E-Book, Französisch, 808 Seiten
Saurin Are you sure you read Saurin ?
1. Auflage 2023
ISBN: 978-2-322-47009-9
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Vingt Sermons
E-Book, Französisch, 808 Seiten
ISBN: 978-2-322-47009-9
Verlag: BoD - Books on Demand
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Né à Nîmes, exilé à Genève dès l'âge de neuf ans, à cause de la révocation de l'Édit de Nantes, soldat dans les troupes du duc de Savoie de quinze à dix-neuf ans, Jacques Saurin (1677-1730) fit ensuite des études de théologie, sous l'enseignement de Bénédict Pictet et de Jean-Alphonse Turretin, professeurs réformés des plus réputés à cette époque. Consacré au ministère en 1701, et ses dons oratoires ayant déjà été repérés, il fut envoyé à l'Église protestante française de Londres, où il servit durant cinq ans ses compatriotes et coreligionnaires. De 1706 à sa mort, il est pasteur à La Haye où se trouve une importante communauté française de réfugiés. Sa réputation de prédicateur fut telle qu'on l'a fréquemment appelé le Bossuet, ou le Fénelon protestant. La totalité de ses sermons imprimés occupe douze volumes (cinq publiés de son vivant, sept posthumes) ; ils ont été lus, traduits, considérés comme des modèles, jusque vers la fin du XIXe siècle. Ce ThéoTeX livre rassemble vingt prédications choisies de Saurin. Le titre anglais ridicule que nous lui donnons est une légère moquerie à l'adresse du public évangélique francophone de notre temps, conditionné à n'accorder d'attention qu'à ce qui ressemble à de l'anglais. Dites-lui que Vinet appréciait beaucoup Saurin : il ne sait pas qui est Vinet ; dites-lui que Spurgeon faisait grand cas de Saurin (ce qui est vrai) : le voilà presque tenté d'acheter le livre, et peut-être de le lire...
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? 2.
Sur la substitution de Jésus-Christ aux anciennes victimes Tu n'as point voulu de sacrifice ni d'offrande ; mais tu m'as formé un corps. Tu n'as point pris plaisir aux holocaustes, ni à l'oblation pour le péché. Alors j'ai dit, me voici ; je viens, comme il est écrit de moi dans le volume de la loi, pour faire, ô Dieu ! ta volonté. Hébreux 10.5-7 Avoir Jésus-Christ pour rédempteur, et Jésus-Christ pour modèle, c'est l'abrégé de la religion, c'est l'unique chemin du ciel. Si nous n'avions Jésus-Christ pour rédempteur, hélas ! comment pourrions-nous soutenir les regards de ce Dieu qui a les yeux trop purs pour voir le crime Hab.1.13 ? Comment espérerions-nous de plaire, avec des prières traversées par tant de distractions ; avec une repentance, dans laquelle le regret de n'oser commettre le crime, se joint si souvent à la douleur de l'avoir commis ; avec une charité, dont l'intérêt propre est toujours le premier mobile ? Comment espérerions-nous de plaire à ce Dieu, devant lequel les séraphins baissent les yeux, et les cieux même se trouvent sans pureté ? Si nous ne prenions Jésus-Christ pour modèle, comment aurions-nous le front de le prendre pour rédempteur ? Ferions-nous des mystères de la rédemption, des mystères d'iniquité ? Voudrions-nous que celui qui n'a paru dans le monde que pour détruire les œuvres du démon, les rétablit de nouveau, pour nous faire trouver, dans notre communion avec cet esprit malheureux, un supplément au dégoût que nous éprouvons dans la sienne ? Mais avoir Jésus-Christ pour rédempteur et Jésus-Christ pour modèle, c'est réunir tout ce qui est capable de nous procurer le souverain bien ; c'est, comme je l'ai dit, l'abrégé de la religion et l'unique chemin du ciel. C'est sous cette double face que saint Paul présente ce divin Sauveur aux yeux des Hébreux, dans le chapitre d'où nous avons pris les paroles que vous avez ouïes, et dans quelques uns de ceux qui le suivent. Il était nécessaire de convaincre des hommes nés dans l'Évangile, et prévenus pour la magnificence du culte lévitique, que ce qu'il y avait de plus pompeux dans le Rituel de Moïse, les victimes et les autels, les sacrificateurs et les sacrifices, le temple et toutes les cérémonies qu'on y observait, était destiné à préfigurer le sacrifice de la croix. Il était nécessaire de convaincre des néophytes dans la morale de l'Évangile comme dans la théologie, que loin que cette oblation apportât la moindre diminution aux motifs qui engagent toute créature intelligente à se dévouer à son créateur, elle ne faisait que leur donner des forces nouvelles : et c'est ce qu'entreprend notre apôtre. Mais la doctrine de mon texte n'est-elle que pour des novices ? Supposez même qu'elle dût leur être affectée, suivrait-il de là qu'il est inutile de la prêcher dans cette chaire ? N'examinons pas cette question. Pour peu que nous fussions portés à consumer en débats scolastiques les précieux moments de ces exercices, les paroles que nous avons lues nous en fourniraient un prétexte des plus spécieux. Est-ce Jésus-Christ qui parle dans cet oracle, comme le soutiennent, par de puissantes raisons, la foule des interprètes ? Est-ce David, qui, se rappelant tant de raisons qui nous persuadent que les victimes les plus agréables que nous puissions immoler à Dieu ce sont nos personnes, fait vœu de lui sacrifier la sienne ? C'est Jésus-Christ, c'est David, et tous les vrais fidèles avec lui, et nous allons l'établir. D'abord nous considérons ces paroles comme émanées de la bouche de Jésus-Christ. Nous vous le montrerons substituant l'offrande de son corps à celle des anciennes victimes. Ensuite nous mettrons ces paroles dans votre bouche, et nous ferons du second sens que nous leur donnerons, la conclusion du premier que nous leur aurons donné. Et après avoir fait admirer, dans la première partie de ce discours, l'inestimable don que Dieu vous a fait de son Fils, nous travaillerons dans la seconde à exciter ces sentiments dans le cœur de chacun de vous. Grand Dieu ! quelles bornes pourrais-je désormais donner à ma reconnaissance ? Serais-je assez stupide pour croire répondre à tes bienfaits, en entonnant quelques cantiques, en pratiquant quelque cérémonie destituée de réalité ? J'ai des penchants déréglés, je te les immole, grand Dieu ! J'ai un corps rebelle à tes lois, je te l'offre en sacrifice. J'ai un cœur susceptible de flamme et de ferveur, je veux qu'il ne brûle que pour toi. Tu n'as point voulu de sacrifice ni d'offrande : mais tu m'as approprié un corps. Tu n'as point pris plaisir aux holocaustes, ni à l'oblation pour le péché. Alors j'ai dit, me voici, il est écrit de moi dans le volume de la loi, que je fasse, 6 Dieu ! ta volonté. Amen. I Nous envisageons ces paroles par rapport au Messie. Pour cela, trois choses sont nécessaires. Notre texte est une citation, il faut la vérifier. C'est un passage difficile dans l'expression, il faut l'éclaircir. Enfin, c'est une des vérités les plus essentielles à la religion, il faut l'appuyer sur des fondements inébranlables. Notre texte est une citation, il faut la vérifier. Il est tiré du psaume 40. Saint Paul y fait une altération dont l'éclaircissement fera la matière de l'article qui suit. Il est question dans celui-ci de prouver que ce cantique est prophétique, et a le Messie en vue. Pour nous en former cette idée, nous devons avoir ou l'évidence de l'objet, ou l'évidence du témoignage. Voici jusqu'où nous pouvons porter, à cet égard, l'évidence de l'objet. Tout ce qui est contenu dans ce cantique, un seul mot excepté, convient parfaitement au Messie. Ce mot est dans le v. 13, où celui qui parle dit à Dieu : Mes iniquités m'ont atteint ; ce qui semble ne pouvoir convenir à Jésus-Christ, dont les oracles avaient prédit qu'il ne se trouvera point de fraude dans sa bouche Esa.53.9, et qui défiait lui-même ses ennemis de le convaincre d'avoir commis un seul crime Jean.8.46. Cette difficulté se trouve dans un psaume parallèle à celui-ci, je veux dire Psa.69.6, où celui qui est introduit parle de cette manière : O Dieu ! tu connais ma folie, et mes fautes ne te sont point cachées. Une même solution doit être apportée à ces deux passages. Quelques uns l'ont cherchée dans le génie de la langue sainte, et ont entendu par ces fautes et par ces iniquités, non celles que semble s'attribuer celui qui parle, mais celles que ses persécuteurs commettaient contre lui. Dans le style des Hébreux, ma rébellion signifie quelquefois la rébellion qui s'excite contre moi. C'est par cette remarque que nous expliquons les paroles de Osée.11.7: Mon peuple pend attaché à ma rébellion ; c'est-à-dire, mon peuple persiste à se rebeller contre moi. Dans le style des Hébreux, on dit encore mon tort, pour dire le tort qu'on me fait. C'est par cette remarque que nous expliquons ces paroles Lamentations.3.59 : Tu as vu mon tort ; c'est-à-dire, le tort qu'on me fait. Expliquez de même ces paroles : ma folie, mes fautes, mes iniquités. Mais quand le génie de la langue sainte ne nous fournirait pas cette solution, nous ne croirions pas la difficulté suffisante pour nous engager à rayer le psaume 40 de la liste des oracles, si des raisons solides nous engagent à l'y ranger. Jésus-Christ sur la croix était le pleige des pécheurs ; semblable à ce bouc qui était maudit, en tant que chargé des iniquités du peuple, il était considéré comme l'auteur de tous les crimes des hommes. L'Écriture le dit en autant de termes. Il a porté nos péchés 1Pi.2.24. Quel poids ! quel immense poids ! Peut-il y avoir de l'exagération dans les expressions de celui qui le porte, lorsqu'il s'écrie : Mes iniquités m'ont atteint ; je n'ai pu y jeter les yeux, elles surpassent en nombre les cheveux de ma tête ! Ce passage, qui faisait naître l'objection, ainsi expliqué, nous soutenons qu'il n'y a rien dans ce cantique qui ne convienne parfaitement au Messie : et si nous ne nous arrêtons pas à le prouver, c'est que nous ne saurions y suffire, sans nous engager dans une discussion qui ferait trop diversion à notre sujet ; c'est encore parce que la chose nous semble peu susceptible de difficulté. D'ailleurs, le psaume 40 est parallèle à d'autres oracles qui regardent incontestablement le Messie. Je porte ici particulièrement ma pensée sur le psaume 69, qui est parallèle au chapitre 53 d'Esaïe. Quand le commentaire des hommes sujets à erreur ne serait pas fondé, dans cette occasion, sur le témoignage d'auteurs infaillibles, la nature de la chose suffirait pour nous le faire admettre. Dans la bouche de quel autre que du Messie David aurait-il pu mettre, avec tant de raison, ces paroles : Pour l'amour de toi, j'ai souffert de l'opprobre, et la honte a couvert ma face ? De qui Esaïe aurait-il pu dire avec autant de justesse que du Messie : Il était navré pour nos forfaits, et froissé pour nos iniquités. L'amende qui nous apporte la paix est sur lui, et par sa meurtrissure nous avons guérison. Nous avons tous été errants comme des brebis ; nous nous sommes détournés chacun à son propre chemin, et l'Éternel a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous. Or, si vous rangez parmi les oracles concernant le Messie le chapitre et le psaume que nous venons de citer, vous...