Gide | Retour de l'URSS (suivi de : Retouches à mon Retour de l'URSS) | E-Book | sack.de
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E-Book, Französisch, 146 Seiten

Gide Retour de l'URSS (suivi de : Retouches à mon Retour de l'URSS)

l'épopée soviétique d'André Gide
1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-39097-7
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

l'épopée soviétique d'André Gide

E-Book, Französisch, 146 Seiten

ISBN: 978-2-322-39097-7
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark



RÉSUMÉ : "Retour de l'URSS" suivi de "Retouches à mon Retour de l'URSS" est une oeuvre emblématique d'André Gide, un écrivain français de renom. Ce livre est le témoignage de son voyage en Union soviétique en 1936, une période de grandes transformations politiques et sociales. Gide, initialement séduit par les idéaux communistes, espérait trouver en URSS un modèle de société plus juste. Cependant, son séjour lui révèle une réalité bien différente de ses attentes. À travers une analyse minutieuse et des observations personnelles, il décrit un régime totalitaire où la liberté individuelle est sacrifiée au nom d'une idéologie. "Retouches à mon Retour de l'URSS" est une réponse aux critiques reçues après la publication du premier ouvrage, où Gide clarifie et approfondit ses réflexions. Ce livre est non seulement un document historique précieux, mais aussi une réflexion profonde sur la désillusion politique et les limites des utopies. En intégrant ses impressions avec une honnêteté désarmante, Gide offre une critique incisive du stalinisme, tout en soulignant l'importance de la liberté de pensée. Son récit, riche en détails et en émotions, invite le lecteur à réfléchir sur les complexités des systèmes politiques et la quête incessante de justice sociale. __________________________________________ BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR : André Gide, né le 22 novembre 1869 à Paris, est l'un des écrivains les plus influents de la littérature française du XXe siècle. Issu d'une famille protestante bourgeoise, Gide est profondément marqué par une éducation rigide, ce qui le pousse à explorer des thèmes de liberté individuelle et de révolte contre les conventions sociales dans ses oeuvres. Lauréat du prix Nobel de littérature en 1947, il est reconnu pour sa prose élégante et sa capacité à aborder des sujets complexes avec une clarté remarquable. Parmi ses oeuvres majeures, on compte "Les Nourritures terrestres", "L'Immoraliste" et "Les Faux-monnayeurs", qui témoignent de son intérêt pour la psychologie humaine et les dilemmes moraux. Engagé politiquement, Gide a d'abord soutenu le communisme, mais son voyage en URSS en 1936 le conduit à une critique sévère du régime stalinien, comme en témoigne "Retour de l'URSS". Son oeuvre, empreinte de réflexions philosophiques et d'une quête incessante de vérité, continue d'inspirer et de susciter des débats. Gide meurt le 19 février 1951, laissant derrière lui un héritage littéraire inestimable.

André Gide (1869-1951) est un écrivain français, Prix Nobel de Littérature 1947.
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I


En contact direct avec un peuple de travailleurs, sur les chantiers, dans les usines ou dans les maisons de repos, dans les jardins, les « parcs de culture », j’ai pu goûter des instants de joie profonde. J’ai senti parmi ces camarades nouveaux une fraternité subite s’établir, mon coeur se dilater, s’épanouir. C’est aussi pourquoi les photographies de moi que l’on a prises là-bas me montrent plus souriant, plus riant même, que je ne puis l’être souvent en France. Et que de fois, là-bas, les larmes me sont venues aux yeux, par excès de joie, larmes de tendresse et d’amour : par exemple, à cette maison de repos des ouvriers mineurs de Dombas aux environs immédiats de Sotchi... Non, non ! il n’y avait là rien de convenu, d’apprêté ; j’étais arrivé brusquement, un soir, sans être annoncé ; mais aussitôt j’avais senti près d’eux la confiance.

Et cette visite inopinée dans ce campement d’enfants, près de Borjom, tout modeste, humble presque, mais où les enfants, rayonnants de bonheur, de santé, semblaient vouloir m’offrir leur joie. Que raconter ? Les mots sont impuissants à se saisir d’une émotion si profonde et si simple... Mais pourquoi parler de ceux-ci plutôt que de tant d’autres ? Poètes de Géorgie, intellectuels, étudiants, ouvriers surtout, je me suis épris pour nombre d’entre eux d’une affection vive, et sans cesse je déplorais de ne connaître point leur langue. Mais déjà se lisait tant d’éloquence affectueuse dans les sourires, dans les regards, que je doutais alors si des paroles y eussent pu beaucoup ajouter. Il faut dire que j’étais présenté partout là-bas comme un ami : ce qu’exprimaient encore les regards de tous, c’est une sorte de reconnaissance. Je voudrais la mériter plus encore ; et cela aussi me pousse à parler.

Ce que l’on vous montre le plus volontiers, ce sont les plus belles réussites ; il va sans dire et cela est tout naturel ; mais il nous est arrivé maintes fois d’entrer à l’improviste dans des écoles de village, des jardins d’enfants, des clubs, que l’on ne songeait point à nous montrer et qui sans doute ne se distinguaient en rien de beaucoup d’autres. Et ce sont ceux que j’ai le plus admirés, précisément parce que rien n’y était préparé pour la montre.

Les enfants, dans tous les campements de pionniers que j’ai vus, sont beaux, bien nourris (cinq repas par jour), bien soignés, choyés même, joyeux. Leur regard est clair, confiant ; leurs rires sont sans malignité, sans malice ; on pourrait, en tant qu’étranger, leur paraître un peu ridicule : pas un instant je n’ai surpris, chez aucun d’eux, la moindre trace de moquerie.

Cette même expression de bonheur épanoui, nous la retrouverons souvent chez les aînés, également beaux, vigoureux. Les « parcs de culture » où ils s’assemblent au soir, la journée de travail achevée, sont d’incontestables réussites ; entre tous, celui de Moscou.

J’y suis retourné souvent. C’est un endroit où l’on s’amuse ; comparable à un qui serait immense. Aussitôt la porte franchie on se sent tout dépaysé. Dans cette foule de jeunes gens, hommes et femmes, partout le sérieux, la décence ; pas le moindre soupçon de rigolade bête ou vulgaire, de gaudriole, de grivoiserie, ni même de flirt. On respire partout une sorte de ferveur joyeuse. Ici, des jeux sont organisés ; là, des danses ; d’ordinaire un animateur ou une animatrice y préside et les règle, et tout se passe avec un ordre parfait. D’immenses rondes se forment où chacun pourrait prendre part ; mais les spectateurs sont tou jours beaucoup plus nombreux que les danseurs. Puis ce sont des danses et des chants populaires, soutenus et accompagnés le plus souvent par un simple accordéon. Ici, dans cet espace enclos et pourtant d’accès libre, des amateurs s’exercent à diverses acrobaties ; un entraîneur surveille les « sauts périlleux », conseille et guide ; plus loin, des appareils de gymnastique, des agrès ; l’on attend patiemment son tour ; l’on s’entraîne. Un grand espace est réservé aux terrains de  ; et je ne me lasse pas de contempler la robustesse, la grâce et la beauté des joueurs. Plus loin ce sont les jeux tranquilles : échecs, dames et quantité de menus jeux d’adresse ou de patience, dont certains que je ne connaissais pas, extrêmement ingénieux ; comme aussi quantité de jeux exerçant la force, la souplesse ou l’agilité, que je n’avais vus nulle part et que je ne puis chercher à décrire, mais dont quelques-uns auraient certainement grand succès chez nous. De quoi vous occuper pendant des heures. Il y en a pour les adultes, d’autres pour les enfants. Les tout-petits ont leur domaine à part, où ils trouvent de petites maisons, de petits trains, de petits bateaux, de petites automobiles et quantité de menus instruments à leur taille. Dans une grande allée et faisant suite aux jeux tranquilles (qui toujours ont tant d’amateurs qu’il faut parfois attendre longtemps pour trouver, à son tour, une table libre), sur des panneaux de bois, des tableaux proposent rébus, énigmes et devinettes. Tout cela, je le répète, sans la moindre vulgarité ; et toute cette foule immense, d’une tenue parfaite, respire l’honnêteté, la dignité, la décence ; sans contrainte aucune d’ailleurs et tout naturellement. Le public, en plus des enfants, est presque uniquement composé d’ouvriers qui viennent là s’entraîner aux sports, se reposer, s’amuser ou s’instruire (car il y a aussi des salles de lecture, de conférences, des cinémas, des bibliothèques, etc.). Sur la Moskova, des piscines. Et, de-ci, de-là, dans cet immense parc, de minuscules estrades où pérore un professeur improvisé ; ce sont des leçons de choses, d’histoire ou de géographie avec tableaux à l’appui ; ou même de médecine pratique, de physiologie, avec grand renfort de planches anatomiques, etc. On écoute avec un grand sérieux. Je l’ai dit, je n’ai surpris nulle part le moindre essai de moquerie2 .

Mais voici mieux : un petit théâtre en plein air ; dans la salle ouverte, quelque cinq cents auditeurs, entassés (pas une place vide), écoutent, dans un silence religieux, un acteur réciter du Pouchkine (un chant d’ ). Dans un coin du parc, près de l’entrée, le quartier des parachutistes. C’est un sport fort goûté là-bas. Toutes les deux minutes, un des trois parachutes, détaché du haut d’une tour de quarante mètres, dépose un peu brutalement sur le sol un nouvel amateur. Allons ! qui s’y risque ? On s’empresse ; on attend son tour ; on fait la queue. Et je ne parle pas du grand théâtre de verdure où, pour certains spectacles, s’assemblent près de vingt mille spectateurs.

Le parc de culture de Moscou est le plus vaste et le mieux fourni d’attractions diverses ; celui de Leningrad, le plus beau. Mais chaque ville en U.R.S.S., à présent, possède son parc de culture, en plus de ses jardins d’enfants.

J’ai également visité, il va sans dire, plusieurs usines. Je sais et me répète que, de leur bon fonctionnement dépend l’aisance générale et la joie. Mais je n’en pourrais parler avec compétence. D’autres s’en sont chargés ; je m’en rapporte à leurs louanges. Les questions psychologiques seules sont de mon ressort ; c’est d’elles, surtout et presque uniquement, que je veux ici m’occuper. Si j’aborde de biais les questions sociales, c’est encore au point de vue psychologique que je me placerai.

L’âge venant, je me sens moins de curiosité pour les paysages, beaucoup moins, et si beaux qu’ils soient ; mais de plus en plus pour les hommes. En U.R.S.S. le peuple est admirable ; celui de Géorgie, de Kakhétie, d’Abkhasie, d’Ukraine (je ne parle que de ce que j’ai vu), et plus encore, à mon goût, celui de Leningrad et de la Crimée.

J’ai assisté aux fêtes de la jeunesse de Moscou, sur la Place Rouge. Les bâtiments qui font face au Kremlin dissimulaient leur laideur sous un masque de banderoles et de verdure. Tout était splendide, et même (je me hâte de le dire ici, car je ne pourrai le dire toujours),...



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