E-Book, Französisch, 95 Seiten
Molière Le Bourgeois gentilhomme
1. Auflage 2019
ISBN: 978-2-322-17186-6
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
E-Book, Französisch, 95 Seiten
ISBN: 978-2-322-17186-6
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Riche bourgeois, M. Jourdain ne rêve que d'une chose : devenir gentilhomme. Et quels ne sont pas ses efforts pour y parvenir ! Cours de danse, de chant, d'armes et de philosophie : tout est bon pour acquérir les manières d'un noble. Hélas ! L'élève multiplie les maladresses et les balourdises. L'extravagance de M. Jourdain atteint son comble quand il refuse la main de sa fille à l'homme qu'elle aime, sous prétexte que celui-ci n'appartient pas à la haute société. Cette fois, c'en est trop. Son entourage est bien décidé à lui faire recouvrer la raison. Rien de tel que les ruses d'un habile valet pour mettre un terme aux lubies d'un vieux barbon !
Jean-Baptiste entre au collège de Clermont (actuel lycée Louis le Grand). Il a pour condisciple le prince de Conti, qui deviendra l'un de ses protecteurs 1640 Il suit des études de droit pour devenir avocat, titre qui permet alors l'achat d'une charge dans la justice ou l'administration. 1641 Jean-Baptiste est reçu avocat 1643 Il renonce à la possibilité de promotion sociale que lui offre ce diplôme. Il décide, contre l'avis de son père, de devenir comédien. Avec sa maîtresse Madeleine Béjart, une comédienne déjà connue, la famille de celle-ci et quelques autres comédiens, il fonde la compagnie théâtrale l'Illustre-Théâtre. Il prend le nom de Molière. Les raisons qui l'ont incité à choisir ce pseudonyme n'ont jamais été élucidées. 1645 Au printemps, la troupe l'Illustre-Théâtre fait faillite Emprisonné pour dettes en Août, Molière est libéré deux jours plus tard, grâce à l'intervention de son père . La même année, il quitte Paris, avec la troupe de Charles Dufresne. Ils vont parcourir l'ouest et le sud de la France pendant plus de treize ans
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Acte premier
Scène I
L’ouverture se fait par un grand assemblage d’instruments ; et dans le milieu du théâtre on voit un élève du maître de musique, qui compose sur une table un air que le Bourgeois a demandé pour une sérénade. Maître de musique, maître à danser, troismusiciens, deux violons, quatre danseurs MAÎTRE DE MUSIQUE, parlant à ses musiciens.
Venez, entrez dans cette salle, et vous reposez là, en attendant qu’il vienne. MAÎTRE À DANSER, parlant aux danseurs.
Et vous aussi, de ce côté
MAÎTRE DE MUSIQUE, à l’élève. Est-ce fait ?
L’ÉLÈVE Oui.
MAÎTRE DE MUSIQUE Voyons… Voilà qui est bien.
MAÎTRE À DANSER Est-ce quelque chose de nouveau ?
MAÎTRE DE MUSIQUE Oui, c’est un air pour une sérénade, que je lui ai fait composer ici, en attendant que notre homme fût éveillé. MAÎTRE À DANSER Peut-on voir ce que c’est ?
MAÎTRE DE MUSIQUE Vous l’allez entendre, avec le dialogue, quand il viendra. Il ne tardera guère. MAÎTRE À DANSER Nos occupations, à vous, et à moi, ne sont pas petites maintenant. MAÎTRE DE MUSIQUE Il est vrai. Nous avons trouvé ici un homme comme il nous le faut à tous deux ; ce nous est une douce rente que ce Monsieur Jourdain, avec les visions de noblesse et de galanterie qu’il est allé se mettre en tête ; et votre danse et ma musique auraient à souhaiter que tout le monde lui ressemblât. MAÎTRE À DANSER Non pas entièrement ; et je voudrais pour lui qu’il se connût mieux qu’il ne fait aux choses que nous lui donnons. MAÎTRE DE MUSIQUE Il est vrai qu’il les connaît mal, mais il les paye bien ; et c’est de quoi maintenant nos arts ont plus besoin que de toute autre chose. MAÎTRE À DANSER Pour moi, je vous l’avoue ; je me repais un peu de gloire ; les applaudissements me touchent ; et je tiens que dans tous les beaux-arts, c’est un supplice assez fâcheux que de se produire à des sots que d’essuyer sur des compositions la barbarie d’un stupide. Il y a plaisir, ne m’en parlez point, à travailler pour des personnes qui soient capables de sentir les délicatesses d’un art, qui sachent faire un doux accueil aux beautés d’un ouvrage, et, par de chatouillantes approbations, vous régaler de votre travail. Oui, la récompense la plus agréable qu’on puisse recevoir des choses que l’on fait, c’est de les voir connues, de les voir caressées d’un applaudissement qui vous honore. Il n’y a rien, à mon avis, qui nous paye mieux que cela de toutes nos fatigues ; et ce sont des douceurs exquises que des louanges éclairées. MAÎTRE DE MUSIQUE J’en demeure d’accord, et je les goûte comme vous. Il n’y a rien assurément qui chatouille davantage que les applaudissements que vous dites. Mais cet encens ne fait pas vivre ; des louanges toutes pures ne mettent point un homme à son aise : il y faut mêler du solide ; et la meilleure façon de louer, c’est de louer avec les mains. C’est un homme, à la vérité, dont les lumières sont petites, qui parle à tort et à travers de toutes choses, et n’applaudit qu’à contresens ; mais son argent redresse les jugements de son esprit ; il a du discernement dans sa bourse ; ses louanges sont monnayées ; et ce bourgeois ignorant nous vaut mieux, comme vous voyez, que le grand seigneur éclairé qui nous a introduits ici. MAÎTRE À DANSER Il y a quelque chose de vrai dans ce que vous dites ; mais je trouve que vous appuyez un peu trop sur l’argent ; et l’intérêt est quelque chose de si bas, qu’il ne faut jamais qu’un honnête homme montre pour lui de l’attachement. MAÎTRE DE MUSIQUE Vous recevez fort bien pourtant l’argent que notre homme vous donne. MAÎTRE À DANSER Assurément ; mais je n’en fais pas tout mon bonheur, et je voudrais qu’avec son bien il eût encore quelque bon goût des choses. MAÎTRE DE MUSIQUE Je le voudrais aussi, et c’est à quoi nous travaillons tous deux autant que nous pouvons. Mais, en tout cas, il nous donne moyen de nous faire connaître dans le monde ; et il payera pour les autres ce que les autres loueront pour lui. MAÎTRE À DANSER Le voilà qui vient.
Scène II
Monsieur Jourdain, deux laquais, maître de musique ; maître à danser, violons, musiciens et danseurs. MONSIEUR JOURDAIN Eh bien, Messieurs ? qu’est-ce ? me ferez-vous voir votre petite drôlerie. MAÎTRE À DANSER Comment ? quelle petite drôlerie ?
MONSIEUR JOURDAIN Eh la… comment appelez-vous cela ? votre prologue ou dialogue de chansons et de danse. MAÎTRE À DANSER Ah ! ah !
MAÎTRE DE MUSIQUE Vous nous y voyez préparés.
MONSIEUR JOURDAIN Je vous ai fait un peu attendre, mais c’est que je me fais habiller aujourd’hui comme les gens de qualité ; et mon tailleur m’a envoyé des bas de soie que j’ai pensé ne mettre jamais. MAÎTRE DE MUSIQUE Nous ne sommes ici que pour attendre votre loisir.
MONSIEUR JOURDAIN Je vous prie tous deux de ne vous point en aller, qu’on ne m’ait apporté mon habit, afin que vous me puissiez voir. MAÎTRE À DANSER Tout ce qu’il vous plaira.
MONSIEUR JOURDAIN Vous me verrez équipé comme il faut, depuis les pieds jusqu’à la tête. MAÎTRE DE MUSIQUE Nous n’en doutons point.
MONSIEUR JOURDAIN Je me suis fait faire cette indienne-ci.
MAÎTRE À DANSER Elle est fort belle.
MONSIEUR JOURDAIN Mon tailleur m’a dit que les gens de qualité étaient comme cela le matin. MAÎTRE DE MUSIQUE Cela vous sied à merveille.
MONSIEUR JOURDAIN Laquais ! holà, mes deux laquais !
PREMIER LAQUAIS Que voulez-vous, Monsieur ?
MONSIEUR JOURDAIN Rien. C’est pour voir si vous m’entendez bien. (Aux deux maîtres.) Que dites-vous de mes livrées ? MAÎTRE À DANSER Elles sont magnifiques.
MONSIEUR JOURDAIN (Il entrouvre sa robe et fait voir un haut-de-chausses étroit de velours rouge, et une camisole de velours vert, dont il est vêtu.) Voici encore un petit déshabillé pour faire le matin mes exercices. MAÎTRE DE MUSIQUE Il est galant.
MONSIEUR JOURDAIN Laquais !
PREMIER LAQUAIS Monsieur.
MONSIEUR JOURDAIN L’autre laquais !
SECOND LAQUAIS Monsieur.
MONSIEUR JOURDAIN Tenez ma robe. Me trouvez-vous bien comme cela ?
MAÎTRE À DANSER Fort bien. On ne peut pas mieux.
MONSIEUR JOURDAIN Voyons un peu votre affaire.
MAÎTRE DE MUSIQUE Je voudrais bien auparavant vous faire entendre un air qu’il vient de composer pour la sérénade que vous m’avez demandée. C’est un de mes écoliers, qui a pour ces sortes de choses un talent admirable. MONSIEUR JOURDAIN Oui ; mais il ne fallait pas faire faire cela par un écolier, et vous n’étiez pas trop bon vous-même pour cette besogne-là. MAÎTRE DE MUSIQUE Il ne faut pas, Monsieur, que le nom d’écolier vous abuse. Ces sortes d’écoliers en savent autant que les plus grands maîtres, et l’air est aussi beau qu’il s’en puisse faire. Écoutez seulement. MONSIEUR JOURDAIN Donnez-moi ma robe pour mieux entendre… Attendez, je crois que je serai mieux sans robe… Non ; redonnez-la-moi, cela ira mieux. MUSICIEN, chantant. Je languis nuit et jour, et mon mal est extrême,
Depuis qu’à vos rigueurs vos beaux yeux m’ont soumis; Si vous traitez ainsi, belle Iris, qui vous aime,
Hélas ! que pourriez-vous faire à vos ennemis ?
MONSIEUR JOURDAIN Cette chanson me semble un peu lugubre, elle endort, et je voudrais que vous la pussiez un peu ragaillardir par-ci, par-là. MAÎTRE DE MUSIQUE Il faut, Monsieur, que l’air soit accommodé aux paroles. MONSIEUR JOURDAIN On m’en apprit un tout à fait joli, il y a quelque temps. Attendez… La… comment est-ce qu’il dit ? MAÎTRE À DANSER Par ma foi ! je ne sais.
MONSIEUR JOURDAIN Il y a du mouton dedans.
MAÎTRE À DANSER Du mouton ?
MONSIEUR JOURDAIN Oui. Ah !
(Monsieur Jourdain chante.)
Je croyais Janneton
Aussi douce que belle,
Je...