E-Book, Französisch, 76 Seiten
Molière L'École des femmes
1. Auflage 2019
ISBN: 978-2-322-09246-8
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 76 Seiten
ISBN: 978-2-322-09246-8
Verlag: BoD - Books on Demand
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Une femme instruite peut-elle être vertueuse ? Selon le vieil Arnolphe, l'ignorance seule permet aux femmes de rester sages et droites. Pour s'assurer une épouse docile, il élève sa jeune pupille, Agnès, à l'écart des garçons et des choses de l'amour. Mais voilà qu'elle aperçoit par la fenêtre un jeune homme, Horace, qui lui fait la cour...
Jean-Baptiste entre au collège de Clermont (actuel lycée Louis le Grand). Il a pour condisciple le prince de Conti, qui deviendra l'un de ses protecteurs 1640 Il suit des études de droit pour devenir avocat, titre qui permet alors l'achat d'une charge dans la justice ou l'administration. 1641 Jean-Baptiste est reçu avocat 1643 Il renonce à la possibilité de promotion sociale que lui offre ce diplôme. Il décide, contre l'avis de son père, de devenir comédien. Avec sa maîtresse Madeleine Béjart, une comédienne déjà connue, la famille de celle-ci et quelques autres comédiens, il fonde la compagnie théâtrale l'Illustre-Théâtre. Il prend le nom de Molière. Les raisons qui l'ont incité à choisir ce pseudonyme n'ont jamais été élucidées. 1645 Au printemps, la troupe l'Illustre-Théâtre fait faillite Emprisonné pour dettes en Août, Molière est libéré deux jours plus tard, grâce à l'intervention de son père . La même année, il quitte Paris, avec la troupe de Charles Dufresne. Ils vont parcourir l'ouest et le sud de la France pendant plus de treize ans
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Acte deuxième
Scène I
ARNOLPHE, seul.
Il m’est, lorsque j’y pense, avantageux sans doute D’avoir perdu mes pas, et pu manquer sa route : Car enfin de mon cœur le trouble impérieux N’eût pu se renfermer tout entier à ses yeux ; Il eût fait éclater l’ennui qui me dévore, Et je ne voudrais pas qu’il sût ce qu’il ignore. Mais je ne suis pas homme à gober le morceau Et laisser un champ libre aux vœux du damoiseau. J’en veux rompre le cours, et, sans tarder, apprendre Jusqu’où l’intelligence entre eux a pu s’étendre : J’y prends pour mon honneur un notable intérêt ; Je la regarde en femme, aux termes qu’elle en est ; Elle n’a pu faillir sans me couvrir de honte, Et tout ce qu’elle a fait enfin est sur mon compte. Éloignement fatal ! voyage malheureux ! (Il frappe à sa porte.)
Scène II
Arnolphe, Alain, Georgette.
ALAIN
Ah ! monsieur, cette fois… ARNOLPHE
Paix. Venez çà tous deux. Passez là, passez là. Venez là, venez, dis-je. GEORGETTE
Ah ! vous me faites peur, et tout mon sang se fige. ARNOLPHE
C’est donc ainsi qu’absent vous m’avez obéi ? Et tous deux de concert vous m’avez donc trahi ? GEORGETTE, tombant aux genoux d’Arnolphe.
Eh ! ne me mangez pas, monsieur, je vous conjure. ALAIN, à part.
Quelque chien enragé l’a mordu, je m’assure. ARNOLPHE, à part.
Ouf ! je ne puis parler, tant je suis prévenu ; Je suffoque, et voudrais me pouvoir mettre nu. (À Alain et à Georgette.)
Vous avez donc souffert, ô canaille maudite, (À Alain qui veut s’enfuir.)
Qu’un homme soit venu… ? Tu veux prendre la fuite ! (À Georgette.)
Il faut que sur-le-champ… Si tu bouges… Je veux (À Alain.)
Que vous me disiez… Euh ! oui, je veux que tous deux… (Alain et Georgette se lèvent, et veulent encore s’enfuir.) Quiconque remuera, par la mort ! je l’assomme. Comme est-ce que chez moi s’est introduit cet homme ? Eh ! parlez. Dépêchez, vite, promptement, tôt, Sans rêver. Veut-on dire ? ALAIN ET GEORGETTE
Ah ! ah ! GEORGETTE, retombant aux genoux d’Arnolphe.
Le cœur me faut ! ALAIN, retombant aux genoux d’Arnolphe.
Je meurs. ARNOLPHE, à part.
Je suis en eau : prenons un peu d’haleine ; Il faut que je m’évente et que je me promène. Aurais-je deviné, quand je l’ai vu petit, Qu’il croîtrait pour cela ? Ciel ! que mon cœur pâtit ! Je pense qu’il vaut mieux que de sa propre bouche Je tire avec douceur l’affaire qui me touche. Tâchons à modérer notre ressentiment. Patience, mon cœur, doucement, doucement. (À Alain et à Georgette.)
Levez-vous, et, rentrant, faites qu’Agnès descende. (À part.)
Arrêtez. Sa surprise en deviendrait moins grande : Du chagrin qui me trouble ils iraient l’avertir, Et moi-même je veux l’aller faire sortir. (À Alain et à Georgette.)
Que l’on m’attende ici. Scène III
Alain, Georgette.
GEORGETTE
Mon Dieu ! qu’il est terrible ! Ses regards m’ont fait peur, mais une peur horrible ; Et jamais je ne vis un plus hideux chrétien. ALAIN
Ce monsieur l’a fâché ; je te le disais bien. GEORGETTE
Mais que diantre est-ce là, qu’avec tant de rudesse Il nous fait au logis garder notre maîtresse ? D’où vient qu’à tout le monde il veut tant la cacher, Et qu’il ne saurait voir personne en approcher ? ALAIN
C’est que cette action le met en jalousie. GEORGETTE
Mais d’où vient qu’il est pris de cette fantaisie ? ALAIN
Cela vient… Cela vient de ce qu’il est jaloux. GEORGETTE
Oui ; mais pourquoi l’est-il ? et pourquoi ce courroux ? ALAIN
C’est que la jalousie… entends-tu bien, Georgette, Est une chose… là… qui fait qu’on s’inquiète… Et qui chasse les gens d’autour d’une maison. Je m’en vais te bailler une comparaison, Afin de concevoir la chose davantage. Dis-moi, n’est-il pas vrai, quand tu tiens ton potage, Que si quelque affamé venait pour en manger, Tu serais en colère, et voudrais le charger ? GEORGETTE
Oui, je comprends cela. ALAIN
C’est justement tout comme. La femme est en effet le potage de l’homme ; Et quand un homme voit d’autres hommes parfois Qui veulent dans sa soupe aller tremper leurs doigts, Il en montre aussitôt une colère extrême. GEORGETTE
Oui ; mais pourquoi chacun n’en fait-il pas de même, Et que nous en voyons qui paraissent joyeux Lorsque leurs femmes sont avec les biaux monsieux ? ALAIN
C’est que chacun n’a pas cette amitié goulue Qui n’en veut que pour soi. GEORGETTE
Si je n’ai la berlue, Je le vois qui revient. ALAIN
Tes yeux sont bons, c’est lui. GEORGETTE
Vois comme il est chagrin. ALAIN
C’est qu’il a de l’ennui. Scène IV
Arnolphe, Alain, Georgette.
ARNOLPHE, à part.
Un certain Grec disait à l’empereur Auguste, Comme une instruction utile autant que juste, Que lorsqu’une aventure en colère nous met, Nous devons, avant tout, dire notre alphabet, Afin que dans ce temps la bile se tempère, Et qu’on ne fasse rien que l’on ne doive faire. J’ai suivi sa leçon sur le sujet d’Agnès ; Et je la fais venir dans ce lieu tout exprès, Sous prétexte d’y faire un tour de promenade, Afin que les soupçons de mon esprit malade Puissent sur le discours la mettre adroitement, Et, lui sondant le cœur, s’éclaircir doucement. Scène V
Arnolphe, Agnès, Alain, Georgette.
ARNOLPHE
Venez, Agnès. (À Alain et à Georgette.)
Rentrez. Scène VI
Arnolphe, Agnès.
ARNOLPHE
La promenade est belle. AGNÈS
Fort belle. ARNOLPHE
Le beau jour ! AGNÈS
Fort beau. ARNOLPHE
Quelle nouvelle ? AGNÈS
Le petit chat est mort. ARNOLPHE
C’est dommage ; mais quoi ! Nous sommes tous mortels, et chacun est pour soi. Lorsque j’étais aux champs n’a-t-il point fait de pluie ? AGNÈS
Non. ARNOLPHE
Vous ennuyait-il ? AGNÈS
Jamais je ne m’ennuie. ARNOLPHE
Qu’avez-vous fait encor ces neuf ou dix jours-ci ? AGNÈS
Six chemises, je pense, et six coiffes aussi. ARNOLPHE, ayant un peu rêvé.
Le monde, chère Agnès, est une étrange chose. Voyez la médisance, et comme chacun cause ! Quelques voisins m’ont dit qu’un jeune homme inconnu Était, en mon absence, à la maison venu ; Que vous aviez souffert sa vue et ses harangues. Mais je n’ai point pris foi sur ces méchantes langues, Et j’ai voulu gager que c’était faussement… AGNÈS
Mon Dieu ! ne gagez pas, vous perdriez vraiment. ARNOLPHE
Quoi ! c’est la vérité qu’un homme ?… AGNÈS
Chose sûre. Il n’a presque bougé de chez nous, je vous jure. ARNOLPHE, bas, à part.
Cet aveu qu’elle fait avec sincérité Me marque pour le moins son ingénuité. (Haut.)
Mais il me semble, Agnès, si ma mémoire est bonne, Que j’avais défendu que vous vissiez personne. AGNÈS
Oui ; mais, quand je l’ai vu, vous ignorez pourquoi ; Et vous en auriez fait, sans doute, autant que moi. ARNOLPHE
Peut-être ; mais enfin contez-moi cette histoire. AGNÈS
Elle est fort étonnante et difficile à croire. J’étais sur le balcon à travailler au frais, Lorsque je vis passer sous les arbres d’auprès Un jeune homme bien fait, qui, rencontrant ma vue, D’une humble révérence aussitôt me salue. Moi, pour ne point manquer à la civilité, Je fis la révérence aussi de mon...