E-Book, Französisch, Band 6, 214 Seiten
Reihe: Secrets d'histoire
Lenotre Le roi Louis XVII et l'énigme du temple
1. Auflage 2021
ISBN: 978-2-322-24999-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
un mystère historique enfin éclairci
E-Book, Französisch, Band 6, 214 Seiten
Reihe: Secrets d'histoire
ISBN: 978-2-322-24999-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
G. Lenotre, nom de plume de Louis Léon Théodore Gosselin, né le 7 octobre 1855 au château de Pépinville à Richemont près de Thionville et mort le 7 février 1935 à Paris, est un historien et auteur dramatique français. Après avoir tenté une première fois d'entrer à l'Académie française en 1909, au fauteuil de Victorien Sardou, il est élu en 1932 au fauteuil de René Bazin par 20 voix, mais meurt le 7 février 1935 d'une crise cardiaque, sans y avoir prononcé son discours de réception en hommage à René Bazin.
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CHAPITRE II
LA COMMUNE
Le nouveau pouvoir intrus qui siégeait à l'Hôtel de Ville portait en effet, sinon dans ses intentions ardemment révolutionnaires, du moins dans ses aptitudes la tare de son recrutement. Après avoir tenté d'esquisser l'installation de la famille de Louis XVI au Temple et avant de pénétrer dans le récit des énigmatiques péripéties de la captivité du Dauphin, il importe de connaître quelles étaient l'origine et la composition de cette Commune parisienne qui, abusant de la pusillanimité du Corps législatif, s'arrogea la garde des prisonniers royaux dont elle demeure comptable envers l'Histoire. Elle naquit illégalement d'un mouvement populaire auquel l'immense majorité des électeurs parisiens ne prit aucune part.
Dans la nuit du 9 au 10 août, l'Assemblée générale des quarante-huit sections de la capitale, siégeant à la salle des Enfants Trouvés, a décidé de nommer trois délégués par section afin d'aviser aux moyens prompts de sauver la chose publique en obtenant la déchéance du Roi. Un certain nombre de sections s'empressèrent de répondre à cette invitation et, peu après onze heures du soir, tandis que dans la ville le tocsin commençait à sonner, les premiers commissaires désignés par acclamation arrivaient à l'Hôtel de Ville où se tenait, dans la grande salle du premier étage, le Conseil général constitutionnellement élu cinq mois auparavant et composé de cent quarante-quatre membres81.
Les nouveaux venus entraient à la Maison Commune manifestement très perplexes sur la façon dont ils allaient procéder pour sauver la chose publique ; parmi les premiers arrivés se trouvaient un menuisier, Boisseau, un ancien commis aux barrières, Huguenin, un ouvrier bijoutier, Rossignol, envoyés par la section des Quinze-Vingt ; un mercier, Bonhomet, un marchand de vins, David, et un homme de loi, Lulier, représentant la section Mauconseil ; un contrôleur au Mont-de-Piété, Concedieu, faisant partie de la délégation de l'Arsenal ; un homme de lettres, Robert, et le cordonnier Simon, dépêchés par la turbulente section du Théâtre-Français82. Peu à peu ce petit groupe se renforça : à trois heures du matin vingt des sections de Paris y étaient représentées ; ce n'était pas encore la majorité et les commissaires, ne se sentant pas en force, relégués, sans rien faire ni décider, dans une pièce voisine de celle où continuait à siéger le Conseil général, jugèrent urgent d'expédier à leurs mandataires des émissaires pour réclamer l'adjonction de trois délégués supplémentaires par section, ce qui devait porter leur nombre total à 288, double de celui des membres du Conseil légal. En même temps ils convoquaient en hâte la force armée parisienne et bientôt 1.600 hommes83, répondant à l'appel, se massaient sur la place de Grève et entouraient la Maison Commune.
A l'aube, les sectionnaires sont au nombre de 82 : ils représentent 27 sections : le moment est venu d'agir ils pénètrent dans la salle du Conseil général, l'expulsent et prennent sa place. A sept heures du matin la substitution est opérée et c'est à cette même heure que la populace armée se porte en foule vers les Tuileries ; à neuf heures et demie le premier coup de canon est tiré. Tant que dure la bataille, les sectionnaires ne quittent pas l'Hôtel de Ville ; ils s'y constituent, sous la présidence d'Huguenin, en , s'activant à procurer des munitions aux assaillants du château, donnant l'ordre de le démolir s'il le faut, de ne faire grâce à qui que ce soit, appelant à l'aide les patriotes de la banlieue. Dans la cour de l'Hôtel de Ville 96 soldats suisses, défenseurs des Tuileries, sont amenés prisonniers et immédiatement massacrés ; à midi, on annonce enfin que la demeure du Roi est au pouvoir du peuple. Quelle joie ! Quel tumulte ! Quels cris de triomphe ! On en a l'écho par ces lignes du Journal de Chaumette ; A midi je cours à la Maison commune ; on m'y reçoit au milieu des embrassements ; on me place sur-lechamp au bureau... Le sang... les 96 Suisses... les filous et mille autres... j'aurais besoin de verser une larme. Un de mes amis, la tête bandée, la figure déchirée, me tend les bras : — Je vis, me dit-il, et nous avons gagné la victoire ! — Je me précipite sur son sein, mon cœur se dégonfle, mes yeux se mouillent. Oh ! comme je suis soulagé !...84 Cinq lignes hachées, on pourrait dire haletantes, plus éloquentes qu'un procès-verbal.
Et l'Assemblée des sectionnaires, ivre de son succès, félicitée par le Corps législatif qui a peur, acclamée par tout ce que Paris compte d'exaltés révolutionnaires, s'érige en gouvernement et organise, sans délai, la Terreur. Tout de suite, elle comprend qu'il lui faut profiter de sa victoire et c'est alors que, sans désemparer, au cours d'une séance qui, de vingt-quatre heures ne sera pas suspendue, elle exige la détention du Roi, désigne pour geôle le Temple et assume la garde des captifs, en stipulant que le Trésor public en fera les frais : elle rend ses arrêts et dicte ses conditions avec une énergie si farouche que, en moins de deux jours, la voici souveraine en dehors et même au-dessus de l'Assemblée nationale85.
Pourtant, rien n'est plus trouble que son origine : aucun procès-verbal n'a été dressé de l'élection de ses membres ; on n'en pourra même jamais établir des listes fixes et authentiques ; même lorsqu'elle sera constituée et que, non sans hésitation, elle aura usurpé le titre de , sa composition demeurera incertaine ; elle se modifiera fréquemment ; sur ses bancs, siégeront des passants, à peine entrevus et que remplaceront sans tarder d'autres éphémères. On aura ainsi l'occasion de voir surgir, dans le récit de la captivité du Dauphin, des personnages présentés et agissant comme membres de la Commune, jouant l'emploi avec autorité et dont les noms ne figurent en aucun répertoire officiel ; figures d'inconnus mêlées à ce drame sans que rien justifie leur rôle et dont l'ingérence inexpliquée suscitera des hypothèses sans solution et des légendes singulièrement tenaces. Les modifications successivement apportées à la composition de la Commune ne changeront rien à ces errements : le désordre et l'incurie démagogique de ces administrateurs novices, leur mépris des formes et les soupçons de corruption que permet l'immoralité de quelques-uns, rejailliront toujours en harcelantes énigmes sur l'histoire confuse du Temple : c'est par là pourtant que, dès les premiers jours, la Commune du 10 août, conquit une part de son étonnant prestige sur le populaire émerveillé de pouvoir se familiariser avec cette puissante machine gouvernementale et pleinement satisfait de la voir activement broyer tout ce qui, jusqu'alors, était réputé intangible et sacré.
La Commune révolutionnaire tenait ses séances dans la grande salle de l'Hôtel de Ville que lui avait abandonnée sans résistance, dans la nuit du 10 août, le Conseil général légal dont il ne sera plus question. Cette pièce immense86 donne par sept fenêtres sur la place de Grève et occupe tout le premier étage du corps central de l'Hôtel de Ville : une monumentale cheminée à chaque extrémité : le portrait de Louis XIV surmonte l'une ; sur l'autre est représenté Louis XV rendant à la Ville de Paris les lettres de noblesse qui lui avaient été retirées. Aux murs, au-dessus des portes, d'autres tableaux où sont figurés les échevins de la Ville prosternés aux pieds des Rois87. Les bustes de Louis XVI, de Bailly, de Necker et de La Fayette ornent la salle. Dès sa première séance, l'assemblée des sectionnaires, agissant comme si elle était chez elle, s'indigne de la présence de ces effigies provocantes. Sans attendre les ouvriers qui doivent les descendre, quarante bras se lèvent aussitôt pour terrasser ces fausses idoles. Elles tombent et sont réduites en poudre aux acclamations des Tribunes88. Les tableaux où sont peints les...




