E-Book, Französisch, 204 Seiten
Loti Quelques aspects du vertige mondial (1917)
1. Auflage 2024
ISBN: 978-2-322-65754-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
L'analyse de Pierre Loti sur les bouleversements mondiaux de la Première Guerre mondiale, un témoignage historique inestimable
E-Book, Französisch, 204 Seiten
ISBN: 978-2-322-65754-4
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
« Quelques aspects du vertige mondial » de Pierre Loti est un ouvrage saisissant qui s'inscrit dans la catégorie « Littérature classique ». Publié en 1917, en pleine Première Guerre mondiale, ce livre offre une perspective unique sur les bouleversements qui secouent le monde à cette époque cruciale. Loti, connu pour ses romans exotiques, déploie ici son talent d'observateur pour dépeindre les transformations profondes que subit la société mondiale. Avec sa plume élégante et son regard aiguisé, l'auteur nous emmène dans un voyage à travers les nations en guerre, offrant des tableaux vivants et émouvants des peuples et des cultures en pleine tourmente. L'ouvrage explore les conséquences humaines et culturelles du conflit, s'intéressant particulièrement à l'impact sur les sociétés traditionnelles que Loti affectionne tant. Son style, empreint de lyrisme et de sensibilité, donne vie aux paysages dévastés et aux destins bouleversés, faisant de ce livre une oeuvre importante dans la catégorie « Histoire militaire ». Loti ne se contente pas de décrire ; il analyse avec finesse les changements géopolitiques et sociaux qui se dessinent. Ses réflexions sur l'avenir des empires, notamment ottoman, et sur les nouvelles dynamiques mondiales offrent une perspective fascinante sur cette période charnière de l'histoire. « Quelques aspects du vertige mondial » est plus qu'un simple témoignage historique. C'est une méditation profonde sur la nature humaine face à l'adversité, sur la fragilité des civilisations et sur les espoirs de paix. Ce livre s'inscrit naturellement dans la catégorie « Essais politiques » sur Amazon, offrant des réflexions qui résonnent encore aujourd'hui.
Pierre Loti, né Louis Marie Julien Viaud le 14 janvier 1850 à Rochefort et décédé le 10 juin 1923 à Hendaye, est un écrivain français de renom et officier de marine. Sa carrière littéraire, nourrie par ses voyages autour du monde, l'a établi comme un maître de la littérature exotique et un observateur perspicace des cultures étrangères. Entré à l'École navale en 1867, Loti commence une carrière d'officier qui le mène aux quatre coins du globe. Ces expériences alimentent son oeuvre littéraire, marquée par des romans comme « Aziyadé » (1879), « Le Mariage de Loti » (1882), et « Pêcheur d'Islande » (1886), qui lui valent une immense popularité. Son style, caractérisé par un lyrisme sensible et une capacité à capturer l'essence des lieux et des cultures, se retrouve dans « Quelques aspects du vertige mondial ». Cet ouvrage témoigne de son engagement intellectuel face aux bouleversements de la Première Guerre mondiale, offrant une analyse géopolitique nourrie par sa vaste expérience internationale. Élu à l'Académie française en 1891, Loti continue d'écrire et de voyager, produisant des témoignages historiques précieux comme « La Turquie agonisante » (1913). Son oeuvre, oscillant entre romans exotiques et réflexions sur les changements mondiaux, fait de lui un témoin privilégié de son époque. La sensibilité de Loti aux cultures étrangères et sa capacité à analyser les bouleversements sociaux se reflètent pleinement dans « Quelques aspects du vertige mondial », confirmant son statut d'écrivain-voyageur et d'observateur avisé des transformations de son temps.
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VERTIGE
Février 1917. Dans ces dessins d’enfantine cosmographie qui, au temps des premiers Pharaons, se faisaient à Memphis, le ciel était figuré par une voûte sphérique à laquelle des fils suspendaient les étoiles, et, sous les différents pays de la terre, naïvement tracés en couleurs, une partie ombrée en noir, qui descendait jusqu’au bas de la feuille de papyrus, s’appelait : base du monde. Au fond de leurs esprits dégagés plus fraîchement que les nôtres de la matière originelle, ne se demandaient-ils pas déjà, ces hommes aux intuitions merveilleuses, ne se demandaient-ils pas ce qu’il pouvait bien y avoir plus haut, plus haut, au-dessus de la voûte bleue où les étoiles s’accrochaient ? L’infini, l’inconcevable infini dont nos âmes sont maintenant obsédées, est-ce qu’ils commençaient d’en pressentir l’épouvante ? Et, pour eux, sur quelle autre chose, plus stable encore, cette base du monde posait-elle ? Est-ce qu’il leur venait à l’idée de se demander : En dessous, encore plus en dessous, que trouverait-on bien ? Alors, toujours, toujours, des couches plus profondes, se soutenant les unes les autres ? Et ainsi de suite indéfiniment ? Ou bien, qui sait… du vide ? Mais alors, comment ces bases tiendraient-elles, car le vide, c’est du néant où tout tombe ?… Hélas ! oui, à présent, nous le savons, nous que la Connaissance a déséquilibrés, nous le savons, qu’en dessous c’est le vide, le vide auquel il faut toujours logiquement et inexorablement aboutir, le vide qui est souverain de tout, le vide où tout tombe et où vertigineusement nous tombons sans espoir d’arrêt. Et, à certaines heures, si l’on s’y appesantit, cela devient presque une angoisse de se dire que jamais, jamais, ni nous-mêmes, ni nos restes, ni notre finale poussière, nous ne pourrons reposer en paix sur quelque chose de stable, parce que la stabilité n’existe nulle part et que nous sommes condamnés, après comme pendant la vie, à toujours rouler éperdument dans le vide où il fait noir. S’accélère-t-elle, notre chute, comme c’est la loi pour toutes les autres chutes appréciables à nos sens ? Ou bien est-ce que, à travers les espaces auxquels on tremble de penser, la folle vitesse de notre soleil demeure constante ? Nous n’en savons rien, et n’en pourrons rien savoir jamais, puisqu’il n’existe et ne peut exister nulle part aucun point de repère qui ne soit en plein vertige de mouvement, puisque cette vitesse, qui déjà nous fait peur, nous ne pouvons l’évaluer que d’une façon relative, par rapport à celle d’autres pauvres petites choses, — d’autres soleils, — qui tombent aussi… Et puis, comble d’effroi, tout le cosmos qui, aux yeux d’observateurs insuffisamment avertis, semble admirable par sa ponctualité d’horloge permettant de calculer, des siècles à l’avance, la minute précise d’un passage ou d’une éclipse, ce cosmos n’est au contraire que désordre, tohu-bohu d’astres, chaos insensé, frénésie de heurts et de mutuelles destructions… Dans un étang aux surfaces immobiles, si nous jetons une pierre, nous voyons pendant quelques secondes des cercles concentriques se former, semblables à des orbites de planètes, et se développer et se suivre avec une régularité absolue, jusqu’à épuisement de l’impulsion initiale, ou bien jusqu’à l’instant où une autre pierre lancée viendra brouiller l’harmonie de ces courbes parfaites. Eh bien ! mais il en va de même pour ces exactitudes célestes, devant quoi les noninitiés s’extasient[1] ; pendant quelques milliards d’années, — qui sont comme les secondes du temps éternel, — dans chaque groupe stellaire, à partir de l’instant où la secousse initiale l’a mis en mouvement, tout continuera bien en effet à tourbillonner suivant les lois de la gravitation, — lois trop effarantes du reste pour notre raison humaine, effarantes par le seul fait qu’elles existent et que rien ne pourrait faire qu’elles n’existent pas. Et cela durera, chronométriquement, si l’on peut dire ainsi, jusqu’à l’heure inéluctable du choc contre un autre groupe en marche affolée, ou contre quelqu’un de ces monstrueux astres morts qui roulent, obscurs, dans le vide obscur. Heureux les simples qui ignorent tout cela ! Heureux les légers ou les très sages qui peuvent vivre sans y trop penser !… Or, ces redoutables aperçus des cosmogonies, que la prudence commandait de cacher, comme les formules des explosifs, dans des arches hermétiquement fermées, nous les divulguons déjà aux enfants de nos écoles primaires, où ils concourent pour leur part au déséquilibrement des générations nouvelles ! Pauvre petite science humaine, qui nous a bien appris que non seulement les astres tombent, mais qu’en outre il a fallu qu’ils fussent lancés ! Elle nous a presque fait connaître aussi comment a dû s’effectuer le lancement de notre Terre infime ; mais elle ne nous apprendra jamais, jamais, pourquoi, comment et par qui fut lancé notre soleil[2], — et lancé avec ce mouvement de giration que, plus tard, nousmêmes, arrivés au summum de ce qu’on appelle progrès, nous avons fini par savoir donner à nos obus, pour en augmenter la vitesse meurtrière. Ce soleil, quel foyer d’épouvante, dès que l’on songe à lui ! Où, quand, et surtout pourquoi s’est allumée cette gigantesque tempête de feu, qui mettra des milliards de siècles à s’éteindre, et qui, à force de rouler, de rouler depuis des temps inconcevables, a parachevé sa forme ronde ? Et sommes-nous donc forcés d’admettre, hélas ! qu’il soit un réservoir complet de tout ce qu’il faut pour donner naissance plus tard à d’autres planètes encore, avec leurs parasites de tout poil et de toute plume, avec les criminels et les martyrs qui les habiteront ? Admettre, comme une logique superficielle semble l’indiquer, qu’il y ait là-dedans de la matière première de tout, matière première d’organismes humains, matière première d’âmes, de douleurs, même de tendresse, de pitié et de prière ? Et qui les dirigera, ces créations futures, à la surface de ces planètes qui vraisemblablement, dans les temps imprécis, jailliront sous formes de bulles gazeuses incendiaires et mettront sans doute, pour se refroidir, quelque quatre ou cinq cents millions d’années ; qui les dirigera, sera-ce Celui qui a déjà présidé à la nôtre ? Se feront-elles par tâtonnements comme sur la Terre, ou bien leur créateur aura-t-il bénéficié d’expériences précédentes et réussira-t-il du premier coup ?… Car c’est là un mystère plus insondable que tous les autres, ces tâtonnements si visibles, si indéniables, opérés sur notre planète, minuscule pourtant et de bien mesquine importance, comme si ce créateur-là nous avait été spécial, comme s’il ne s’était plus nullement souvenu d’avoir déjà créé autre part dans des mondes évanouis au fond des abîmes du passé ?… (Oh ! tout cet infini antérieur, dont la raison nous oblige d’admettre l’existence comme un axiome, rien qu’en y songeant nous perdons pied ! Que la matière et le temps n’aient jamais commencé, n’est-ce pas mille fois plus inconcevable encore pour nos frêles esprits, que leur impossibilité de finir ?) Ces tâtonnements, qui sembleraient prouver que la création terrestre fut une œuvre de début, la paléontologie nous en fournit de plus en plus la preuve, aujourd’hui qu’elle achève de reconnaître et de classer toutes les faunes primitives ; on ne peut nier que le créateur ait longtemps cherché sa voie, dans ces innombrables ébauches d’êtres tout de férocité et de hideur dont beaucoup n’étaient pas même viables : têtes trop grosses et trop lourdes, que la charpente n’avait pas la force de supporter ; ou bien, têtes si petites que les mâchoires devaient nuit et jour, sans trêve, broyer des aliments, sous peine de laisser mourir le trop énorme corps… Et avant de réaliser...




