E-Book, Französisch, 410 Seiten
Martin Onis
1. Auflage 2020
ISBN: 978-2-322-21646-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Les lumières d'Abak
E-Book, Französisch, 410 Seiten
ISBN: 978-2-322-21646-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Un officier rongé par les remords, un journaliste cartésien qui devient mystique, un mutant en quête d'identité, une mère et son fils adoptif cachant de lourds secrets, un clone à la beauté sulfureuse, un présentateur vedette corrompu et deux vieillards à la tête de la dissidence. Voici les héros d'Onis, un roman de science-fiction, où les personnages - et les lecteurs - devront voyager à travers l'espace et le temps pour comprendre la destruction de la prestigieuse planète Abak, planète mère de La Conjonction d'Onis.
La lecture et l'écriture ont toujours accompagné Alexandre Martin. Inspiré d'une nouvelle qu'il avait écrite à l'adolescence, l'univers féerique et sombre d'Onis a pris forme naturellement au fil des années. Les écrivains que l'auteur de 49 ans aime citer sont souvent issus de la période phare de la littérature de science-fiction, tels que les frères Boris et Arkady Strugatsky. Dans cette épopée galactique, les personnages, complexes et attachants évoluent dans un monde érudit qui s'est égaré dans d'inlassables conquêtes, sombrant dans le chaos après la destruction mystérieuse de la très convoitée planète Abak. L'auteur a créé une destinée fantastique, où les protagonistes, héros malgré eux, traitres perfides ou créatures pathétiques et courageuses doivent d'abord se reconstruire pour comprendre et agir sur un destin qui ne leur était pas dévolu.
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PROLOGUE
Conjonction d'Onis, cycle 347. Le vaisseau ravitailleur E-10-S sortit enfin de la noirceur du cosmos. Le lanceur commença aussitôt la phase orbitale du placement de la navette, où la troupe de centuriliens se tenait cachée prête à débarquer sur la planète Erames, la deuxième planète la plus massive du système Onis, après la planète Abak. « Eh ! Herman, c'est pas le moment de rêver », cria Ferki Suares à son jeune lieutenant qui observait le paysage d'un air pensif à travers la caméra-globulaire fixée à son casque. Agrippé à son icronde – programmée en mode discrétion après avoir décollé d'Upsaïs V12 – le lieutenant Ralder S. Herman admirait les lacs immenses qui s'étendaient à perte de vue. Il était frappé par les couleurs chatoyantes de vagues hésitant entre des reflets rougeâtres ou orange et qui ondoyaient dans le vent. Il ne prit pas la peine de répondre à l’interpellation de son chef à peine plus âgé que lui, et continua son observation, attendant l'ordre fatidique : prendre d'assaut la plateforme Adoleumifère de la société abakienne : la Pan Service Limited. L’assemblage de cette impressionnante structure avait été réalisé sur la terre ferme, la plateforme achevée fut ensuite transportée sur des embarcations géantes jusqu’au site. La conception de l'armature porteuse avait dû tenir compte des contraintes spécifiques liées au milieu naturel d'Erames comme les marées, les tempêtes, les courants ou les risques de corrosion liés à cet environnement, mais aussi au risque sismique, sans oublier les créatures féroces qui grouillaient dans ses lacs. Des émeutes avaient été provoquées par un groupe d'ouvriers, inspirées de celles qui avaient été lancées par deux Abakiens, les frères Ducan, Ellon et Bela, durant le cycle 317. L'un, Ellon, avait formé la dissidence sur la planète Dorium, l'autre, Bela, avait comploté sur Abak. La société avait le monopole sur l'extraction d'adoleum, une huile minérale de couleur rouge dont les composants d'origines organiques constituaient la principale source d'énergie utilisée dans tout le système onisien. Elle avait alerté l'Agence Interplanétaire de l’Énergie à l'époque, en profitant de la Deuxième Convention de La Conjonction d'Onis. Ces premières grèves dans l'histoire de la Conjonction avaient été bien vite étouffées grâce au concile ouvrier, et les meneurs les plus virulents s'étaient fait remettre aux autorités Abakiennes. Mais les travailleurs – constitués pour la plupart de prisonniers à vie – se laissèrent gagner par la ferveur des paroles des frères Ducan, toujours populaires malgré leur emprisonnement. Trente cycles plus tard, les grèves avait repris grâce à l'entrain de nouveaux ouvriers convertis au courant de pensée Véracienne. Cette mouvance congréganiste était enseignée par les frères Ducan par le biais de réseaux devenus occultes, car proscrite par les Onze Vœux onisiens qui régissaient la Conjonction. « Tavin 5 à Delta 1. Autorisation atterrissage pour E-10-S. Opération Corail enclenchée, Delta 1. Terminé. » Le capitaine Ferki Suares sursauta. Il sortit aussitôt de la torpeur qui l'avait gagné, et enclencha d'un geste machinal son icronde qui émit un léger râle métallique. Au même instant, les autres centuriliens firent le geste analogue, et l'air suffocant de la soute où se trouvaient les soldats s'emplit d'une résonance sinistre. Tous les regards convergèrent vers le jeune capitaine. La carrure impressionnante de Ferki Suares était l'unique détail qui le différenciait des trente hommes qu'il avait à son commandement pour sa seconde mission. Ils avaient tous les traits fins, et la peau cuivrée de leur visage laissait apparaître quelques marques d’acné juvénile. Tous avaient le crâne rasé sous un casque sophistiqué, dont l'avant était relié à une Globulaire contenant un petit écran. Leurs yeux noirs fixèrent Ferki quand la soute de la navette commença à s'ouvrir. Les trente soldats et leur capitaine se levèrent dans un silence morbide. Ferki dominait ses soldats d'au moins deux têtes, malgré leur taille déjà imposante. Ses deux mains recouvertes d'épais gants noirs, jouaient machinalement le long de la crosse à l'acier froid de l'icronde. De lourdes perles de sueur glissaient sur ses tempes, ce qui n'échappa pas à Ralder S. Herman qui le considéra d'un air perplexe. Quand la soute fut grande ouverte, Ferki Suares prit une profonde respiration, et sans l'ombre d'une hésitation ordonna à ses centuriliens derrière lui : « Silence total... En avant ! » Il montra l'exemple en sautant d'un mouvement léger sur le sol grisâtre de l'enceinte pressurisée, où les premiers prestataires indépendants avaient été logés. A cette époque, ils étaient encore des travailleurs libres employés par la Pan Service Limited. Utilisée dorénavant pour stocker les produits chimiques additifs servant à l'élaboration des matériaux de constructions, l'enceinte était plongée dans le noir. Les centuriliens allumèrent la torche de leur Globulaire afin de se déplacer sans problème. Ils progressèrent d'un pas lent et assuré, identifiant en silence les pièces où ils entraient par petits groupes de cinq. La troupe progressait dans la colonie, où, au commencement, mille travailleurs s'étaient relayés pour construire la plateforme flottante. Elle servait à l'exploitation de champs adoleumifères que l'on détectait par des forages de reconnaissance dans les grands fonds des lacs supérieurs à trois cent points. Ce genre de structure transformait l'adoleum extraite pour faciliter son transport. Cette installation de catégorie PP ou Plateforme de Production était conçue sans logement, aussi il avait été prévu une colonie sur la terre ferme, où s'établiraient quatre cent vingt-cinq résidents grassement payés pour une durée d’exploitation d'environ vingt cycles. La surface d’habitation privative dans la colonie était composée d'un lit pour deux résidents, et la surface cultivée alimentaire était fixée de soixante à quatre-vingt-dix point2par résident. Pourtant il avait été constaté par les promoteurs qu'il était plus avantageux d’importer certaines denrées alimentaires ou certaines pièces de structure légère à l’élaboration complexe, comme par exemple des renforts en composite, dans les cas où, bien sûr, le tonnage restait limité. Le nombre de vols aller par cycle synodique était de six, ainsi le rythme de vie sur la colonie s'était installé d'une manière naturelle et bien organisée, jusqu'aux premières morts mystérieuses qui se produisirent durant l'acheminement de la plateforme sur le plus grand lac d'Erames appelé le Lac Rouge de Casgane. Ferki Suarez menait ses hommes vers les habitations privatives où avaient été signalé par les équipes de sécurité les rassemblements des meneurs de grèves. Tout en avançant à pas silencieux, il revit les images prises du rapatriement, il y a deux cycles, par la Pan Service Limited des corps déchiquetés des prestataires attaqués par les monstres marins de Casgane. Ces créatures avaient pris l'habitude de roder autour des pieds de la structure qui s'enfouissaient sous cent vingt-cinq points de profondeur. Prenant de plus en plus d'audace, elles remontaient à la surface, intriguées par les résonances qui émanaient du dessus. Les monstres se jetaient alors sur quelques travailleurs imprudents qui s'aventuraient sur la structure porteuse, pour les emporter dans les profondeurs du lac. Des reportages avaient été diffusés dans Informashow, l'émission abakienne la plus regardée de toute la Conjonction. Encore aspirant, Ferki Suares était tombé sur une rediffusion d'un documentaire sur ces monstres marins d'Erames. Il avait visionné le reportage d'un œil distrait dans sa chambrée, mais resta longtemps marqué par les images choquantes des corps démembrés de ces pauvres travailleurs, filmés sans état d'âme par les médiateurs d'informashow, dès leur rapatriement sur Abak. Bientôt, plus aucun résident ne voulut rester sur Erames, et encore moins travailler sur la plateforme. Les actionnaires de la Pan Service Limited décidèrent alors d'utiliser des...