Bouglé | Bilan de la Sociologie française contemporaine | E-Book | www.sack.de
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E-Book, Französisch, 122 Seiten

Bouglé Bilan de la Sociologie française contemporaine

Sociologie et psychologie - Sociologie et histoire - Ethnologie - Morphologie sociale - Sociologie juridique et économique
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-38376-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

Sociologie et psychologie - Sociologie et histoire - Ethnologie - Morphologie sociale - Sociologie juridique et économique

E-Book, Französisch, 122 Seiten

ISBN: 978-2-322-38376-4
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« Bilan de la sociologie française contemporaine », le programme paraîtra sans doute ambitieux, les champs où glaner trop vastes. Il est certain que si nous voulions relever seulement tout ce que les savants français ont pu faire, depuis la guerre, pour avancer sous une forme ou une autre la connaissance des sociétés humaines, il y faudrait une longue série de volumes de la taille de celui-ci. Mais il importe de distinguer, et de préciser dès l'abord notre objet. Nous nous plaçons délibérément au point de vue adopté par la sociologie proprement dite, telle qu'elle nous paraît définie le plus nettement par l'équipe des chercheurs groupée dans l'Année Sociologique autour d'Émile Durkheim, lui-même continuateur, sur le terrain scientifique, d'Auguste Comte. Nous nous placerons, dans les revues qui vont suivre, sur la ligne de jonction entre sociologie spontanée et sociologie méthodique. Et nous essaierons de préciser ce que celle-ci ajoute à celle-la par un certain nombre d'exemples, - qu'il s'agisse de psychologie ou d'ethnologie, de géographie humaine ou d'histoire, de science du droit ou d'économie politique. Dans ce livre de 1935, le sociologue Célestin Bouglé (1870-1940) propose un vaste panorama de la sociologie française en plusieurs volets thématiques : Chapitre I: Sociologie et psychologie Chapitre II: Ethnologie et sociologie Chapitre III: Morphologie sociale Chapitre IV: Sociologie et histoire Chapitre V: Sociologie juridique Chapitre VI: Sociologie économique Chapitre VII: Sociologie économique (partie 2)

Célestin Charles Alfred Bouglé, né à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, actuellement Côtes-d'Armor) le 1er juin 1870 et décédé à Paris le 25 janvier 1940, est un philosophe et sociologue français. Proche d'Émile Durkheim, il contribua à diffuser sa pensée, bien qu'il en soit resté distant dans ses propres travaux. C'est également avec lui qu'il lança la revue L'Année sociologique, revue à laquelle est également attaché le nom de Marcel Mauss (le neveu de Durkheim). Bouglé fut aussi influencé par Georg Simmel et son travail sur la différenciation sociale. La pensée de Simmel est présente dans son premier ouvrage : Les Sciences sociales en Allemagne. Les méthodes actuelles
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Chapitre II

Ethnologie et sociologie

Quels services l'ethnologie, entendue comme la connaissance des populations « primitives », a-t-elle rendus à la sociologie proprement dite ?

Il y a certes bien longtemps que des penseurs français se sont intéressés aux primitifs. Au XVIIIe siècle on n'a pas seulement « rêvé » l'homme sauvage comme le représentant de la nature, on s'est efforcé de le connaître tel qu'il est, dans les régions où la civilisation n'a pas encore pénétré. Les missionnaires étaient en pareille matière les principaux fournisseurs de documents. Et comme l'a montré M. Hubert dans son livre sur les dans les collaborateurs de Diderot, bien loin de s'en tenir aux constructions ainsi qu'on le leur a reproché à satiété – se réjouissent d'accumuler les observations de voyageurs. Le président des Brosses insistait déjà sur le rôle du , que ne devait pas oublier Auguste Comte. Il eut nombre d'émules qui, utilisant une méthode déjà comparative, et s'attachant « à recueillir des faits, au lieu de présenter des conjectures », contribuaient à ce que M. René Maunier appelle la « préparation de la sociologie » (, chap. VI. V. aussi le premier chapitre de la de M. Marcel Déat). Au XIXe siècle, sous l'impulsion de Quatrefages, d'Hamy, de Verneau, comme l'a montré M. P. Rivet au tome II de la l'anthropologie s'élargit en ethnologie, l'étude des cultures s'ajoute à l'étude des races. L'expansion de la colonisation devait d'ailleurs fournir, aux représentants de la civilisation française, à la fois des raisons nouvelles et des moyens nouveaux de connaître les primitifs, comme il fut rappelé à l'opinion, récemment, par les conférences organisées et les collections publiées à l'occasion de l'Exposition coloniale.

Une place à part devrait être faite à l'Afrique du Nord. Depuis longtemps en contact avec les populations, nomades ou sédentaires, nous avons pu enregistrer leurs coutumes, essayer de pénétrer leur état d'esprit, nous efforcer de comprendre, sur leurs exemples, de quels éléments se composent les sociétés qui deviennent plus tard des nations. La synthèse de Masqueray, – la venant après les collections de documents de Hanoteau et Letourneux, a posé avec éclat le problème des rapports entre clans et cités. M. René Maunier n'a pas tort de souligner, dans ses la grande influence exercée par cet initiateur sur la sociologie française contemporaine.

Mais toutes nos colonies, si diverses que soient les populations qu'on y rencontre, ont été mises à contribution. L' a commencé à cet égard un vaste travail de concentration, destiné à stimuler et orienter les recherches des enquêteurs. Ainsi un trésor de documents sur l'âme humaine, sur les âmes humaines, se constitue peu à peu chez nous, que nous pourrons bientôt comparer à ceux qui ont été accumulés par les recherches des bureaux d'ethnologie anglais et américains.

La mise en œuvre de ces documents a-t-elle été entreprise et menée, en France, de manière à donner satisfaction aux ambitions de la sociologie ? S'est-on efforcé de retrouver le « collectif » dans le « primitif », et, en montrant à quel point la mentalité des sociétés « inférieures » se distingue de la nôtre, a-t-on recherché dans quelle mesure ces différences s'expliquent par des différences de structure sociale ?

Il suffit de poser cette question pour que tout le monde pense aujourd'hui aux travaux universellement connus de M. L. Lévy-Bruhl. Quatre volumes –  (1910), (1922) (1927) (1931) , lui ont permis, non seulement de nous présenter un nombre considérable de petits faits empruntés aux enquêtes les plus diverses, mais de formuler quelques idées générales, quelques thèses destinées à encadrer ces observations, à en faire mesurer la portée.

Idées conformes dans l'ensemble aux tendances d'Auguste Comte, que M. Lévy-Bruhl a spécialement étudié, à celles de Th. Ribot en qui il voit le grand rénovateur de la psychologie française, et sur bien des points à celles de Durkheim, avec qui il se réjouit de se rencontrer.

Pour comprendre l'esprit des travaux de M. Lévy-Bruhl, le mieux est toujours d'en revenir à la formule célèbre de Th. Ribot qu'il cite plusieurs fois. On n'a fait jusqu'ici que la psychologie de « l'homme blanc, adulte, civilisé ». Mais si nous voulons comprendre la genèse des facultés que nous attribuons à l'homme en général, il importe d'user d'observations comparatives mettant en lumière différences et ressemblances.

D'où un élargissement nécessaire du champ des recherches psychologiques. D'où l'utilité des études portant sur le malade et sur l'enfant, sur le sauvage ou le primitif. C'est à nous faire pressentir l'originalité de cette dernière mentalité que M. Lévy-Bruhl se consacre, en nous avertissant qu'entre elle et la nôtre il n'y a pas de commune mesure. On oublie trop souvent, quand on aborde l'étude des populations dites primitives, qu'il s'agisse des Esquimaux ou des Bantous, des Américains du Nord-Ouest ou des Mélanésiens, que nos catégories intellectuelles ne leur conviennent pas forcément. Nous appliquons trop vite nos critères à leurs états d'esprit. Nous nous imaginons volontiers qu'il n'y a entre leur mentalité et la nôtre que des différences de degré, et que leurs idées s'associent, ou leurs jugements se justifient selon les lois ou les principes qui nous sont familiers. Et c'est ainsi que la plupart des représentants de l'ethnologie anglaise, férus d'associationnisme, ont été amenés à expliquer trop facilement, trop simplement, l'état d'esprit des primitifs. Parce que ceux-ci voient reparaître dans leurs rêves des hommes qu'ils ont rencontrés pendant la veille, ils sont amenés à supposer logiquement que les hommes ont une âme ? Parce que les actions qui leur sont familières répondent le plus souvent à des intentions, ils sont amenés à rendre compte, par les intentions de quelque personne cachée, des mouvements mêmes de la nature ? Contre ce simplisme animiste, M. Lévy-Bruhl proteste avec autant d'énergie que le fera de son côté Durkheim. Ne pas assimiler, ne pas uniformiser, constater qu'il y a plus de choses dans les sociétés primitives que nous n'en pouvons immédiatement comprendre, justement parce que nous sommes des civilisés, tels devraient être les premiers articles du de l'enquêteur, tels sont les préceptes que ne cesse de répéter M. Lévy-Bruhl.

Quel est donc le trait dominant de cette mentalité, celui qui nous la rend si difficilement accessible ? Une sorte de confusionnisme sans limites, pourrait-on dire. Ainsi serions-nous bien empêchés de retrouver dans l'esprit des primitifs la notion du moi telle que nous l'entendons, ou la distinction entre l'âme et le corps, ou la distinction entre le surnaturel et le naturel. L'individualité n'a pas pour eux, semble-t-il, d'existence nettement distincte. Elle se fond facilement dans le groupe. D'autre part, les choses qui lui appartiennent à des titres divers, ses « appartenances », font partie intégrante de la personne, non pas seulement ses secrétions ou excrétions, mais la trace de ses pas, les restes de ses aliments, les produits de son travail, les outils qu'il manie. Cette individualité subsiste-t-elle après la mort ? Sans doute, mais non pas sous la forme d'une âme séparée et différente du corps. « Rien de plus étranger à la mentalité primitive que cette opposition de deux substances dont les attributs seraient antagonistes. » De même ils ont la plus grande peine à concevoir un dieu distinct de l'univers. Bien plutôt croient-ils à l'existence d'un « continuum de forces...



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