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E-Book, Französisch, 121 Seiten

Gide Les Nourritures terrestres


1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-42122-0
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

E-Book, Französisch, 121 Seiten

ISBN: 978-2-322-42122-0
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark



Cette oeuvre de jeunesse, longuement mûrie, est celle d'un «convalescent [...] qui embrasse la vie comme quelque chose qu'il a failli perdre». Ni roman, ni essai, ni long poème en prose, cette oeuvre inclassable est un peu tout cela à la fois. Dans les huit livres qui la composent, le narrateur, se réclamant d'un maître appelé Ménalque, s'adresse à un disciple qui répond au nom biblique de Nathanaël et qui représente le lecteur virtuel du texte. Le propos de l'ouvrage est donné dès l'Avertissement qui précède le premier livre: «Que mon livre t'enseigne à t'intéresser plus à toi qu'à lui-même, - puis à tout le reste plus qu'à toi.» Puis, dans l'«Envoi» qui clôt le texte, l'auteur donne à son disciple ces ultimes conseils: «Nathanaël, à présent, jette mon livre. Émancipe-t-en. Quitte-moi. [...] Ne t'attache en toi qu'à ce que tu sens qui n'est nulle part ailleurs qu'en toi-même, et crée de toi, impatiemment ou patiemment, ah! le plus irremplaçable des êtres.» Ce livre exalté, sensuel et lyrique célèbre la vie, la nature et le désir.

André Gide est un écrivain français, né le 22 novembre 1869 à Paris 6e et mort le 19 février 1951 à Paris 7e. Il obtient le prix Nobel de littérature en 1947.

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LIVRE TROISIÈME
Villa Borghèse. Dans cette vasque… (pénombre)… chaque goutte, chaque rayon, chaque être, s’y mourait avec volupté. Volupté ! Ce mot, je voudrais le redire sans cesse ; je le voudrais synonyme de bien-être, et même qu’il suffît de dire être, simplement. Ah ! que Dieu n’ait pas créé le monde en vue simplement de cela, c’est ce qu’on ne parvient à comprendre qu’en se disant… etc. C’est un lieu de fraîcheur exquise, où le charme de dormir est si grand qu’il semblait jusqu’alors inconnu. Et là, des nourritures délicieuses attendaient que nous en eussions faim. Adriatique (3h du matin). Le chant de ces marins dans les cordages m’importune. Oh ! si tu savais, si tu savais, terre excessivement vieille et si jeune, le goût amer et doux, le goût délicieux qu’a la vie si brève de l’homme ! Si tu savais, éternelle idée de l’apparence, ce que la proche attente de la mort donne de valeur à l’instant ! Ô printemps ! les plantes qui ne vivent qu’un an ont leurs fragiles fleurs plus pressées. L’homme n’a qu’un printemps dans la vie et le souvenir d’une joie n’est pas une nouvelle approche du bonheur. Colline de Fiesole. . Belle Florence, ville d’étude grave, de luxe et de fleurs ; surtout sérieuse ; grain de myrte et couronne de « svelte laurier ». Colline de Vincigliata. Là j’ai vu pour la première fois les nuages, dans l’azur, se dissoudre ; je m’en étonnai beaucoup ne pensant pas qu’ils pussent ainsi se résorber dans le ciel, croyant qu’ils duraient jusqu’à la pluie et ne pouvaient que s’épaissir. Mais non : j’en observais tous les flocons un à un disparaître ; – il ne restait plus que de l’azur. C’était une mort merveilleuse ; un évanouissement en plein ciel. Rome, Monte Pincio. Ce qui fit ma joie ce jour-là, c’est quelque chose comme l’amour – et ce n’est pas l’amour – ou du moins pas celui dont parlent et que cherchent les hommes. – Et ce n’est pas non plus le sentiment de la beauté. Il ne venait pas d’une femme ; il ne venait pas non plus de ma pensée. Écrirai-je, et me comprendras-tu si je dis que ce n’était là que la simple exaltation de la LUMIERE ? J’étais assis dans ce jardin ; je ne voyais pas le soleil ; mais l’air brillait de lumière diffuse comme si l’azur du ciel devenait liquide et pleuvait. Oui vraiment, il y avait des ondes, des remous de lumière ; sur la mousse des étincelles comme des gouttes ; oui vraiment, dans cette grande allée on eût dit qu’il coulait de la lumière, et des écumes dorées restaient au bout des branches parmi ce ruissellement de rayons. …………………… Naples ; petite boutique du coiffeur devant la mer et le soleil. Quais de chaleur ; stores qu’on soulève pour entrer. On s’abandonne. Est-ce que cela va durer longtemps ? Quiétude. Gouttes de sueur aux tempes. Frisson de la mousse de savon sur les joues. Et lui qui raffine après qu’il a rasé, rase encore avec un rasoir plus habile et s’aidant à présent d’une petite éponge imbibée d’eau tiède, qui amollit la peau, relève la lèvre. Puis, avec une douce eau parfumée, il lave la brûlure laissée ; puis, avec un onguent, calme encore. Et pour ne bouger pas encore, je me fais couper les cheveux. Amalfi (dans la nuit). Il y a des attentes nocturnes d’on ne sait encor quel amour. Petite chambre au-dessus de la mer ; m’a réveillé la trop grande clarté de la lune, de la lune au-dessus de la mer. Quand je m’approchai de la fenêtre, je croyais que c’était l’aube et que j’allais voir se lever le soleil… Mais non… (chose déjà pleine et parfaitement accomplie) – la lune – douce, douce, douce comme pour l’accueil d’Hélène au second Faust. Mer déserte. Village mort. Un chien hurle dans la nuit… Loques à des fenêtres. Pas de place pour l’homme. Ne plus comprendre comment tout cela va se réveiller. Désolation excessive du chien. Le jour n’aura plus lieu. Impossibilité de dormir. Est-ce que tu feras… (ceci ou cela) : sortiras-tu dans le jardin désert ? descendras-tu vers la plage, t’y laver ? iras-tu cueillir des oranges, qui semblent grises sous la lune ? d’une caresse, consoleras-tu le chien ? (Tant de fois j’ai senti la nature réclamer de moi un geste, et je n’ai pas su lequel lui donner.) Attendre le sommeil qui ne va pas venir… Un enfant m’a suivi dans ce jardin entouré de murs, s’accrochant à la branche qui frôlait l’escalier. L’escalier menait à des terrasses longeant ce jardin ; l’on n’y paraissait pas pouvoir entrer. Ô petite figure que j’ai caressée sous les feuilles ! jamais assez d’ombre n’aura pu voiler ton éclat, et l’ombre des boucles sur ton front paraît toujours encore plus sombre. Je descendrai dans ce jardin, me pendant aux lianes et aux branches, et sangloterai de tendresse sous ces bosquets plus pleins de chants qu’une volière – jusqu’à l’approche du soir, jusqu’à l’annonce de la nuit qui dorera, puis approfondira l’eau mystérieuse des fontaines. Et les corps délicats épousés sous les branches. J’ai touché d’un doigt délicat sa peau nacrée. Je voyais ses pieds délicats qui posaient sans bruit sur le sable. Syracuse. Barque à fond plat ; ciel bas, qui parfois descendait jusqu’à nous en pluie tiède ; odeur de vase des plantes d’eau, froissement des tiges. La profondeur de l’eau dissimule l’abondant jaillissement de cette source bleue. Aucun bruit ; c’est, dans cette campagne solitaire, dans cette naturelle vasque évasée, comme une éclosion d’eau entre les papyrus. Tunis. Dans tout l’azur, rien que ce qu’il fallait de blanc pour une voile, de vert pour son ombre dans l’eau. La nuit. Bagues qui luisent dans l’ombre. Clartés de la lune, où l’on erre. Pensées différentes de celles du jour. Néfaste clarté de la lune au désert. Les démons rôdeurs des cimetières. Les pieds nus sur les dalles bleues. Malte. Extraordinaire ivresse des crépuscules d’été sur les places, quand il fait encore très clair et que pourtant on n’a plus d’ombres. Exaltation très spéciale. Nathanaël, je te raconterai les plus beaux jardins que j’ai vus : À Florence, on vendait des roses : certains jours la ville tout entière embaumait. Je me promenais chaque soir aux Cascines et le dimanche aux jardins Boboli sans fleurs. À Séville, il y a, près de la Giralda, une ancienne cour de mosquée ; des orangers y poussent par places, symétriques ; le reste de la cour est dallé ; les jours de grand soleil, on n’y a qu’une petite ombre restreinte ; c’est une cour carrée, entourée de murs ; elle est d’une grande beauté ; je ne sais pas t’expliquer pourquoi. Hors de la ville, dans un énorme jardin clos de grilles, croissent beaucoup d’arbres des pays chauds ; je n’y suis pas entré, mais, à travers les grilles, j’ai regardé ; j’ai vu courir des pintades et j’ai pensé qu’il y avait là beaucoup d’animaux apprivoisés. Que te dirais-je de l’Alcazar ? jardin semblant de merveille persane ; je crois, en t’en parlant, que je le préfère à tous les autres. J’y pense, en relisant Hafiz : Apportez-moi du vin Que je tache ma robe, Car je chancelle d’amour Et l’on m’appelle sage. Des jeux d’eaux sont préparés dans les allées ; les allées sont dallées de marbre, bordées de myrtes et de cyprès. Des deux côtés sont des bassins de marbre, où les amantes du roi se lavaient. On n’y voit d’autres fleurs que des roses, des narcisses et des fleurs de laurier. Au fond du jardin, il y a un arbre gigantesque, où l’on se figure un bulbul épinglé. Près du palais, d’autres bassins de très mauvais goût rappellent ceux des cours de la Résidence à Munich, où il y a des statues faites tout en coquilles. C’est dans les jardins royaux de Munich que j’allai, un printemps, goûter les glaces à l’herbe de mai, près d’une obstinée musique militaire ! Un public inélégant, mais mélomane. Le soir s’enchantait de pathétiques rossignols. Leur chant m’alanguissait, comme celui d’une poésie allemande. Il est une certaine intensité de délices que l’homme peut à peine dépasser et non sans larmes. Les délices mêmes de ces jardins me faisaient presque douloureusement songer que j’aurais aussi bien pu être ailleurs. C’est pendant cet été que j’appris à jouir plus particulièrement des températures. Les paupières sont admirablement aptes à cela. Je me souviens d’une nuit en wagon, que je passai devant la fenêtre ouverte, uniquement occupé à goûter l’attouchement du souffle plus frais ; je fermais les yeux, non pour dormir, mais pour cela. La chaleur avait été, durant tout le jour, étouffante et, ce soir, l’air encore tiède pourtant paraissait frais et liquide à mes paupières enflammées. À Grenade, les terrasses du Généraliffe, plantées de lauriers-roses, n’étaient pas fleuries lorsque je les vis ; ni le Campo Santo de Pise ; ni le petit cloître de Saint-Marc, que j’aurais souhaité plein de roses. Mais à Rome, le Monte Pincio, je l’ai vu dans la plus belle saison. Durant les après-midi accablants, on y venait chercher de la fraîcheur. Demeurant auprès, je m’y...



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