E-Book, Französisch, 262 Seiten
Reihe: Secrets d'histoire
Busch Bismarck : Mémoires
1. Auflage 2020
ISBN: 978-2-322-17778-3
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
les mémoires du chancelier de fer recueillies par Maurice Busch
E-Book, Französisch, 262 Seiten
Reihe: Secrets d'histoire
ISBN: 978-2-322-17778-3
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Né à Dresde en 1841, Maurice (ou Moritz) Busch est un publiciste allemand qui consacra sa vie au journalisme et à la littérature, traduisant notamment les oeuvres de Dickens, Thackeray et autres auteurs britanniques. A partir de 1856, alors qu'il est journaliste au Grenzboten, organe de presse lié au parti conservateur du chancelier Otto von Bismarck, il devient chroniqueur pour le chancelier. Au fil des années, il amasse une documentation considérable faite de correspondances, discours et anecdotes qu'il publie à partir 1878, faisant de lui le biographe officiel du chancelier de fer.
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Préface
L’œuvre que je livre aujourd’hui au public, consiste en un récit détaillé des vingt années pendant lesquelles j’ai été eu relations directes avec le prince de Bismarck, avant, pendant et après la guerre de 1870. Une partie de cette œuvre n’est pas complètement inédite, étant formée de quelques fragments d’un livre publié par moi en 1878, sous le titre de : Le comte de Bismarck et sa suite pendant la guerre de France. Mais j’ai rétabli de nombreux passages que j’avais cru devoir alors omettre, et j’ai supprimé les adoucissements, nécessaires autrefois, de certaines âpretés de langage.
J’ai réuni et j’ai noté tous les détails concernant le prince de Bismarck et son entourage immédiat, d’abord pour ma satisfaction personnelle et ensuite pour fournir des éléments à ceux qui voudront étudier le caractère du régénérateur politique de l’Allemagne. Le seul but des notes quotidiennes que j’ai prises et qui constituent le principal élément de cet ouvrage a été de servir au récit de la vérité tout entière, autant que j’ai pu la constater par moi-même.
Plus tard, quand l’idée m’est venue de copier mes notes, je me suis parfaitement rendu compte de la responsabilité que j’encourais vis-à-vis de l’Histoire, car je n’ignore pas qu’on ne saurait s’en dire le serviteur si on lui fournit des matériaux triés avec soin ou colorés avec complaisance.
Je n’ai voulu être ni un thuriféraire, ni un censeur. Ma nature est contraire aux effets à sensation, et je laisse aux amateurs de théâtre le plaisir que leur peuvent donner les représentations à grand spectacle. Je désire simplement offrir au lecteur les traits caractéristiques que le chancelier de fer m’a donné l’occasion d’observer dans telles et telles circonstances, contribuant ainsi à compléter et parfois à rectifier le jugement que l’opinion publique a porté sur lui.
L’admiration profonde que j’ai pour le génie de ce grand homme et ma reconnaissance patriotique pour ce qu’il a accompli ne m’ont pas empêché de livrer au public des détails nombreux qui déplairont à bien des gens ; mais ces détails appartiennent au caractère historique de celui que je me propose de décrire. Les natures divines, seules, sont exemptes d’erreurs, de passions et de contradictions.
Je vais maintenant laisser au prince lui-même le soin d’établir l’autorité que j’ai pour communiquer aux autres, sans réserve aucune, tout ce que j’ai pu constater pendant ma longue intimité avec lui.
« Une fois que je serai mort, vous pourrez dire tout ce que vous voudrez, et surtout tout ce que vous saurez », me dit le prince de Bismarck, au cours d’une conversation que j’eus avec lui le 24 février 1879.
Je voyais clairement, à la façon dont il me regardait, qu’en dehors des autorisations que j’avais déjà reçues antérieurement, il désirait que je me considérasse comme absolument libre, comme entièrement affranchi de certaines restrictions que je m’étais volontairement imposé ou qu’on m’avait imposées. Depuis lors, grâce à sa confiance grandissante, j’ai appris bien d’autres choses encore, et il m’a, de nouveau, confirmé l’autorisation de répéter ce que j’apprenais.
Le 21 mars 1891, pendant le séjour que je fis à Friedrichsruh, le prince, évidemment sous l’impression d’une note qu’il avait lue dans les journaux, dit :
« Un jour, après ma mort, le petit Busch écrira l’histoire secrète de notre temps, d’après les meilleures sources d’information. »
Je répondis :
« Oui, mon prince; mais ce ne sera pas une histoire à proprement parler, parce que je ne suis pas capable de l’écrire, cela ne sera pas non plus longtemps après votre mort qui, nous l’espérons, arrivera le plus tard possible. Ce sera au contraire, tout de suite après, sans aucun retard, car, en ces temps de corruption, la vérité ne saurait être connue trop tôt.
Le prince ne répondit point; mais je considérai son silence comme une approbation. Enfin, l’année d’avant, il avait affirmé d’une façon absolue le caractère sans restriction de mon autorité.
Le 15 mars 1890, comme on parlait déjà de sa démission, et que lui-même était occupé à classer différents papiers qu’il voulait emporter en voyage, il me demanda de copier plusieurs documents très importants pour lui et d’en conserver les originaux. Je lui fis observer qu’en faisant copier de pareils documents par un étranger, il s’exposait à ce que leur contenu fût révélé à des tiers.
« Oh! je n’ai pas peur de cela ! me répondit-il, je n’ai absolument aucun secret parmi ces documents. »
Cette affirmation : « je n’ai pas de secrets », me donnait toute liberté, du moins pour l’avenir, de publier les papiers politiques dont j’aurais sans cela gardé le contenu caché : car il savait certainement mieux que moi ce qu’il convenait de faire.
Il me suffit d’ailleurs que celui que j’honore comme le premier parmi les hommes ait donné son approbation à mon entreprise, et celle des autres me demeure indifférente. La majorité de ceux dont je parle dans ces mémoires ont, depuis lors, quitté la vie. Ils sont entrés dans le domaine de l’histoire, où un appel à l’indulgence cesse d’être écouté. Ceux qui sont encore parmi nous peuvent me croire, si je leur affirme qu’en écrivant maintenant ces pages, je ne songe point à leur faire du tort, ni à leur nuire en aucune façon. J’estime simplement que je n’ai point le droit de garder le silence sur des sujets qui leur peuvent déplaire; je suis dirigé par mon devoir de dire la vérité tout entière et par la volonté d’obéir au chancelier, qui a exprimé le désir que rien de ce que je savais ne demeurât caché. Le monde diplomatique, en particulier, doit être montré tel qu’il est réellement et, sous ce rapport, je crois que ce livre peut être qualifié de miroir des diplomates.
Les notes quotidiennes qui forment la base de mon ouvrage, et que je reproduis souvent littéralement, donnent le récit aussi fidèle que possible des événements que j’ai vus et des conversations que j’ai entendues, en présence et dans l’entourage immédiat du prince. Ce dernier est la figure principale autour de laquelle gravitent toutes les autres. Ma tâche, comme observateur et comme chroniqueur, est de raconter soigneusement tout ce que j’ai été chargé de faire comme secrétaire du prince dans mes rapports avec la presse, de raconter comment lui et son entourage se comportèrent pendant la campagne de France, comment il vécut et travailla, les opinions qu’il exprima à table ou ailleurs sur les personnes et les choses de cette époque, le récit qu’il nous fît de ses souvenirs passés, et, enfin, après notre retour de la grande guerre, ce que j’appris par les dépêches diplomatiques qui me passèrent par les mains. J’ai été aidé dans ce travail, par ma faculté d’assimilation rendue de plus en plus intense, par mon attachement pour le prince et par la pratique des affaires politiques que j’ai acquise dans le cours de mes charges officielles. J’ai été secondé aussi par une mémoire qui, tout en n’étant pas au-dessus de la moyenne, a été développée, grâce à un exercice constant, h un point tel que j’ai été capable de retenir presque littéralement les longues explications et les histoires sérieuses ou humoristiques du chancelier.
Tous les détails que je donne dans ce livre ont été écrits, presque sans .exception, moins d’une heure après les conversations que j’ai entendues. Pour la plupart, ils ont été jetés immédiatement sur de petites feuilles de papier; les points principaux et les mots typiques ont été notés sur-le-champ, le reste a été complété plus tard.
C’est à la fidélité de ma mémoire, à la sûreté de mon oreille, à la rapidité de mon coup d’œil, et aussi à cette habitude d’écrire sans délai tout ce que j’ai remarqué, vu...




