E-Book, Französisch, 2506 Seiten
Allais Oeuvres complètes d'Alphonse Allais
1. Auflage 2020
ISBN: 978-2-322-23912-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 2506 Seiten
ISBN: 978-2-322-23912-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Découvrez les oeuvres complètes d'Alphonse Allais. Un auteur à l'humour acerbe et décalé dans cette édition inédite. Au total, 39 titres célèbres comme à se tordre, 2 et 2 font 5, l'affaire blaireau, pour cause de fin de bail, vive la vie, plaisir d'humour, le capitaine cap, ne nous frappons pas, l'arroseur, le bec en l'air,... ainsi que bien d'autres oeuvres moins connues de l'auteur.
A 17 ans, reçu bachelier des sciences, Allais devient stagiaire à la pharmacie paternelle, où ses expériences, ses faux médicaments et ses conseils farfelus se révèlent peu du goût de son père. Celui-ci l'envoie donc travailler dans une pharmacie de Paris, où ses fréquentations extra-estudiantines ont raison des projets paternels. Alphonse Allais participe alors à toutes les initiatives drôles et à tous les groupes fantaisistes : Hydropathes (1878-1880), Chat noir (1881-1897). .. Il débute d'ailleurs comme collaborateur au journal Le Chat noir et en devient par la suite rédacteur en chef. Ses oeuvres courtes, écrites au rythme d'une par jour, sont reprises dans des recueils 'A se tordre' (1891), 'Ne nous frappons pas' (1900) et 'Le Captain Cap' (1902) qui deviendra son personnage le plus célèbre. Alphonse Allais est connu et reconnu aujourd'hui pour son humour qui repose sur la logique de l'absurde.
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VIVE LA VIE
VIVE LA VIE
Avis au lecteur
En dehors du plaisir que j’éprouve à embêter les mânes de Schopenhauer, je publie ce volume dans le but exclusif de me procurer quelques ressources Je serai donc reconnaissant aux gens, non seulement d’acheter Vive la vie ! mais encore d’en conseiller l’acquisition à leurs amis et connaissances L’AUTEUR
À Montjoyeux
VIVE LA VIE
La fin d’une collection
On se rappelle la fâcheuse aventure de ce collectionneur d’objets macabres, funèbres et criminalistes dont la plus belle pièce ? le faux col d’une victime célèbre ? fut lavée, empesée, repassée par une chambrière zélée, mais peu documentaire Pareille aventure arriva, voilà tantôt quelques années et même un peu plus, à un vieux gentilhomme que je connaissais, et qui s’appelait le marquis de Bois-Lamothe Un rude homme dans son temps que le marquis ! Riche, solide, beau gars, inlassable trousseur de jupes, craignant pas Dieu et camarade du diable, Bois-Lamothe était la terreur de tous les maris des voisinages Je dis des voisinages, au pluriel, car le marquis, alors grand propriétaire foncier en même temps que nature frivole et baladeuse, changeait de voisinage comme de chemise Hélas ! on ne peut pas être et avoir été, comme l’a si bien observé Francisque Sarcey, notre oncle à tous Le marquis de Bois-Lamothe avait vieilli, ses anciennes bonnes amies aussi D’hypothèques en licitations ( ?), les biens domaniaux du marquis s’étaient envolés aux quatre vents des enchères publiques Ses écus avaient tellement sonné qu’une aphonie cruelle s’en était suivie, et tant trébuché que l’œil le plus exercé n’en trouvait plus trace, hormis pourtant dans la bourse des autres Seul, un vieux petit bien patrimonial s’était conservé intact, trop intact même, car depuis vingt ans nul jardinier n’en avait foui le sol et nul bûcheron attenté à la hautaine poussée des châtaigniers héraldiques Revenu de tout, solitaire, le marquis s’était un beau jour découvert, en son vieux cœur parcheminé, une fibre fraîche, une fibre toute neuve qui vibrait maintenant comme toute une florissante manufacture de harpes Bois-Lamothe avait été pris de la manie, de la rage, du délire de la collection Et la drôle de collection ! Le marquis collectionnait les haricots écossés Ceux de mes lecteurs qui ont été à la campagne savent ce que c’est que des haricots (quant aux autres, je n’écris pas pour eux Qu’ils se le tiennent pour dit, une fois pour toutes) Imaginez-vous 4500 haricots dont les plus semblables hurlaient encore ? pour l’œil d’un amateur ? de disparatisme Il y en avait des blancs, des noirs, des bleus, des rouges, des violets Il y en avait des rayés, des chinés Il y en avait même des jaune et violet, des bleu et orange, des rouge et vert Ce n’étaient plus des haricots, c’était une polychromie à damner Antonin Proust Cette collection, que Bois-Lamothe savait par cœur, à un spécimen près, et qu’il aimait comme une seconde famille, était contenue tout entière dans un vaste saladier, tout prêt à déborder Et chaque matin, le marquis se disait, dans la langue du grand siècle : « Faudra pourtant que je la classe ! Faudra pourtant que je la classe ! » Mais chaque soir tombait sur la plaine sans qu’elle fût classée, la précieuse collection C’était par une radieuse matinée de printemps Bois-Lamothe venait de sortir avec son vieux chien et son vieux fusil pour tuer de jeunes lapins Peu après, la cloche rouillée du château rendit des sons, des sons voilés, déjà pas trop agréables en eux-mêmes, mais rendus plus inhospitaliers encore par le grincement discourtois de la tringle oxydée Une manière de vieille servante, vilaine, mais extraordinairement malpropre, et parlant le français comme si elle avait été élevée dans un pensionnat de vaches espagnoles, vint ouvrir : ? Qui qu’c’est que vous voulez ? ? Monsieur le marquis de Bois-Lamothe ? Il est pas là ? Va-t-il rentrer bientôt ? ? Je sais-t-y, moi ! Je sais-t-y ! Devant cet accueil contestable, les visiteurs prirent le parti de pénétrer : ? Je suis le neveu de M de Bois-Lamothe, dit le monsieur, et voici ma femme Nous attendrons mon oncle au château La marche, le grand air avaient sans doute donné de l’appétit aux visiteurs, car la jeune femme s’écria : ? Si on préparait le déjeuner, en attendant ? Consultée, la vieille petite servante leva au ciel ses vieux petits bras, marmottant son éternel : Je sais-t-y, moi ! Je sais-t-y ! La nièce du marquis prit alors un ton d’autorité : ? Allez me chercher des œufs ! Tordez le cou à un canard ! Et plus vite que ça ! Puis, furetant dans les appartements, elle découvrit le fameux saladier aux haricots Alors se passa un fait, probablement unique dans l’histoire des collections La jeune femme fit cuire la collection Quand la collection fut cuite, la jeune femme la fit égoutter soigneusement Ensuite la jeune femme mit la collection dans une poêle avec du beurre et de l’oignon coupé en tranches minces Tout de suite, l’antique castel des Bois-Lamothe sentit bon Le feu clair léchait la poêle qui chantait la vie, qui chantait l’amour, qui chantait la gloire Justement le marquis rentrait Je laisse à deviner les bonjour mon oncle qui accueillirent le vieux gentilhomme Le couvert était dressé On servit une bonne omelette au lard, et puis un bon canard, et puis Et puis Et puis les haricots ! Bois-Lamothe ne s’y trompa pas une seconde Il reconnut ses haricots blancs, ses noirs, ses bleus, ses rouges, ses violets Il reconnut ses haricots jaune et violet, bleu et orange, rouge et vert Le marquis se leva tout droit, battit l’air de ses grands bras secs et s’effondra en arrière sur une vieille pendule Louis XIII, qui n’avait sûrement pas marqué vingt minutes depuis Henri IV Il était mort Moralité : Blaguez les collectionneurs tant que vous voudrez, mais ne leur faites jamais manger leur collection, même à l’oignon
VIVE LA VIE
Chigneux
Quand on découvrit un beau matin ? beau ? ? monsieur le baron Coudeuil de Travers, assassiné dans son petit bois des Bistoquettes, la rumeur publique fut unanime à désigner comme coupable le nommé Chigneux (Jules-César) Ce Chigneux était un paysan, ni propriétaire, ni fermier, ni journalier, ni commerçant, ni industriel, ni rien du tout On l’accusait d’équilibrer son maigre budget grâce à des virements portant de préférence sur les légumes d’autrui et les lièvres circonvoisins, le tout mijoté sur du bois mort ? ou vif ? rarement facturé Devant les graves imputations de la rumeur publique, Chigneux prit des airs innocents qui changèrent les doutes en certitudes, car, ainsi que l’a fait si judicieusement observer l’éminent jurisconsulte Bérard des Glajeux, dès qu’un prévenu prend des airs innocents, tenez pour certain qu’il est coupable Le brigadier de gendarmerie procéda à une enquête qui ne prouva pas grand-chose et à une perquisition qui ne découvrit rien du tout Après avoir mis sens dessus dessous les modestes meubles et l’inconfortable literie de Chigneux, les gendarmes allaient se retirer quand ce dernier eut la malencontreuse idée de leur décocher la facétie du Parthe Désignant son pauvre intérieur dévasté comme par un tremblement de terre : ? Et l’on prétend, ricana-t-il, que vous êtes les représentants de l’ordre Chigneux avait raté là une belle occasion de se taire Estimant qu’une blague en vaut une autre, le brigadier se retourna et frappant de la main une superbe peau de lapin accrochée à une solive extérieure et séchant au soleil : ? Combien que tu l’as payé au marché, celui-là ? Cette simple allusion à un léger délit de chasse perdit Chigneux, dont la physionomie revêtit à l’instant une teinte terreuse ? ce qui, chez les campagnards mal tenus est la façon de devenir pâle Subitement illuminé par la lividité de Chigneux, le brigadier introduisit dans la peau de lapin une main fureteuse Il en sortit successivement un bouchon de paille, un portefeuille contenant quelques papiers de M Coudeuil de Travers, un porte-monnaie muni d’une centaine de francs, et enfin une montre aux armoiries et initiales du feu baron Si vous vous imaginez que Chigneux fut le moins du monde interloqué par cette extraction, je vous engage à rayer cela de vos tablettes Chigneux fut indigné tout simplement ? Ah ! nom de Dieu de bon Dieu de tonnerre de Dieu ! s’écria-t-il, si je connaissais le bougre de galvaudeux qui est venu me foutre tout ça dans ma peau de lapin ! En beaucoup moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, et sans qu’on prêtât la moindre attention à sa colère, Chigneux fut menotté et incarcéré à la prison de Caen À l’instruction, Chigneux changea ses batteries Il avouait, maintenant, sans avouer Eh bien ! oui, c’était lui qui avait tué le baron, mais pas pour le voler,...