E-Book, Französisch, Band 1, 196 Seiten
Reihe: La licorne de Nazareth
Leconte La licorne de Nazareth
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-38272-9
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Tome 1 : Maryam
E-Book, Französisch, Band 1, 196 Seiten
Reihe: La licorne de Nazareth
ISBN: 978-2-322-38272-9
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Proche-Orient, Antiquité. Enceinte, Maryam, une adolescente de quinze ans, est vouée à la lapidation. Par son audace, elle y échappera en décidant de faire de son futur enfant, le sauveur tant attendu par son peuple. Et si la sainte Vierge n'était pas comme on le prétend ? Pour survivre, aurait-elle monté de toutes pièces l'Immaculée Conception, l'ange Gabriel et les fameux rois mages ? Ce récit illustre le pouvoir d'autopersuasion insoupçonné qui est présent en chacun de nous. Yeshua serait-il devenu le "Sauveur de l'humanité" s'il n'avait pas eu la mère que fut Maryam ? Inspirée par la forte intuition que la Vierge Marie était une jeune fille comme les autres, mais que, confrontée à la mort, elle se révéla autrement plus audacieuse, l'autrice revisite cette histoire ancestrale sous un regard réaliste et contemporain. Une relecture moderne et féministe de l'histoire de la Vierge Marie ou comment la volonté d'une femme condamnée à mort parviendra à transformer sa destinée en l'élevant au rang de mythe.
Pascale Leconte est une auteure francophone. Elle a écrit "Jack l'éventreur n'est pas un homme", un roman basé sur des faits historiques où elle attribue les crimes de Jack l'Eventreur à la jeune américaine Florence Chandler Maybrick, ayant réellement vécu en 1888. En 2017, ce roman est traduit en anglais. Il porte le nom de "Jack the Ripper is not a man". Elle a écrit "Framboise et volupté" publié chez Stellamaris Edition, illustré par Martin Trystram. Ainsi que les romans illustrés "Le dernier conte" et "L'éveil de la rose : En quête d'une sexualité consciente" édité chez BLE Edition en collaboration avec l'illustratrice Agnès Fouquart. En juillet 2018, elle a publié le roman abyssal intitulé "Mais que pensent les méduses ?", dont Camille Benyamina a réalisé la couverture. Ainsi que plusieurs livres de développement personnel.
Autoren/Hrsg.
Weitere Infos & Material
ACTE 1 :
Conception.
Je me nomme Maryam Bath Joachim, j’ai quinze ans et je vais bientôt mourir. Je porte en moi le germe qui, par sa seule présence, causera ma perte. Tant que je me tais, je vivrai. Pour autant, un jour pas si lointain, mon corps parlera pour moi. Et il n’y aura alors nulle autre échappatoire qu’attendre la main fatale qui m’exécutera. Le propriétaire de cette main dont j’ignore encore l’identité me tuera aussi sûrement que le soleil se couche chaque soir sur le mont Carmel. Pire, sa main effectuera cette tâche ignoble en étant intimement convaincue de la respectabilité et de la nécessité de son geste. En prenant la décision de mettre par écrit ce passage crucial de mon existence, j’ai comme l’impression que cela m’aidera à y voir plus clair, à trouver, si elle existe, une issue salvatrice à cette fatalité. Je ne suis qu’une femme, pourtant j’ai eu le privilège d’avoir appris à lire et à écrire. Fait hors du commun, car dans mon pays, seuls certains hommes, riches de surcroît, bénéficient de cet enseignement précieux. Compte tenu des circonstances, puisque je maîtrise cet art, me voilà poussée à l’utiliser chaque jour. Qui sait ? Peut-être mes pensées apporteront-elles quelques éclairages dignes d’intérêt concernant le quotidien des jeunes filles vivant à mon époque ? Je suis née à Nazareth. Une bourgade insignifiante située au nord de Canaan, à trois jours de marche de la grande Yerushalaim. J’y habite toujours. En quinze ans, rien n’a changé, les années s’écoulent pareilles à elles-mêmes depuis des temps immémoriaux. Des changements ? Quelle idée saugrenue… J’ignore même pourquoi cette idiotie m’a traversé l’esprit. Tout est figé ici. Les gens, leurs ségrégations, les habitudes, l’alimentation, les rituels sacrés, la hiérarchie avec son lot de dominants et de dominés ; dominés dont je fais malheureusement partie. Non à cause de mon statut social, mais en tant que femme par rapport aux hommes. Mes parents sont fortunés. Voilà encore une faveur dont Hachem1 m’a gratifiée. Ma maison se trouve au pied d’une colline verdoyante, un peu à l’écart du centre du village. Le calme qui y règne favorise l’introspection dans laquelle j’aime si souvent m’abandonner. Ma demeure est spacieuse, j’y ai même ma propre chambre. Cette bâtisse est entourée d’un vaste domaine où broutent vaches, brebis et ânes. Notre potager n’est pas en reste, il abonde de fruits, de légumes et de fleurs comestibles dont la beauté n’a d’égal que leur saveur. Mais voilà, je ne suis rien comparée à mon père et ses confrères masculins. Ma condition de femme est aussi la cause de ma mort annoncée. Ah ! Si seulement j’avais été un homme… mon futur ne me serait pas ôté si prématurément. Excepté mes proches, personne ne connaît la couleur de mes cheveux, car on ne les voit pas. Dès que je sors, je les cache sous un voile comme l’exige la coutume. Ainsi, je réserve ma chevelure chatoyante pour l’intimité de mon foyer. Là où mes grands-parents paternels, mon père et ma mère vivent en harmonie. Eleli, ma sœur de seize ans mon aînée, habite dans la demeure de son époux et s’occupe de leurs trois filles. La petite dernière vient de naître. Elle est en parfaite santé, pourvu que cela perdure ! Il n’y a que des filles dans notre lignée familiale. Le patriarche est sévère avec nous, il aurait tant aimé engendrer un fils. Or cela fait plusieurs générations que nous ne donnons naissance qu’à des femmes. Est-ce une malédiction ? Je l’ignore. En tout cas, c’est un fait. Sans doute au-delà de nos frontières est-ce identique, toutefois dans mon pays, les femmes sont à peine mieux traitées que les animaux. Nous aimons beaucoup les animaux et nous en prenons soin, pour autant, nous les mangeons lorsqu’il s’agit de festoyer… Notre sentiment d’affection envers eux est-il vraiment sincère ? Je me suis souvent posé la question. Mes yeux possèdent la couleur translucide du lac de Tibériade, cela crée un contraste troublant avec mes cheveux noirs. En raison de l’ensoleillement constant qui inonde ma région natale, ma peau arbore la chaude couleur du miel. J’aime mon pays autant que les merveilles gustatives dont il regorge. Si je m’écoutais, je ne me nourrirais que de dattes, de figues et de sarrasin grillé. Je n’ai pas à rougir quand je vous dis que les traits de mon visage sont fins et délicats. C’est ainsi, je suis jolie. Pourtant, ce détail anecdotique est, j’en suis convaincue, à l’origine de mes problèmes… Si j’avais été laide, mon destin aurait-il été différent ? Le soir où la quiétude de mon existence allait disparaître à jamais, ce soir-là, mon voile cachait parfaitement ma chevelure. Il tombait même assez bas sur mon front, masquant en partie le haut de mon visage. Mais sans doute, ma mort précoce est-elle écrite dans les astres depuis toujours. Avez-vous déjà vécu une absence ? Une subite perte de connaissance ? Il y a quatre mois environ, cela m’est arrivé… Ce matin-là, je me suis fait réveiller à coups de talon, sous un soleil écrasant. Le garde romain qui effectuait sa ronde me martelait le mollet avec la semelle de ses sandales. Il me secouait comme si je n’étais rien d’autre qu’un sac de jute rempli d’étoupe ! À ses côtés, son collègue ricanait d’un air méprisant. — Hé ! Réveille-toi, maudite Tzigane ! brailla-t-il. — Je ne suis pas tzigane, murmurai-je. Mais comment aurait-il pu le savoir ? En vérité, tout dans mon apparence faisait penser à une gitane en haillons… Je gisais, inconsciente, sur le chemin rocailleux qui menait au village. Mon voile, à présent dénoué, était couvert de poussière. Horreur ! Ma chevelure se révélait être exposée aux yeux de tous. Ma tête bourdonnait comme une ruche d’abeilles en furie. Ma jupe retroussée dénudait mes cuisses de façon impudique… J’étais submergée de honte. Comment m’étais-je retrouvée dans cette situation ? Et ce garde qui continuait à me malmener de ses pieds crottés. — Debout ! Ramasse tes fruits pourris ! « Mais que croit-il ? » pensai-je. « Je suis une fille honorable. Ne peut-il me venir en aide au lieu de rire comme un âne ?! » Je tentai de m’asseoir avant de cracher sur le sol, ma bouche ayant côtoyé de trop près la terre desséchée. Mon regard se posa alors sur mon panier d’osier ; il s’était renversé. Les raisins qu’il contenait avaient roulé autour de lui. Certaines grappes ayant été écrasées lors de ma chute répandaient leur jus rougeâtre. — Les raisins de Salomé…, me lamentai-je. Les voici infestés de mouches. Ils sont bons à jeter. Sans la moindre compassion, le soldat romain renchérit : — Pressons… Lève-toi. Cette maudite nuit passée au bord du chemin allait-elle causer ma perte ? Qui aurait encore foi en ma vertu après une telle expérience ? Si Aaron venait à l’apprendre, ce serait catastrophique… Jusqu’à présent, je chérissais le ciel de devoir patienter deux longues années, le temps que dureraient nos fiançailles. Mais depuis cette nuit, je brûle d’impatience de me marier, craignant qu’il ne change d’avis en découvrant cela. Que m’était-il donc arrivé ? Un étourdissement ? Une insolation ? Un coup sur la tête ? Ce dont je me souvenais était cette soudaine absence de lumière : un noir mat, impénétrable. Un noir plus profond qu’une forêt de térébinthes. Un noir ? Un noir ou du rouge ? La couleur du sang… Oh, je ne sais plus, voilà. Je ne sais plus rien. Cette amnésie m’a volé ma nuit, mais pourquoi...