E-Book, Französisch, 494 Seiten
Gaskell Les Amoureux de Sylvia
1. Auflage 2024
ISBN: 978-2-322-49583-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Une exploration poignante de l'amour et du destin dans l'Angleterre victorienne par Elizabeth Gaskell
E-Book, Französisch, 494 Seiten
ISBN: 978-2-322-49583-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
"Les Amoureux de Sylvia" est un roman captivant d'Elizabeth Gaskell, qui plonge le lecteur dans une histoire d'amour complexe et émouvante. Situé dans le nord de l'Angleterre au XIXe siècle, le récit suit Sylvia Robson, une jeune femme belle et déterminée, tiraillée entre deux prétendants. Charley Kinraid, un séduisant harponneur, fait battre son coeur avec passion, tandis que son cousin Philip Hepburn, plus réservé, nourrit pour elle un amour sincère et profond. À travers ce triangle amoureux, Gaskell explore les thèmes de la loyauté, du sacrifice et des choix déchirants qui façonnent le destin de ses personnages. Le roman est riche en descriptions évocatrices du paysage rural anglais et des coutumes locales, offrant une immersion totale dans l'époque victorienne. La tension dramatique s'intensifie à mesure que Sylvia doit faire face à des dilemmes moraux et à des événements tragiques qui bouleversent sa vie. Gaskell dépeint avec finesse les complexités des relations humaines, tout en critiquant subtilement les normes sociales de son temps.
Elizabeth Gaskell, née en 1810 à Chelsea, est une romancière anglaise renommée pour ses récits détaillés et ses portraits saisissants de la société victorienne. Elle a grandi à Knutsford, une petite ville qui a inspiré plusieurs de ses oeuvres. Gaskell a débuté sa carrière littéraire avec "Mary Barton", un roman qui aborde les difficultés des classes ouvrières. Elle est également connue pour "Nord et Sud", "Cranford" et "Les Amoureux de Sylvia". Ses écrits se distinguent par leur réalisme social et leur sensibilité aux questions de genre et de classe. En plus de ses romans, Gaskell a écrit des nouvelles et une biographie de Charlotte Brontë, qui témoignent de son talent d'observatrice et de conteuse. Elle a joué un rôle important dans la littérature anglaise du XIXe siècle, abordant des thèmes tels que l'industrialisation, les inégalités sociales et les relations humaines. Elizabeth Gaskell est décédée en 1865, laissant un héritage littéraire qui continue d'influencer et d'inspirer.
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I
MONKSHAVEN.
Monkshaven, — qu’il vous faudrait chercher sur la côte nord-est d’Angleterre, au bord de la Dee, justement à l’endroit où cette rivière tombe dans l’Océan germanique, — compte aujourd’hui quinze mille habitants, mais n’en avait pas la moitié à la fin du dernier siècle, époque où se passèrent les événements que nous allons raconter. Tout autour, dans un rayon de plusieurs milles, s’étendent ces grands espaces plats et humides qu’on appelle moorlands, interrompus çà et là par quelques hauteurs couvertes de rouges bruyères. Du haut de ces cimes qui dominent la mer, s’écoulent des torrents qui, — se creusant avec le temps un chemin plus ou moins large, — ont peu à peu formé des espèces de vallons plus ou moins étroits, au fond desquels s’abrite une végétation riche et puissante. On y trouve de beaux gazons élastiques où paissent en trop grand nombre certains petits moutons à tête noire, mal venus des bouchers à cause de leur maigreur, et dont la laine courte et rude ne jouit pas auprès des tisserands d’une haute considération. Dans ces districts ruraux, éparpillés en plein marécage, la population est de nos jours trèsclairsemée. Elle l’était bien plus encore il y a quatre-vingts ans, c’est-à-dire avant que l’agriculture, devenue science, eût trouvé les moyens de lutter contre les difficultés naturelles que lui offrait le sol tourbeux de ces plaines humides, et avant que les chemins de fer, facilitant les communications, n’y amenassent chaque année les sportsmen attirés par la quantité de gibier qui peuple ces solitudes. Monkshaven est une ville de pêcheurs. Son aristocratie, qui n’a rien de commun avec celle du comté, s’est formée parmi les aventureux négociants et les marins plus aventureux encore qui s’engagent dans les vastes opérations dont les mers du Groënland sont le théâtre. On s’en aperçoit de reste à ces vastes appentis qui s’étendent sur les bords de la Dee et d’où sort une odeur d’huile, un parfum de marée que semblent goûter les naturels de l’endroit. Presque tous ont été, sont, ou seront marins : leur destinée individuelle, l’avenir de leurs familles dépendent du succès de leurs expéditions lointaines. Tout ceci contribue à donner à la ville, au pays même, je ne sais quelle tournure amphibie. À vingt milles de la côte, les rebuts de la pêche, les plantes marines, les ordures des melting-houses (ces hangars dont nous parlions et qui servent à la fonte du « gras de baleine »), constituent la plus grande masse des engrais du district. De grandes mâchoires de cachalot, à l’aspect sinistre, surmontent, dénudées et blanchies, les portes de plus d’un enclos. Dans une famille d’agriculteurs, s’il y a plusieurs enfants, on peut être sûr que l’un d’eux est à la mer et que, tout en cultivant son modeste jardin, sa mère, les jours d’orage, tournera plus d’une fois du côté de l’Océan des regards inquiets. Les jours de loisir se passent tous à la côte. On voit que le cœur du pays est là, et que ses grands intérêts s’y débattent. À l’époque dont je parle, le voisinage de la mer était pour tout le pays qui environne Monkshaven un motif de crainte et d’irritation. Voici quelles causes spéciales avaient amené ce résultat étrange. Depuis la fin de la guerre d’Amérique, aucune nécessité pressante n’était venue aggraver pour l’Angleterre les conditions habituelles de la levée maritime. D’année en année, les fonds alloués pour cet objet diminuaient constamment. Ils atteignirent leur minimum en 1792. En 1793, au contraire, la Révolution française mit l’Europe en feu, et le gouvernement anglais n’épargna rien pour fomenter dans la population des Trois-Royaumes les passions anti-gallicanes soulevées par les excès du régime de la Terreur. Quand il fallut en venir aux mains on avait des vaisseaux, mais où étaient les équipages ? Pour cette disette d’hommes, l’Amirauté possédait un remède souverain, consacré par de nombreux précédents et sanctionnés par la loi coutumière sinon par la loi écrite. Des « ordres de presse » furent émis qui invitaient les autorités civiles de tout le pays à seconder les officiers chargés de l’enrôlement maritime dans l’accomplissement de leur mission. La côte fut partagée en districts, chacun sous le contrôle d’un capitaine de vaisseau qui lui-même déléguait des lieutenants pour chaque sous-district, et, grâce au blocus ainsi organisé, tous les navires frétés pour le retour étaient attendus et guettés au passage, tous les ports strictement surveillés, et en vingt-quatre heures, s’il le fallait, on se trouvait à même d’ajouter un personnel nombreux aux forces de la marine royale. Mais à mesure que les demandes de l’Amirauté devenaient plus urgentes, ses agents devinrent moins scrupuleux. On en vint à penser qu’il était facile de transformer en bons matelots des paysans robustes. Les lois sur la presse exigeaient bien certaines formalités et certaines constatations ; mais une, fois que la capture était faite, comment un pauvre laboureur aurait-il pu justifier de sa profession habituelle, personne ne voulant écouter les témoignages qu’il aurait fournis, personne après les avoir écoutés n’y voulant croire, et personne enfin, après les avoir écoutés et les avoir crus, ne se souciant de contribuer à la délivrance du captif ? Bien des hommes furent ainsi secrètement enlevés et littéralement disparurent, sans que jamais on ait entendu parler d’eux. Les rues d’une grande ville n’étaient pas plus à l’abri que les campagnes les moins peuplées, de ces rapts exécutés à force ouverte et en plein soleil. Lord Thurlow, l’attorney-general, enlevé lui-même pendant qu’il faisait une promenade aux environs de Londres, aurait pu porter un éclatant témoignage contre les procédés tout particuliers que se permettait l’Amirauté, soit pour se procurer des marins, soit pour écarter les réclamations incommodes auxquelles ses procédés sommaires avaient donné lieu. L’isolement relatif des villageois de l’intérieur ne les mettait point à l’abri de semblables entreprises. Maint et maint paysan, parti pour la foire où il allait s’engager à l’année, ne revint jamais dire chez lui quelle place il avait trouvée ; maint fils de fermier, jeune et robuste, cessa de s’asseoir au foyer de son père et fut à jamais perdu pour son amoureuse. — Tels furent les exploits de la presse des matelots pendant les premières années de la guerre avec la France, surtout après chacune des victoires navales qui marquèrent cette lutte acharnée. Les agents de l’Amirauté se tenaient à l’affût de tout 1 bâtiment marchand ; beaucoup de ces navires revenant après une longue absence — et revenant avec une riche cargaison — se virent abordés à douze heures de terre et dépeupler si bien par cette presse impitoyable, que leurs équipages désormais insuffisants, désormais incapables de les ramener au port, étaient réduits à les laisser dériver en pleine mer, où parfois ils se perdaient à jamais. Quant aux hommes ainsi pressés, c’est-à-dire enlevés, il leur arrivait souvent de voir disparaître en un jour le fruit rudement gagné de bien des années de travail, et leurs épargnes rester aux mains des propriétaires du navire où ils avaient servi, exposées à toutes les chances de l’improbité, à tous les hasards de vie ou de mort. Aujourd’hui cette tyrannie nous paraît surprenante. Nous ne comprenons guère qu’aucun enthousiasme guerrier, aucune panique d’invasion, aucune soumission loyale aux pouvoirs établis, aient pu si longtemps maintenir un pareil joug. La press-gang telle qu’on la voyait alors, — appuyée de patrouilles et de sentinelles qui barraient les rues et bloquaient les maisons à fouiller, — produit sur nous l’effet d’un mythe hideux, et c’est avec une surprise voisine de l’incrédulité que nous entendons parler de ces églises cernées pendant le service divin pour que les agents de...