Meyer | Prison : les racines du mal | E-Book | sack.de
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E-Book, Französisch, 304 Seiten

Meyer Prison : les racines du mal


1. Auflage 2020
ISBN: 978-2-322-22870-6
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

E-Book, Französisch, 304 Seiten

ISBN: 978-2-322-22870-6
Verlag: BoD - Books on Demand
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Voilà l'envers du décor que l'on ne voit pas derrière ces hauts murs de la prison.

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Fresnes
C’est une maison d’arrêt de plus de trois mille détenus. Plus vétuste que ça tu meurs. Je ne trouve pas les mots pour vous décrire cet endroit. On te parque comme des animaux. Les peintures des cellules se résument au noir de fumée que les détenus en fabriquant leur chauffe avec des boîtes de conserve et de l’huile pour avoir de l’eau chaude, pour le café. Quand tu fais une belle chauffe, avec les matières que tu trouves, tu la mets sur le rebord de la fenêtre pour pouvoir te faire des œufs durs ou aux plats. Car oui on te vend, toute sorte d’aliments pour faire la cuisine, mais toutes les casseroles et les plaques chauffantes sont interdites. La France n’a rien à envier aux pays sous-développés, car elle-même en est un. Et dans cette prison, tu peux y rester dix-huit mois en attendant que ces dames ou messieurs remplissent un simple papier pour ton affectation. Car rien ne se fait sans passer par Fresnes. Rendez-vous compte, tout ce pognon que cela coûte au contribuable, ce n’est pas le détenu qui coûte cher, mais la connerie humaine. À mon avis on devrait t’affecter directement après ta condamnation. Et selon les places disponibles au plus près de ta famille, tu devrais être affecté. Ne pas te parquer dans toutes les prisons de France comme cela en est encore le cas de nos jours. À Fresnes, ce qui m’a épaté c’est leur cantine. Avec autant de détenus, ils arrivent à te livrer deux fois par semaine, toutes les cantines faites dans la même semaine. Les bâtiments sont immenses les cellules à perte de vue, pourtant ils y arrivent. Je vous dis cela, car plus tard je vous parlerai de la prison où je me trouve aujourd’hui et qui bientôt je vais quitter. Je me suis vu, affecté après tant et tant d’années à la centrale de Ensisheim. Pour moi c’était la cerise sur le gâteau, car j’étais chez moi. Et je me suis vite installé. On m’a demandé si j’avais envie de travailler j’ai répondu oui. Et les pauvres, ils m’ont classé à la cuisine. Pour moi, c’était le paradis, enfin, on a commencé par nos propres plats aux frais de l’administration. Car tout était sous clef. Dans un premier temps, on a fabriqué un petit passepartout et comme le week-end on était seul dans la cuisine, on a commencé à leur ouvrir les cadenas des chambres froides. On tapait dans la viande, dans les fromages, bien sûr sans oublier l’armoire du chef. Dans celle-ci, il y avait toutes les épices. Le rhum pour les pâtisseries, le vin rouge et blanc pour les sauces. Souvent, les bouteilles étaient vidées de leur moitié et remplacées par de l’eau. C’était nous les boss de la cuisine. J’en rigole encore aujourd’hui. Quand le lundi matin, le surveillant des cuisines nous servait dans nos cafés une goutte de rhum pour nous récompenser du bon travail. Mais le pauvre, à aucun moment, il ne pouvait se douter qu’on avait des fois plus d’alcool dans nos cellules que lui dans tout son placard. Je crois qu’il fermait volontairement les yeux sur ces épisodes, car on s’occupait bien et surtout motivés pour rendre les repas plus agréables pour les codétenus. Il était content de notre travail. D’ailleurs aujourd’hui encore, si vous allez sur YouTube et vous tapez cauchemar en cuisine à la centrale de Ensisheim, vous allez automatiquement tomber sur ma tronche. Car à l’époque, une équipe de télévision était venue pour sept jours filmer l’incarcération. Ils étaient là jour et nuit. Et c’est de là qu’il y a ce film sorti sur You tube. Cette prison était tenue par une directrice, qu’aujourd’hui je ne peux que dire que du bien de cette femme. Car bien sûr, elle était là, pour nous garder, mais seulement à la différence des autres, elle était très humaine et ne se laissait pas mener par le bout du nez par le syndicat des surveillants. On lui avait demandé, en l’an deux milles de pouvoir créer un club vidéo à l’intérieur des murs. Elle a obtenu l’autorisation du ministère de la Justice. On a demandé de pouvoir filmer tout ce qu’il était utile pour faire un film qu’on allait plus tard projeter à l’extérieur de la prison. C’est de là qu’une charmante femme de FR3 Alsace, c’est proposer de venir à notre rencontre les vendredis après-midi pour nous apprendre le manipulât des caméras et surtout le montage sur ordinateur. C’était vraiment riche d’informations et cela nous a permis d’emmagasiner le savoir-faire. Nous avons donc fait un film « Trouble peine » en est le titre. Ce film a été primé au festival de Valence. Nous n’avons pas pu assister à la projection, mais l’éducateur de l’époque avait pu assister à la projection avec FR3 Alsace. Et ensuite, il a été diffusé sur la chaine ARTE. Mais j’ai appris par la suite que lors de ma libération, la pénitentiaire syndiquée est intervenue pour que les caméras ne puissent plus être en circulation dans l’établissement. Dommage, car cela avait été tellement culturel et bénéfique pour la réinsertion et notre temps quant à lui, était mis à bonne contribution. Le temps n’a pas de valeur, il n’est ni d’or ni d’argent, qu’il s’affiche sur une montre en diamants ou au poignet d’un mendiant, le temps nous amène lentement vers la sagesse et nous fait réaliser qu’il est juste précieux. La prison n’est pas une solution, on ne soigne pas le mal par le pire. Ici l’Homme n’est plus qu’un numéro, son crime, son délit, lui tient lieu d’identité. 8 heures pour vivre ou survivre, quelques 120 minutes de sortie par jour, ta vie ne t’appartient plus. Tu n’existes plus ou si peu… Toutes les décisions sont administratives, c’est la machine qui décide, une justice qui punit, ce n’est pas la même justice. C’est lorsque l’on est dedans que l’on se rend compte à quel point la prison est injuste, un espace de non-droit. Se battre pour rester en contact avec la réalité du dehors se battre pour trouver tous les jours la force de se lever et trouver du soleil dans cet univers gris et froid. Prison de non-droit, jungle en vase clos, cloaque de la misère humaine, boîte de pandore qui a tant de mal à maintenir en gage le revers de notre société, son côté pile, son côté glauque, son côté ombre, une prison est l’impasse totale d’horizon. Pour moi, cela, c’est un passé que j’ai du mal à assumer, l’espoir, ce mot je l’ai banni, mais vous pourriez, dans le doute, vous demander si la justice est légitime puisqu’elle enferme les Hommes dans un espace de non-droit. Puisqu’elle a besoin pour siéger de cette mise en scène, de ce théâtre qui est aussi important que le ridicule de cette pompe imposante qui prouve bien qu’aucun juge vêtu de sa robe n’est véritablement pas certain de la réalité, de sa crédibilité, vous pourriez vous demander si les dés n’étaient pas jetés à l’avance, si vous n’étiez pas de toute façon le mauvais exemple comme la vermine, le cancer. Qui vole une poule, vole un œuf. Les hommes ont tant besoin de se rassurer, de penser que le mal ne les concerne pas, qu’il est en dehors d’eux-mêmes et pour éviter d’assumer leur part de responsabilité qui est dans le grand partage du mal universel. Ils l’ont incarné en ange noir. Ils se déguisent en juges ou en avocats. Ils l’ont pourvu de cornes, de poils et de pieds fourchus. Ceux qui évoquaient l’univers des camps de la Seconde Guerre mondiale, cet univers cellulaire je l’exprime dans le chant de la condition humaine. La vie humaine entre la terre et le ciel est tout au bord de la porte de l’enfer, celle du détenu qui affronte la violence et la haine, celle de la justice qui écrase et révolte parce qu’elle semble apporter une bien mauvaise réponse à la misère humaine. Moi, je visais tout simplement à essayer de faire changer le regard porté par l’homme de la rue sur le portrait de l’homme emprisonné. Rappelez que l’homme reste un être humain même lorsqu’il a franchi les limites de l’inhumanité, pour briser enfin ce mur de silence et de tabou qui nous pousse les uns et les autres à ne pas regarder ce qui nous gêne. À nous convaincre qu’au-delà de la privation de la liberté qui...



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