de me sintye solè. A Vlâ-Béné, la mézon de mon gran Carraz é vouade. L’a on moué de demorinse, de korti, on vardyé. D’i sara ézyè, é poué, léché Mont-Olyé, i rvin a triyé fou de mon keu la brâva MariZhnevyéve, shinzhé de pyô é revni « Dyan » ma dvan ! Dyin ma famelya, dyin mon vlazhe, a l’ékoula, nyon m’an jamé balyè du « DyanSéban ». E portan mon vré ptyou non « Dyan-Séban » ! Koui-tou k’an pochu me balyé on ptyou non ma sin ? Mon pâre, de krèye, lui k’âmâve bin la mozeka. E sin ke m’a de ma mâre. Vouè, mé mon pâre de l’é jamé vyu !... A la mézon, nyon étan poué fo de mozeka. Adon, « Dyan-Séban » s’é évani in poste de « Dyan ». Méme ma mâre, ma mâre ke m’âmâve é ke d’âme de teu mon keu, m’apèlâve ryin ke « Dyan ». VlâBéné me fé plézi. E on brâve pyou vlazhe, a do pâ de Pontsharrâ. La mézon du gran é u mintin du vlazhe, plasse St Blaise, juste a flan de l’églyiza avoué son klozhé ke d’âme byin. E teu vèr de to lou flan, de môle, de plane, d’ijô ke shantyon et de passon plin le rvyére !... Le vlazhe é konsakrâ a Sin-Blaise. Pe koui ? D’i sé pâ. Ma mâre me djéve in rjan : « Kinta drôla d’idé, St Blaise ! Para k’éta on vyu folinguè pardu dyin le montanye ! Ma, pe VlâBènè, d’âme myu St Bènè « U kevin de Sin-Béné, On vé yin a do, on vé fou a tra !...» 2) « Jean » de Villard-Benoît
Je me décide à descendre habiter à Villard-Benoît. Au Mont-Olier, je me sens isolé. A Villard-Benoît, la maison de mon grand-père Carraz est libre. Elle a des dépendances, des jardins, un verger. J'y serai à l’aise et puis, quitter Mont-Olier, c'est arracher de mon cœur la belle Marie-Geneviève, c’est changer de peau et redevenir « Jean » comme devant !... Dans ma famille, dans le village, à l'école, personne ne m'a jamais appelé « Jean-Sébastien ». C'est pourtant mon vrai prénom. « Jean-Sébastien » ! Qui a pu me donner un tel prénom ? Mon père sans doute qui aimait beaucoup la musique. C'est ce que m'a dit ma mère. Oui, mais mon père, je ne l'ai jamais vu !… A la maison, personne n'était fou de musique. Alors, « Jean-Sébastien » a disparu au profit de « Jean ». Même ma mère, ma mère qui m'aimait et que j'aime si tendrement, ne m'appelait que « Jean ». Villard-Benoît me plaît. C’est un joli village, à deux pas de Pontcharra. La maison du grand-père est en plein centre, place St Blaise, juste à côté de l’église avec son clocher que j’aime bien. Il y a de la verdure tout autour, des vallons, des plaines, des oiseaux qui chantent et des poissons plein les rivières !... Le village est consacré à Saint-Blaise. Par qui ? Je n'en sais rien. Ma mère me disait en riant ; « Quelle drôle d’idée, St Blaise ! Parait que c’était un vieux fou reclus dans les montagnes ! Moi, pour Villard-Benoît; je préfère St Benoît « Au couvent de Saint-Benoît, On entre deux, on sort trois !... » D’é plu nyon de ma famelya, mâleu ! Ma mâre é mourta dapoué mé de doz an, mon gran me léche sla mézon de VlâBènè ke d’âme byin é yo ke d’é tan de bon mémorinse ! U me léche avoué sa scatôla de morayon. On-na vyéya scatôla sin koleu, avoué onna kourda mâyè pe la passâ a l’épala. Dedyin : on-na paleta, on-na taloshe, on marté, on nivô, on fi plonbâ, kôke klyou, dla possa... Sakré pâre Carraz, dire k’é avoué sin k’ul a fé sa vya !... E poué, a Vlâ-Bénè, de si pa teu solè. Mou vézin son byinvènyan, d’ako pe to lou sarviche. D’é on moué d’ami. Pe mon avni, d’é d’invije teu plin la téta. In premyé, rabistokâ teuta la mézon dapoué le sarteu tan k’u poutan é rakapâ linga avoué le « Papeteries de France », yo ke de fachéve mon premyé metyé. On byô zheu, a la sortyè, de kile ma shmiza blinshe, ma vèsta bèzhe, mon pintalon né é de môde a l’inkontre de mon anchin patron. Le ptyou de Landry, dirèkteu in kapô, grin, sè, ma son pâre, é âmâ de teu le monde. Babelyu, sin fâre de gônye, ni chichi, ul é a flan de souz ouvré. Teurzheu ablyè d’on-na shmiza blinshe su lakinta dué grousse bretéle grije mantenyon on sinpitèrnèl pintalon in vèlou maron, u béte teu son monde a plan. Mé sou ju vi, se béte teurzheu juste, moutran la grind éme ke le fé tan rossi. U me recha dyin son burô avoué on plézi égarguelyè. - De si byin kontin de te var, mon garson ! U me fé achètâ. - ... La kriza de vint-nou a pâ vrémin fé d’inbyâre pe lez afâre, k’u di. L’an flèyè on pou, poué lou kmindamin son rvenu. .. Tou ke te fume ? k’u me déminde in me branlan dvan le nâ onna skatôle de « cigarillos ». - Nè, gramassi, dé-je slamin. - T’â rézon... Dyin l’uzene on a fôta de kortyon kma ta ! ... I fô dyin l’uzena invintâ, treuvâ kôkaryin de nouve, é t’é itye pe sin ! Portan, juste orè, ton poste é pâ vouade !... De sé pâ kma fâre !... Je n'ai plus de famille, hélas ! Ma mère est morte depuis plus de deux ans, mon grand-père me laisse cette maison de Villard-Benoît que j’aime bien et où j'ai tant de bons souvenirs ! Il me laisse aussi sa boîte de maçon. Un vieille boîte sans couleur, avec une corde pour la suspendre à l’épaule. Dedans, une truelle, une taloche, un marteau, un niveau, un fil à plomb, quelques clous, de la poussière... Sacré père Carraz, dire que c’est avec ça qu’il a fait sa vie !... Et puis, à Villard-Benoît, je ne suis pas isolé. Mes voisins sont conviviaux, prêts à tous les services. J'ai beaucoup d'amis. Quant à mon avenir, j'ai des projets plein la tête. D'abord, rénover la maison de la cave au grenier et reprendre langue avec les « Papeteries de France », où j'exerçais mon premier métier. Un beau jour de printemps, j’enfile ma chemise blanche, ma veste beige, mon pantalon noir et je pars rencontrer mon ancien patron. Le fils Landry, directeur en chef, grand, sec, comme son père, attire la sympathie. Volubile, sans manière, ni chichi, il est proche de ses ouvriers. Toujours vêtu d’une chemise blanche sur laquelle deux larges bretelles grises soutiennent un éternel pantalon de velours marron, il met tout le monde à l’aise. Mais, son œil vif, ses répliques judicieuses, révèlent la grande intelligence qui le fait si bien réussir. Il m'accueille dans son bureau avec enthousiasme : - Je suis bien content de te voir, mon garçon !… Il me fait asseoir. - … La crise de vingt-neuf n’a pas vraiment touché le cours des affaires, dit-il. Un fléchissement simplement, puis les commandes sont revenues… Tu fumes ? demande-t-il en me tendant une boîte de « cigarillos ». - Non, merci, dis-je simplement. - T’as bien raison… A l’usine, on a besoin de quelqu’un comme toi !… Il faut inventer, innover et tu es là pour ça ! Cependant, en ce moment ton poste n’est pas libre !... Je ne sais pas comment faire ! De kruaje lou da. Landry s’abade, vire uteur de son burô, avoué on...