E-Book, Französisch, 166 Seiten
Leconte / Benyamina La sirène abyssale
1. Auflage 2024
ISBN: 978-2-322-51205-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 166 Seiten
ISBN: 978-2-322-51205-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Pascale Leconte est une auteure francophone. Elle a écrit "Jack l'éventreur n'est pas un homme", un roman basé sur des faits historiques où elle attribue les crimes de Jack l'Eventreur à la jeune américaine Florence Chandler Maybrick, ayant réellement vécu en 1888. Elle a écrit le recueil de nouvelles gourmandes "Framboise et volupté" publié chez Stellamaris Edition, illustré par Martin Trystram. Ainsi que les romans illustrés "Le dernier conte" et "L'éveil de la rose : En quête d'une sexualité consciente" édité chez BLE Edition en collaboration avec l'illustratrice Agnès Fouquart. Elle a publié le roman "La sirène Abyssale", dont Camille Benyamina a réalisé la couverture.
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CHAPITRE 1
Observation.
Les mains de Toulouse plongèrent dans l’eau savonneuse du lavabo en granit.
Ses doigts se perdirent sous la mousse d’un blanc laiteux.
Le jeune homme souffla sur la mèche blonde qui lui tombait devant les yeux puis il remonta les manches de son sweat-shirt à rayures qui lui servait d’uniforme.
Avec précaution, il nettoya un verre en cristal avant de le poser sur l’étendoir de la paillasse.
La vaisselle qui séchait était en porcelaine fine, Toulouse admira cette précieuse batterie puis essuya son verre.
Il le remplit d’un jus de pomme ambré et le but d’un trait.
Jouer du piano durant deux heures sur le ponton ensoleillé d’un yacht lui avait donné soif…
Il se resservit une seconde fois avant de croquer dans la chair sucrée d’un abricot.
Sa pause s’achevait, la famille de Vanves attendait la suite de son spectacle musical.
Toulouse Materla était passionné de peinture et d’art néanmoins il gagnait sa vie comme pianiste pour différents événements festifs ou privés.
Il avait un planning si chargé qu’il était constamment épuisé. Entre les cours au Conservatoire qu’il dispensait aux enfants et ses concerts de piano-bar le vendredi et le samedi soir, il parvenait avec peine à se dégager du temps pour réaliser les œuvres picturales qu’il chérissait tant.
Son dimanche était entièrement consacré au divertissement d’Edgar-Louis de Vanves et ses proches.
Toulouse Materla se prenait souvent à rêver d’être à la place de Charles, le fils de son patron. Lui semblait avoir une vie faite de plaisirs et d’insouciance grâce à l’abondante fortune paternelle. Cela ne manquait d’ailleurs pas de susciter un sentiment de jalousie chez le jeune pianiste qui luttait avec acharnement pour faire de maigres économies…
Tous les dimanches depuis maintenant six mois, Toulouse était réquisitionné sur le luxueux yacht du patron de la société Agropolis. Ce mélomane invétéré habitait en bordure de mer et passait la plupart de ses week-ends à bord de son yacht personnel.
Monsieur de Vanves avait fait installer un piano à queue sur la terrasse arrière de son bateau, car il aimait lézarder au soleil en écoutant les reprises classiques magistralement interprétées par le jeune Toulouse.
Son épouse et ses deux enfants déjà adultes profitaient de ces moments de grâce dès que leurs emplois du temps le leur permettaient.
Aujourd’hui, ils s’étaient réunis afin de gérer les derniers détails concernant l’anniversaire de Mademoiselle Adèle. Leur fille cadette célèbrerait son vingtième printemps le week-end prochain.
Le son ténu d’une clochette retentit dans la cabine du yacht, indiquant que sa musique se faisait attendre.
Toulouse remplit un dernier verre de jus de fruits qu'il déposa sur un plateau d’argent afin de l’emporter avec lui.
Il n’eut aucun mal à se faufiler dans l’escalier étroit qui menait à la terrasse. À force de circuler d’un bout à l’autre du yacht, il en connaissait les moindres recoins par cœur.
Une lumière crue l’aveugla un court instant, il était seize heures, pourtant l’astre solaire semblait encore être à son zénith.
La chaleur qui régnait à l’extérieur plomba l’énergie du jeune homme ; il observa avec envie le verre givré qu’il transportait en équilibre instable sur le plateau.
Le yacht mouillait dans une crique déserte, loin du regard des passants déambulant près du port.
La famille de Vanves s’y était installée en début d’après-midi.
Le cri des mouettes se mêlait subtilement au ressac des vagues. Toulouse respirait le calme et la douceur de vivre.
Encore deux heures de service puis il rejoindrait Sanne, il passerait ensuite la soirée à peindre une nouvelle toile.
Mlle Adèle papotait au téléphone, tranquillement allongée sur son transat. Son corps bronzé n’était couvert que d’un bikini d’un blanc si éclatant qu’il fit plisser les paupières du pianiste.
Cachée derrière ses lunettes de soleil, la jeune fille regarda la haute silhouette de Toulouse s’approcher.
– T’es folle ! s’exclama-t-elle. J’ai déjà dit oui à Max, je peux pas changer d’avis…
Le musicien retroussa ses manches et s’assit devant l’instrument en bois laqué.
– Pourquoi pas, Lisa…, continua-t-elle, en lançant un sourire gourmand au beau pianiste.
Madame de Vanves se limait les ongles, installée, elle aussi, sur un large transat à côté de sa fille.
Excepté l’âge, Mme de Vanves était la copie conforme d’Adèle. Peau excessivement hâlée, maillot blanc immaculé et large chapeau qui protégeait son visage de l’ensoleillement.
Toulouse posa ses doigts sur les touches nacrées et improvisa une ritournelle entêtante.
Dès qu’Adèle eut terminé sa conversation téléphonique, elle rejoignit le musicien et s’accouda au piano.
– Mon cher Toulouse, tu n’es pas censé ignorer que vendredi prochain sera un jour particulier, n’est-ce pas ? murmura-t-elle en se penchant vers lui.
– Nous fêterons vos vingt ans, répondit-il, concentré sur le clavier de son instrument.
– Exactement ! s’enorgueillit-elle.
– Le piano-bar où je travaille habituellement a accepté de me remplacer afin que je puisse vous réserver ma soirée. Je me ferai une joie de venir vous divertir.
– Parfait. À cette occasion, je vous demande de revêtir un costume différent. Votre uniforme habituel est adorable mais il faudrait des habits plus seyants. Possédez-vous déjà un smoking ?
– Oui, il me semble avoir un veston de velours et son pantalon assorti. Par contre, l’ensemble est couleur prune… Peut-être auriez-vous préféré une teinte plus sobre ?
– Non. Ce sera parfait, le noir est d’un barbant !
– J’espère que ton excentricité n’attirera pas trop le regard des jolies invitées, Toulouse ! interrompit soudain une voix masculine.
Charles de Vanves, un jeune homme aux cheveux noirs gominés, venait de les rejoindre sur le ponton.
– Il est des mondes qui ne peuvent se mélanger, rajouta Charles en toisant sa sœur.
– Je serai discret, comme à mon habitude, Monsieur Charles, répondit froidement Toulouse. Je jouerai un répertoire classique durant le repas. Puis je m’éclipserai afin de laisser place à la musique contemporaine de votre playlist.
– Je pourrais te prêter l’un de mes vieux costumes, poursuivit Charles avec mépris. Adèle, puis-je te rappeler que ton fiancé n’apprécie guère la concurrence…
– Oh, lâche-moi avec Max ! s’énerva-t-elle.
Agacé, Toulouse cessa un instant sa mélodie pour boire une gorgée de jus de pomme.
– Pardonnez-moi, mais je ne parviens pas à jouer correctement si nous parlons, s’excusa Toulouse. Pouvons-nous poursuivre cette discussion lorsque j’aurai terminé ma prestation ?
Les deux de Vanves acquiescèrent puis se dirigèrent vers la domestique qui venait leur proposer des brochettes apéritives.
Penché au-dessus du bastingage, Toulouse regardait l’horizon.
Une brise venant du sud caressait ses cheveux.
Il croqua dans une pomme et la dégusta lentement, ne quittant pas des yeux le paysage qui s’offrait à lui.
Il observait la côte et sa ville qui s’étalait le long du littoral.
Tel un harpon projeté dans l’eau, un goéland plongea à quelques mètres du yacht. Très vite, le volatile remonta à la surface, un poisson frétillant prisonnier de son bec.
Le jeune homme s’étira en respirant l’air salin, le yacht arrivait enfin au port.
– Toulouse ! entendit-il à l’avant du bateau. On a amarré, tu peux descendre !
Ravi, il jeta le reste du fruit par-dessus bord, puis s’en alla.
En un vol plané, le trognon transperça la surface de l’eau et s’enfonça dans la mer.
La pomme aurait pu descendre la dizaine de mètres qui la séparait du fond marin, toutefois une main gélatineuse la recueillit dans sa paume…
Une créature aquatique scrutait le curieux...