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E-Book, Französisch, Band 2, 620 Seiten

Reihe: Des origines à la naissance

Levy De la naissance à la rencontre


1. Auflage 2022
ISBN: 978-2-322-44869-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark

E-Book, Französisch, Band 2, 620 Seiten

Reihe: Des origines à la naissance

ISBN: 978-2-322-44869-2
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark



Le deuxième tome de cette saga familiale débute par la naissance des deux parents de l'auteur, Jacques Lévy. Pharmacien, il a exercé sa profession durant plus de 40 ans à Saint-Just-Luzac, charmant village de Charente Maritime. Il a également tenu les rennes de cette commune en tant que maire au moment où le monde est entré dans le troisième millénaire. Emma Einhorn est née en 1921 à Karlsruhe, en Allemagne. Roger Lévy est né en 1920 à Alger, alors préfecture du département français d'Algérie. La deuxième guerre mondiale et la religion israélite des deux héros de cette histoire romancée ne seront pas étrangères à leur rencontre, qui marque le terme de ce récit palpitant. La petite histoire est enveloppée par la Grande histoire.

Jacques Lévy né en 1949, a poursuivi des études de Pharmacie à l'Université de Bordeaux. Diplôme en poche, il s'est installé en1975 dans une petite commune de Charente Maritime, Saint-Just -Luzac, proche de Marennes. En 1995, il sera élu en temps que premier magistrat. A la retraite depuis 2016, il a souhaité rendre hommage à ses parents en écrivant d'une façon romancée la saga de la famille.

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CHAPITRE II
LA MONTÉE DU FASCISME
Ainsi, en ce lundi 5 décembre 1921, Armand part pour son marché de Heidelberg le ventre vide. Dans le petit placard à provisions, il ne reste plus que trois tranches de pain noir et un demi-litre de lait pour le frishtick (petit-déjeuner) de sa famille. Il fait encore nuit noire lorsqu’il pénètre dans la gare centrale de Karlsruhe, poussant avec peine sa charrette à bras. Une heure et demie plus tard, il se trouve à son poste sur la place du marché. Son banc se situe juste en face de la fontaine d’Hercule, endroit où, jadis, les hérétiques et les sorcières étaient brûlés. Déboulant de la Karlsplatz, un jeune marchand de journaux hurle à tue-tête le titre de la première page : "En France, Henri Landru, accusé du meurtre de huit femmes, est condamné à mort ! Henri Landru… ! " Armand écoute ce fait divers d’une oreille attentive, mais ne peut se permettre de dépenser les quelques pfennigs nécessaires à l’achat du journal. Sur les coups de dix heures du matin, alors que le pâle soleil de décembre a bien du mal à le réchauffer, il arrive à persuader son premier client d’acheter deux magnifiques savons de couleur bleu émeraude. "Ce sera pour l’anniversaire de ma femme," précise l’individu, " je pense que c’est un cadeau plus utile qu’un bouquet de fleurs." Armand, évidemment, ne va pas le contredire, et il le remercie chaleureusement. Agissant comme un aimant, ce premier client en attire un second, puis un troisième, et c’est ainsi qu’un petit attroupement se forme, à la plus grande joie du commerçant. Soudain, alors que la vente bat son plein, la foule s’écarte progressivement, puis finit par se disperser. Armand aperçoit alors à l’autre extrémité de la place du marché deux groupes d’hommes qui se font face. Ils ne sont pas plus d’une vingtaine en tout, mais ils font du bruit comme cent. Ce sont des membres du Parti communiste allemand qui affrontent leurs adversaires politiques, les partisans du national-socialisme, surnommés les nazis. La bagarre est générale. Rapidement, un premier homme s’écroule, le crâne fendu par une barre de fer. Un deuxième, assommé à coups de poing puis à coups de pied se retrouve allongé sur le pavé, les bras en croix. Puis, d’un coup, c’est la débandade. Avant de s’enfuir, les communistes laissent sur le terrain deux autres camarades, victimes de la supériorité des nazis dans l’art du combat de rue. En effet, la plupart d’entre eux sont d’anciens combattants opérant dans les troupes de choc lors de la Première Guerre mondiale. Ils se sont regroupés sous la férule d’un certain Adolphe Hitler, ancien petit caporal dans l’armée, et actuellement plus ou moins au chômage. Si la teneur de ses propos est funeste, on ne peut lui contester un talent oratoire hors pair. Il sait mieux que quiconque galvaniser son auditoire par sa doctrine plus que simpliste : C’est facile, pour redonner de la grandeur à l’Allemagne, il suffit de prendre l’argent aux riches et se débarrasser de la totalité des Juifs, source de tous les maux du pays. Hitler a ainsi créé son propre service d’ordre, la Sturmabteilung, en français les sections d’assaut, ou SA. Les SA préfigureront l’arrivée des SS quatre années plus tard. Pour l’heure, sur le marché d’Heidelberg, le groupe vêtu de chemises brunes reste maître du terrain. Celui qui semble le chef commence à parader sur la place, bientôt suivi par le reste de ses hommes. Ils marchent au pas de l’oie, en frappant fortement le sol avec le talon de leurs bottes de cuir noir et en levant le bras droit à quarante-cinq degrés. Armand croit avoir la berlue. Il pense avoir reconnu le capitaine Zimmermann, le sinistre directeur du camp de prisonniers d’Erfurt, dans lequel il a croupi pendant près de quatre années. Pas de doute, c’est bien lui, avec sa corpulence impressionnante, son cou de taureau surmonté par un visage ingrat et massif qui ne laisse place à aucun sentiment de compassion. Armand tremble comme une feuille. Depuis quelques mois il a bien vaguement entendu parler de la doctrine nazie, mais jamais il n’aurait pensé être confronté de la sorte à cette triste réalité. Zimmermann s’approche de lui ! Le regard gris acier du capitaine le toise des pieds à la tête. " Ce n’est pas possible, " se dit Armand, " il y avait au moins dix mille prisonniers à Erfurt, il ne peut pas me reconnaître ! " Et pourtant si. Le capitaine Zimmermann n’oublie jamais un visage. Un mauvais rictus déforme sa bouche, faisant apparaître trois dents en acier. Il avance doucement, à pas comptés. " Tu es Français, toi, n’est-ce pas ? Et peut-être juif, aussi ? Ça se voit sur ton visage ! " hurle-t-il. " Tu viens manger le pain des bons Allemands ! Allez raoust ! Sale juden ! " D’un violent coup de pied, il démolit les tréteaux. Les savons jonchent le sol. Armand reste tétanisé sur place. Il se revoit huit ans en arrière, le 28 novembre 1913, sur la place de Savernes, en Lorraine, lorsque les Prussiens l’avaient arrêté manu militari. Armand recule de deux pas, il s’attend au pire. Le nazi va-t-il le frapper ? Finalement, dans un sinistre éclat de rire, la brute édentée tourne les talons et va rejoindre ses camarades en hurlant la devise du Parti national socialiste : " Un Peuple, un Empire, un Chef ! " Armand ne demande pas son reste. Il ramasse prestement sa marchandise et file avec sa misérable charrette en direction de la gare. Arrivé à Karlsruhe en début d’après-midi, il raconte à Nathaniel sa mésaventure. " Bande de cons ! " s’écrie-t-il, "Ce n’est tout de même pas ce minable caporal qui va faire la loi chez nous ! La République doit être là pour nous protéger ! " Armand tente d’apaiser son patron en lui expliquant qu’il faut faire le dos rond, et surtout pas de vagues. Ils vont bien finir par se calmer, ces nazis, lui dit-il. Mais l’effet est inverse. Nathaniel explose, surtout lorsque David les rejoint. Mis au courant des événements de la matinée, l’ancien colporteur en outils de Nuremberg prend fait et cause pour son cousin. " Il faut jeter ces bandits en prison ! Les Juifs ne doivent pas se laisser faire ! " martèle-t-il. Malgré tous ces beaux discours, Armand refuse catégoriquement de retourner la semaine suivante sur le marché d’Hindelberg. " Zimmermann est un fou, vous ne le connaissez pas, il est capable d’assommer un bœuf d’un seul coup de poing !" plaide Armand, qui finalement réussit à avoir gain de cause. " C’est entendu, " tranche le patron, " On va essayer de te trouver un autre marché pour le lundi." David suggère la petite ville de Kuppenheim, distante d’une trentaine de kilomètres, et située non loin de la cité thermale de Baden-Baden. Il a existé entre le quinzième siècle et les années 1940 une importante communauté juive à Kuppenheim, dont témoignait une synagogue construite en 1714 et détruite en 1938. On note aussi la présence d’un cimetière israélite, dont la plus ancienne tombe remonte à 1694. " Banco ! " accepte Armand avec soulagement, " je vais les inonder de savons ! " La suite de l’hiver se passe plutôt bien. L’activité commerciale, sans être mirobolante, se maintient à un niveau acceptable, mais le spectre de l’inflation galopante est toujours présent. D’un mois sur l’autre, les prix peuvent doubler, voire tripler, l’argent a de moins en moins de valeur. Le 21 juillet 1922, Emma atteint l’âge respectable d’un an. À cette époque, et surtout dans les familles pauvres, l’usage n’est pas de fêter les anniversaires, encore moins d’offrir des cadeaux. Cependant Frida, qui est en admiration devant ce beau bébé, bien joufflu malgré la dureté des temps, tient absolument à marquer l’événement. Parmi les six enfants Einhorn, Emma devient vite sa préférée. Qui, d’ailleurs, pouvait résister devant cette petite fille aux belles boucles brunes qui entouraient un visage toujours souriant ? En fait, ce qui caractérisera Emma durant toute sa vie, c’est sa bonne humeur et sa joie de vivre, quelles que soient les épreuves...



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