E-Book, Französisch, 159 Seiten
Bernède Le Fantôme du Père-Lachaise
1. Auflage 2019
ISBN: 978-80-268-9993-8
Verlag: e-artnow
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 159 Seiten
ISBN: 978-80-268-9993-8
Verlag: e-artnow
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Dans ce roman le fameux détective 'Chantecoq' est au centre de l'action. 'Chantecoq', surnommé le 'roi des détectives', se remarque pour son goût des déguisements, son esprit de déduction et son sens du théatre. On le retrouve dans toute une série d'enquêtes dont 'Belphégor' est la plus connue. Les 17 romans d' Arthur Bernède où apparaît Chantecoq sont: Coeur de Française (1912); L'Espionne de Guillaume (1914); Cocorico !... (1916) (Chantecoq, 1); L'Homme qui sourit (1916) (Chantecoq, 2); La Chasse aux monstres (1916) (Chantecoq, 3); On les a !... (1916) (Chantecoq, 4); Belphégor (1927); Le mystère du train bleu (1929) (Nouveaux exploits de Chantecoq, 1); La maison hantée (1929) (Nouveaux exploits de Chantecoq, 2); Le crime d'un aviateur (1929) (Nouveaux exploits de Chantecoq, 3); Zapata ? (1929) (Nouveaux exploits de Chantecoq, 4); L'ogre amoureux (1929) (Nouveaux exploits de Chantecoq, 5); Le fantôme du Père Lachaise (1929) (Nouveaux exploits de Chantecoq, 6); Condamnée à mort (1929) (Nouveaux exploits de Chantecoq, 7); Le tueur de femmes (1929) (Nouveaux exploits de Chantecoq, 8 ); La Fille du diable (1931) et Vampiria (1933). Arthur Bernède (1871 - 1937), est un romancier populaire français. Auteur très prolixe, il a créé plusieurs centaines de personnages romanesques, dont certains, devenus très célèbres, tels que Belphégor, Judex et Mandrin, ont effacé leur créateur. Il a également mis en scène Vidocq, inspiré par les exploits de ce chef de la Sûreté haut en couleurs. Il est également connu sous les noms de plume de Jean de la Périgne et de Roland d'Albret.
Autoren/Hrsg.
Weitere Infos & Material
Chapitre II : L’assaut.
Après avoir laissé sa victime exprimer son chagrin par des larmes et des sanglots, qui auraient dû attendrir le cœur le plus endurci, sir Jack Sorett allait poursuivre ses attaques avec la ruse et la duplicité qui le caractérisaient.
Il s’était assis sur une chaise tout près du fauteuil sur lequel Michèle était effondrée et s’était emparé de la main de la jeune femme, qui sans défense et sans méfiance encore, la lui avait abandonnée. Et, tout en la gardant entre les siennes, il reprenait d’un ton doucereux :
— Vous me voyez désolé au-delà de toute expression.
« Quand je pense que c’est moi qui ai fait pleurer ces beaux yeux et qui ai bouleversé de douleurs votre âme tout à l’heure si claire !
« Ah, si j’avais su, je n’aurais pas cédé au désir que m’exprimait votre mari ; je lui aurais laissé le soin de vous prévenir lui-même de la catastrophe.
« Non vous ne pouvez vous imaginer à quel point je suis bouleversé par votre peine ; je ne croyais vraiment pas m’attacher à vous à ce point ; et je suis navré, tout à fait navré.
« Si je trouvais le moyen de vous consoler, ou tout au moins d’apaiser votre chagrin, de l’atténuer, même, j’en serais heureux, très heureux ; mais je le sens bien, hélas ! que, quand à présent au moins, cela m’est impossible ; je ne saurais pas trouver les mots qu’il faut, et pourtant je les pense, mais je ne suis qu’un financier, qu’un homme d’affaires, et si, comment on le dit, sous ma rude écorce je cache un cœur sensible, beaucoup plus sensible même qu’on l’imagine, je ne sais pas extérioriser mes sentiments, non, je ne sais pas.
Michèle, instinctivement, reprit sa main ; car elle avait senti augmenter la pression de celles du milliardaire ; et bien qu’elle ne soupçonna pas ses intentions aussi inavouables qu’inavouées, elle commençait à éprouver une certaine gêne de sentir à ses cotés, en un moment pareil, un homme qui, somme toute, n’était pour elle qu’un étranger.
Feignant de se méprendre sur ce geste, l’Américain s’écriait :
— Vous m’en voulez !… J’aurais dû me taire. Mais il me semblait qu’au contraire c’était pour moi un devoir de vous prévenir ; car, en même temps que je vous ai apporté la douleur, je vous apporte aussi peut-être le réconfort.
Michèle hocha douloureusement la tête, comme si elle voulait exprimer par là qu’elle était absolument incapable de se laisser aller à la moindre espérance ; mais Jack Sorett était la ténacité même. Aussi continua-t-il :
— Permettez-moi de vous dire avec toute la respectueuse affection que vous m’avez inspirée, que vous avez tort de vous laisser aller à un découragement pareil… Je vous croyais beaucoup plus énergique et je me suis trompé ; mais il s’agit de vous ressaisir, je veux vous y aider, car autant je suis décidé à me désintéresser entièrement de votre mari, autant je suis disposé à vous dédommager de tout le chagrin que, bien involontairement, je vous ai causé.
« Vous me comprenez, n’est-ce pas ?
— Non, monsieur, répliquait la comtesse, je ne vous comprends pas du tout.
— Alors, je vais m’expliquer. Tout d’abord, je dois vous poser une question extrêmement délicate, mais que vous me pardonnerez certainement en faveur des motifs qui me l’inspirent.
« Aimez-vous vraiment, sincèrement votre mari ?
Révoltée, la jeune femme se redressait en disant :
— Comment pouvez-vous me demander une chose pareille au moment où je me désole sur son malheur beaucoup plus que sur le mien ?
Et elle martela, d’une voix que ne brisaient plus les sanglots mais que faisait vibrer l’amour qui était en elle :
— Oui je l’aime de toutes mes forces et de tout mon être ! Je l’aime encore plus depuis que je le sais abattu, et la pensée qu’il souffre en ce moment, qu’il va passer des heures redoutables, terribles même, ne fait que m’attacher à lui davantage.
L’américain ripostait :
— Ceci est tout à votre louange, mais enfin, je suppose qu’il soit englobé dans les poursuites, arrêté, condamné !
— Peu importe, ripostait noblement la jeune femme. Quand bien même toute la terre se liguerait contre lui pour déclarer qu’il est un malhonnête homme je répondrais :
« — Ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible ; il a pu être dupé, être lui-même une victime de la malhonnêteté des autres, mais lui ne peut pas avoir forfait à l’honneur. Il est mon mari, je le défends, je le garde et je l’aime. »
Michèle était vraiment superbe en parlant ainsi.
La beauté de son attitude, l’ardeur de son langage semblait surexciter les secrets désirs qu’elle inspirait au milliardaire.
Perdant peu à peu le contrôle de lui-même et s’évadant de la prudente retenue dans laquelle il s’était cantonné jusqu’alors, il s’écria :
— Que vous êtes belle ainsi ! Ah ! Vraiment, je ne puis m’empêcher de vous le dire. Quand on possède un trésor aussi inestimable que vous, on n’agit pas ainsi que l’a fait M. de Préfailles.
— Lui, protestait la comtesse, mais qu’a-t-il donc fait ?
Et sans même attendre la réponse du financier, elle poursuivit :
— Ne venez-vous pas de me dire à l’instant qu’il ne pouvait en rien être rendu responsable du crime commis par les autres ?
— C’est exact, murmurait Sorett, et le seul reproche que je puisse adresser à votre mari, et je vous l’ai déjà dit, c’est d’avoir été trop confiant et de ne pas avoir exercé sur le directeur de sa banque la surveillance très active qu’exigeait de lui ses fonctions de président du conseil d’administration.
« Mais que voulez-vous ?… Le mal est fait, n’en parlons plus. À moins que, cependant, vous n’ayez à me demander, je n’ose pas dire un conseil, mais un avis qui pourrait vous être utile…
— Monsieur, je vous remercie de l’intérêt que vous me portez…
« Mais, en ce moment, je n’ai qu’un désir : me retrouver le plus vite possible auprès de mon mari, afin de pouvoir lui prodiguer toute la consolation de ma tendresse.
« Peut-être pouvez-vous me dire quand il rentrera.
Tout en prenant un air de fausse compassion, l’américain insinuait :
— Je ne voudrais pas vous affliger encore davantage ; cependant, à vous plus qu’à tout autre, il ne me répugnerait certainement de mentir.
« Aussi, ne m’en voulez pas si j’hésite à vous déclarer que, pour des raisons sur lesquelles je vous demanderais de ne pas insister, M. de Préfailles ne rentre pas à Paris, auprès de vous, aussi promptement que vous le désirez.
— Sans doute, interrogeait Michèle avec anxiété, est-il retenu là-bas par les soucis qu’a du lui occasionner la fuite de ce directeur ?
— Si ce n’était que cela !… murmurait hypocritement le financier.
— Qu’y a-t-il encore ?
— Vous ne le devinez pas ?
— Non, monsieur.
— J’admire votre candeur.
— Ma candeur !
— Je devrais dire votre aveuglement.
— Chercheriez-vous à me donner à penser que mon mari me cache certaines choses ?
— En tout cas, Madame, ce n’est pas à moi de vous les apprendre !
— Monsieur, vous m’en avez trop dit pour ne pas aller jusqu’au bout.
« Maintenant, j’ai la conviction que Henri a été auprès de vous l’objet de faux rapports, de calomnies infâmes, et je ne crois pas plus à sa trahison envers moi qu’à sa malhonnêteté envers les autres.
— Et cependant, reprenait l’américain en démasquant enfin ses batteries, si je vous mettais sous les yeux la preuve que M. de Préfailles a une maîtresse ?
— C’est faux ! Se révoltait la jeune femme, et je vous prie, Monsieur, de ne pas continuer davantage.
Et elle ajouta, en s’éloignant de celui qui la couvrait d’un œil par trop ardent :
— Singulière façon que vous avez de me réconforter.
« Après m’avoir annoncé la ruine de mon mari, me raconter qu’il me trompe !…
« Eh bien ! Encore une fois, Monsieur, je tiens à vous dire que je ne vous crois pas ; vous cherchez, je m’en aperçois depuis un instant, à me troubler, à profiter du désarroi dans lequel vous m’avez jeté pour profiter d’une défaillance inexplicable de ma part et parce que je suis seule en ce moment à me débattre contre la fatalité.
« Il me semble, Monsieur, que j’ai beaucoup moins à me défendre contre elle que contre vous.
« Brisons donc là, et ce soir je partirai rejoindre l’homme que vous avez cherché à salir à mes yeux.
— Non, madame, vous ne partirez pas ! Affirmait sir Jack Sorett, qui, se maîtrisant, avait réussi à reconquérir tout ce flegme qui le rendait encore beaucoup plus dangereux que ses impatiences.
— Pourquoi ne partirai-je pas ? Se cabrait la comtesse.
— Parce que vous risquez de vous rencontrer là-bas avec la courtisane que M. de Préfailles a encore eu la folie d’emmener avec lui.
— Mon mari aurait emmené… !
« Non, non, décidément, vous dépassez les bornes, et vous allez me forcer de sonner mon valet de chambre pour vous reconduire jusqu’à la porte…
Cette menace ne parut nullement émouvoir le banquier.
Se campant devant Mme de Préfailles, il fit, en la fixant bien dans les yeux :
...



