E-Book, Französisch, 252 Seiten
De Chateaubriand Analyse raisonnée de l'Histoire de France
1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-44537-0
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 252 Seiten
            ISBN: 978-2-322-44537-0 
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François-René, vicomte de Chateaubriand, né le 4 septembre 1768 à Saint-Malo et mort le 4 juillet 1848 à Paris, est un écrivain, mémorialiste et homme politique français. Il est considéré comme l'un des précurseurs du romantisme français et l'un des plus grands noms de la littérature française. Issu de la noblesse bretonne, membre le plus célèbre de sa famille originaire de Saint-Malo, Chateaubriand s'inscrit politiquement dans la mouvance royaliste. Plusieurs fois ambassadeur auprès de souverains divers, il est nommé ministre des Affaires étrangères de 1822 à 1824 sous la Restauration et compte, sous le règne de Charles X, parmi les ultraroyalistes. Les nombreuses responsabilités politiques et diplomatiques qui jalonnent sa carrière ainsi que son goût pour le voyage, en Amérique puis dans le bassin méditerranéen, structurent une vie marquée par l'exil et la nostalgie de la stabilité. Ses premières publications majeures, l'Essai sur les révolutions (1796) et le Génie du christianisme (1802), manifestent son engagement politique alors en faveur de la contre-révolution et en défense de la société d'Ancien Régime. Mais la question idéologique s'entremêle très rapidement à la promotion d'une esthétique originale qui remporte un grand succès populaire et littéraire : la description de la nature et l'analyse des sentiments du « Moi », qu'il met en oeuvre dans les fictions Atala (1801) et René (1802), d'abord publiées comme illustrations des thèses du Génie puis rattachées au vaste cycle romanesque des Natchez (intégralement paru en 1826), en font un modèle pour la génération suivante des écrivains français. Sa propension au mystère, à l'amplitude, à l'emphase, à la grandeur mélancolique, sa tentative d'exprimer une souffrance indicible et sa soif d'exotisme, qu'il réaffirme dans le récit de son voyage en Méditerranée Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811), lui ont valu d'être considéré a posteriori comme l'un des « préromantiques » les plus influents de sa génération. La sensibilité douloureuse de ce « vague des passions », illustré à travers le personnage de René, connaît une importante postérité dans le romantisme français : le « mal du siècle » de Musset ou le « spleen » de Baudelaire peuvent en être considérés, entre autres, comme de lointains avatars. Néanmoins, l'oeuvre monumentale de Chateaubriand réside dans les Mémoires d'outre-tombe, parus à titre posthume dès 1849.
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Deuxième race
Traiter d’usurpation l’avènement de Pépin à la couronne, c’est un de ces vieux mensonges historiques qui deviennent des vérités à force d’être redits. Il n’y a point d’usurpation là où la monarchie est élective, on l’a déjà remarqué ; c’est l’hérédité qui dans ce cas est une usurpation. Pépin fut élu de l'avis et du consentement de tous les Francs, ce sont les paroles du premier continuateur de Frédégher. (Cap. XII.) Le pape Zacharie, consulté par Pépin, eut raison de répondre : Il me paraît bon et utile que celui-là soit roi qui sans en avoir le nom en a la puissance, de préférence à celui qui portant le nom de roi n'en garde pas l'autorité.
Les papes, d’ailleurs, pères communs des fidèles, ne peuvent entrer dans ces questions de droit ; ils ne doivent reconnaître que le fait : sinon la cour de Rome se trouverait enveloppée dans toutes les révolutions des cours chrétiennes ; la chute du plus petit trône au bout de la terre ébranlerait le Vatican. Le prince, dit Eghinard, se contentait d’avoir les cheveux flottants et la barbe longue ; il était réduit à une pension alimentaire, réglée par le maire du palais ; il ne possédait qu’une maison de campagne d'un revenu modique, et quand il voyageait, c'était sur un chariot traîné par des bœufs et qu’un bouvier conduisait à la manière des paysans.
Les intérêts, sans doute, vinrent à l’appui des réalités politiques. Il avait existé de grandes liaisons entre les papes Grégoire II, Grégoire III et le maire du palais Charles Martel. Pépin désirait être roi des Francs, comme Zacharie désirait se soustraire au joug des empereurs de Constantinople, protecteurs des iconoclastes, et à l’oppression des Lombards. Saint Boniface, évêque de Mayence, ayant besoin de l’entremise des Francs pour étendre ses missions en Germanie, fut le négociateur qui mena toute cette affaire entre Zacharie et Pépin. Et pourtant Pépin crut devoir demander l’absolution de son infidélité envers Childéric III au pape Etienne, bien aise qu’était celui-ci qu’on lui reconnût le droit de condamner ou d’absoudre.
D’un autre côté, les ducs d’Aquitaine refusèrent assez longtemps de se soumettre à Pépin ; nous les voyons, jusque sous la troisième race, renier Hugues Capet et dater les actes publics : Rege terreno deficiente, Christo regnante. Guillaume le Grand, duc d’Aquitaine à cette époque, ne reconnut d’une manière authentique que Robert fils de Hugues : Regnante Roberto, rege theosopho. On eût ignoré les causes secrètes des rudes guerres que Pépin d’Héristal, Charles Martel, Pépin le Bref et Charlemagne firent aux Aquitains si la charte d’Alaon, imprimée dans les conciles d’Espagne, commentée et éclaircie par dom Vaissette, ne prouvait que les ducs d’Aquitaine descendaient d’Haribert par Bogghis, famille illustre qui s’est perpétuée jusqu’à Louis d’Armagnac, duc de Nemours, tué à la bataille de Cérignoles, en 1503. Ainsi les ducs d’Aquitaine venaient en directe ligne de Clovis ; la force seule les put réduire à n’être que les vassaux d’une couronne dont leurs pères avaient été les maîtres. Il est curieux de remarquer aujourd’hui l’ignorance ou la mauvaise foi d’Eghinard ; après avoir dit que Charles et Carloman succédèrent à Pépin leur père, il ajoute : L’Aquitaine ne put demeurer longtemps tranquille, par suite des guerres dont elle avait été le théâtre. Un certain Hunold, aspirant au pouvoir, excita les habitants... Or, ce certain Hunold était fils d’Eudes, duc d’Aquitaine et père de Waiffer, également duc d’Aquitaine et héritier de la maison des Mérovingiens. Je me suis arrêté à ces guerres d’Aquitaine, dont aucun historien, Gaillard et La Bruère exceptés, n’a touché la vraie cause : c’était tout simplement une lutte entre un ancien fait et un fait nouveau, entre la première et la seconde race.
Pépin, élu roi à Soissons (751), défait les Saxons ; il passe en Italie à la prière du pape Etienne III, pour combattre Astolphe, roi des Lombards, qui menaçait Rome après s’être emparé de l’exarchat de Ravenne. Pépin reprend l’exarchat, le donne au pape, et jette le fondements de la royauté temporelle des pontifes.
Après Pépin vient son fils, qui ressuscite l’empire d’Occident. Charlemagne continue contre les Saxons cette guerre qui dura trente trois années ; il détruit en Italie la monarchie des Lombards, et refoule les Sarrasins en Espagne. La défaite de son arrière-garde à Roncevaux engendre pour lui une gloire romanesque qui marche de pair avec sa gloire historique.
On compte cinquante-trois expéditions militaires de Charlemagne ; un historien moderne en a donné le tableau. M. Guizot remarque judicieusement que la plupart de ces expéditions eurent pour motifs d’arrêter et de terminer les deux grandes invasions des barbares du Nord et du Midi.
Charlemagne est couronné empereur d’Occident à Rome par le pape Léon III (800). Après un intervalle de trois cent vingt-quatre années, fut rétabli cet empire dont l’ombre et le nom restent encore après la disparition du corps et de la puissance.
Une sensibilité naturelle pour l’honneur d’un grand homme a porté presque tous les écrivains à se taire sur la destinée des cousins de Charlemagne : Pépin le Bref avait laissé deux fils, Carloman et Charles. Carloman eut à son tour deux fils, Pépin et Siaghre. Le premier a disparu dans l’histoire ; pendant près de neuf siècles on a ignoré le sort du second. Un manuscrit de l’abbaye de Saint-Pons de Nice, envoyé à l’évêque de Meaux, a fait retrouver Siaghre dans un moine de cette abbaye. Siaghre, devenu évêque de Nice, a été mis au rang des saints, et il était réservé à Bossuet de laver d’un crime la mémoire de Charlemagne.
Ce prince, qui était allé chercher les barbares jusque chez eux pour en épuiser la source, vit les premières voiles des Normands : ils s’éloignèrent en toute hâte de la côte que l’empereur protégeait de sa présence. Charlemagne se leva de table, se mit à une fenêtre qui regardait l’Orient, et y demeura longtemps immobile : des larmes coulaient le long de ses joues ; personne n’osait l’interroger. Mes fidèles, dit-il aux grands qui l'environnaient, savez-vous pourquoi je pleure ? Je ne crains pas pour moi ces pirates, mais je m'afflige que moi vivant ils aient osé insulter ce rivage. Je prévois les maux qu’ils feront souffrir à mes descendants et à leurs peuples. (Moine de Saint-Gall. )
Ce même prince, associant son fils, Hlovigh le Débonnaire à l’empire, lui dit : Fils cher à Dieu, à ton père et à ce peuple, toi que Dieu m’a laissé pour ma consolation, tu le vois, mon âge se hâte ; ma vieillesse même m'échappe : le temps de ma mort approche... Le pays des Francs m’a vu naître, Christ m’a accordé cet honneur ; Christ me permit de posséder les royaumes paternels : je les ai gardés non moins florissants que je ne les ai reçus Le premier d’entre les Francs j’ai obtenu le nom de césar, et transporté à la race des Francs l’empire de la race de Romulus. Reçois ma couronne, ô mon fils, Christ consentant, et avec elle les marques de la puissance...
Charles embrasse tendrement son fils, et lui dit le dernier adieu. (Ermold. Nigel.)
Le vieux chrétien Charlemagne pleurant à la vue de la mer, par le pressentiment des maux qu’éprouverait sa patrie quand il ne serait plus ; puis associant à l’empire, avec un cœur tout paternel, ce fils qui devait être si malheureux père ; racontant à ce fils sa propre histoire, lui disant qu’il était né dans le pays des Francs, qu’il avait transporté à la race des Francs l’empire de la race de Romulus ; Charlemagne annonçant que son temps est fini, que la vieillesse même lui échappe : ce sont de belles scènes qui attendent...





