E-Book, Französisch, 288 Seiten
Thery Voyages en quête de sens
1. Auflage 2023
ISBN: 978-2-322-52729-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Transformez vos voyages d'affaires en découvertes culturelles !
E-Book, Französisch, 288 Seiten
ISBN: 978-2-322-52729-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Les conseils prodigués au voyageur d'affaires sont peu nombreux : prendre avec la plus grande considération la carte de visite de votre interlocuteur japonais, ne jamais faire perdre la face à un Chinois, comprendre l'insolite dodelinement de la tête indien... Brefs raccourcis pour des civilisations millénaires ! Pourtant, la perspective du voyageur d'affaires permet une compréhension authentique d'une culture car les activités économiques sont au coeur du vivre ensemble. Mes déplacements d'affaires se sont progressivement transformés en un voyage initiatique à la découverte de l'âme des pays visités. Je recommande de plonger dans une nouvelle culture sans idées reçues, elles gâchent le plaisir de la découverte, pour s'amuser de ces petits riens qui en font la particularité. C'est pourquoi j'ai souhaité émailler mon récit d'anecdotes ou d'échanges survenus au gré des circonstances, mais qui se révèlent, souvent des clés de compréhension utiles. Ainsi, un premier contact avec la culture du pays vous est proposé dès votre arrivée à l'aéroport de destination. La démarche administrative, à première vue banale, de passage des douanes est riche d'enseignement sur cette dernière... Les cultures traditionnelles des pays émergents sont aujourd'hui confrontées au choc de la mondialisation. Les artistes contemporains de ces pays sont alors une précieuse source de compréhension de l'évolution de ces sociétés : en Chine pour repenser la place de l'individu dans la société, en Ukraine pour réfléchir aux conséquences de l'omniprésence de la violence, ou encore, dans le monde musulman pour repenser la place de la religion dans la société. Laurent Théry est né en 1966. Il a dirigé le développement international d'un grand groupe énergétique français. Son parcours l'a amené à voyager dans de nombreux pays.
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Introduction
J'aime me plonger dans une nouvelle culture sans idées reçues, elles gâchent le plaisir de la découverte, pour m'amuser de ces petits riens qui en font la particularité. Je baignais dans ma jeunesse dans les récits des voyageurs de la famille qui, lors des grandes vacances d’été, de retour de destinations lointaines, racontaient les événements de l’année écoulée au cercle familial. J’imaginais des univers que je reconstituais en liant entre elles les différentes anecdotes contées lors de longues après-midis quand, écrasés par la chaleur de l’été dans la Drôme, nous nous réfugions sous les tilleuls de la maison. Ma curiosité pour la découverte de ces univers lointains prend certainement son origine dans ces récits. Jamais ce retour annuel n’était remis en cause. J’étais également surpris du caractère casanier de nos grands voyageurs de retour au pays. Seuls quelques promenades ou visites de villages avoisinants qui devenaient nos rites de l’été. L’activité estivale était la plus villageoise possible alors que nous parlions toutes les après-midis de destinations lointaines et exotiques. Puis, mon tour est arrivé, j’ai alors reçu les quelques conseils prodigués au voyageur d’affaires dans les grandes entreprises internationales : prendre avec la plus grande considération la carte de visite de votre interlocuteur japonais, ne jamais faire perdre la face à un asiatique, ne pas arriver en retard en réunion en Allemagne, ne pas s’épancher sur votre vie personnelle avec un anglais… Brefs raccourcis pour des civilisations millénaires. Un guide des cultures, destiné à mon propre usage, m’a semblé nécessaire. Lors d’une exposition à la BNF, une première clé de compréhension m’est apparue pertinente pour démarrer cette entreprise. Celle-ci retraçait l’évolution de notre connaissance géographique du monde à travers les portulans, ces cartes marines illustrées, en usage à l’époque des grandes découvertes. Ces dernières peuplaient encore les confins du monde connu, « terra incognita », de créatures, mi-animales mihumaines : Sirènes, mi- femme mi-oiseau, dans les mers de l’Inde ; griffons, à corps de lions et à têtes d’aigles ; dragons à l’extrémité orientale de l’Asie. Le cartographe s’arrogeait même la liberté de faire figurer le Paradis terrestre sur ces dernières qu’il a situé, opportunément, à l’extrémité orientale, la plus lointaine, du monde habité. Le lointain Orient inspire toujours la quête spirituelle en Occident. Les hindous, pour leur part, ont situé le lieu de la réincarnation à l’extrême Ouest de leur monde, dans les îles Canaries. Le mystère s’accommode fort bien de l’éloignement. La carte du monde de Ptolémée, reconstituée au 15ème siècle, recense l’ensemble des connaissances géographiques de l’Antiquité, publiées dans son œuvre de la Géographie. Le monde de Ptolémée s’étend de l’Ecosse à l’Inde. Alexandre le Grand a réussi son rêve de relier l’Occident et l’Orient en permettant la reconnaissance mutuelle des deux mondes dès l’antiquité. Ces premières cartes s’enrichissent progressivement avec les grandes découvertes. Une autre exposition, au musée Guimet, présente les cartes du monde produites par la Chine antique. Elles situent tout naturellement ce pays au centre du monde. Les autres continents, de bien plus petites dimensions, sont représentés aux marches de l’Empire céleste. Les cartes nous instruisent ainsi tout autant sur nous-mêmes que sur nos connaissances des ailleurs. Il faudra attendre Matteo Ricci, en 1602, pour compléter une première carte du monde proche de notre représentation actuelle grâce à l’agrégation des connaissances géographiques occidentale et chinoise. Ses interlocuteurs, des lettrés chinois, sont alors consternés par les dimensions réduites de la Chine à l’échelle du monde. Le cartographe n’est que le scribe du voyageur. Ce dernier part à la recherche d’un ailleurs, en quête d’aventures, et revient chargé d’expériences, de souvenirs, de quelques détails topographiques permettant de retracer précisément un lieu sur une carte. La tâche du cartographe est alors de transcrire ces découvertes, en s’inscrivant dans une longue tradition de recueil écrit des savoirs, pour repousser les frontières de l’inconnu. Le voyage nous entraîne toujours vers un inconnu beaucoup plus vaste qu’anticipé et nous amène ainsi à un agrandissement du monde connu. Je pense nécessaire de préserver la possibilité de l’inconnu dans notre représentation du monde pour autoriser la prochaine quête d’un lointain. Le symbole joue ce rôle-clé de frontière en représentant avec une concision extraordinaire un concept, le plus souvent à l’aide d’une image saisissante, la limite du connu, telle une porte qui s’ouvre sur l’inconnu, sur le réel au-delà de notre connaissance. « Il y eut un temps où le voyage confrontait le voyageur à des
civilisations radicalement différentes de la sienne et qui s’imposaient
par leur étrangeté. Voilà quelques siècles que ces occasions deviennent
de plus en plus rares…on se donne surtout la liberté de préférer telle
date de pénétration, tel rythme d’envahissement de la civilisation
mécanique à tels autres. » Tristes tropiques. Claude Lévi-Strauss Dans un monde de plus en plus peuplé, la notion de voyage évolue. Déjà les vidéo-conférences réduisent les déplacements physiques pour le plus grand bien de la planète. Les voyages de demain feront appels au virtuel par nécessité. Quand je visitais les temples de Tana Loth à Bali et de Tulum au Mexique dans les années 1990, j’étais quasi-seul sur les sites. Vingt ans plus tard, une myriade de bus emmènent des hordes de touristes dans des villages de boutiques installés à proximité des sites, des chemins sont balisés pour éviter la destruction inévitable des sites par ce nombre considérable de visiteurs. La Galerie des glaces du château de Versailles ressemble de plus en plus à un métro à l’heure de pointe ! Allons-nous perdre l’accès au réel pour permettre la préservation écologique de la planète ? Le voyage se transforme profondément avec la création de grands « Disneyland » proposant des parcours touristiques de plus en plus standardisés dans nombre de pays. Le voyage est devenu un objet de consommation de masse, produisant un imaginaire stéréotypé, pour mieux satisfaire un désir d’exotisme. La résistance, pourtant, s’organise avec l’échange de précieux conseils entre voyageurs en recherche d’un ailleurs encore préservé sur des destinations encore authentiques : « le Myanmar ne s’est pas encore ouvert au tourisme asiatique de masse, il faut absolument y aller car cela sera trop tard dans trois ou quatre ans,…L’Albanie conserve de petits ports de pêche traditionnels à ne pas manquer…Kiev reste une ville à découvrir avec ses églises orthodoxes classées au patrimoine mondial de l’UNESCO mais sans touristes pour l’instant…éviter Bali pour aller dans d’autres îles indonésiennes plus lointaines… ». Nous avons perdu en exotisme : l’avion, au contraire des modes de transport plus lents comme le train, vous projette en quelques heures dans une nouvelle géographie. Il s’agit en quelque sorte d’un sas, les équipages utilisent, d’ailleurs, le terme de machine pour désigner l’avion, où vous errez le plus souvent perdu dans une immensité de ciel bleu au-dessus et un grand manteau blanc recouvrant la terre. « J’imaginais cet immense piège blanc étalé, là, sous mes pieds.
Audessus ne régnaient, comme on eût pu le croire, ni l’agitation des
hommes, ni le tumulte, ni le vivant charroi des villes, mais un silence
plus absolu ou encore une paix plus définitive. Cette glu blanche
devenait pour moi la frontière entre le réel et l’irréel, entre le connu et
l’inconnaissable. »
Saint-Exupéry, Terre des hommes Parfois, vous avez la...