E-Book, Französisch, 480 Seiten
Virgile L'Énéide (Édition intégrale - 12 tomes)
1. Auflage 2015
ISBN: 978-80-268-4685-7
Verlag: e-artnow
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
La plus célèbre épopée latine - Les épreuves et les aventures du Troyen Énée, ancêtre mythique du peuple romain, après la Guerre de Troie
E-Book, Französisch, 480 Seiten
ISBN: 978-80-268-4685-7
Verlag: e-artnow
Format: EPUB
Kopierschutz: 6 - ePub Watermark
Ce livre numérique présente 'L'Énéide (Édition intégrale - 12 tomes)' avec une table des matières dynamique et détaillée. Notre édition a été spécialement conçue pour votre tablette/liseuse et le texte a été relu et corrigé soigneusement. L'Énéide est une épopée de Virgile, le plus célèbre exemple de ce genre littéraire en langue latine. L'Énéide est le récit des épreuves du Troyen Énée, ancêtre mythique du peuple romain, fils d'Anchise et de la déesse Vénus, depuis la prise de Troie, jusqu'à son installation dans le Latium en Hespérie. De même que l'Iliade et l'Odyssée - dont l'Énéide s'inspire largement -, l'ouvrage a suscité l'admiration de générations de lettrés de l'Antiquité jusqu'à nos jours et fut une source d'inspiration récurrente pour les artistes et les poètes. Virgile (70 av. J.-C. - 19 av. J.-C.), est un poète latin contemporain de la fin de la République romaine et du début du règne de l'empereur Auguste. Ayant acquis l'immortalité littéraire grâce à son épopée, Virgile va influencer nombre d'écrivains du Moyen Âge et de la Renaissance, tel Ronsard, qui rédige La Franciade (inachevée) dans la volonté de donner un équivalent français et de l'époque moderne à l'Énéide.
Weitere Infos & Material
LIVRE PREMIER.
Je chante les combats, et ce héros, qui, long-temps jouet du Destin, aborda le premier des champs de Troie aux plaines d’Italus, aux rivages de Lavinie. Objet de la rigueur du Ciel et du long courroux de l’altière Junon, mille dangers l’assaillirent sur la terre et sur l’onde ; mille hasards éprouvèrent sa valeur, avant qu’il pût fonder son nouvel empire, et reposer enfin ses dieux au sein du Latium : du Latium, noble berceau des Latins, des monarques d’Albe, et de la superbe Rome.
Muse, révèle-moi les causes de ces grands événements. Dis quelle divinité s’arma pour venger son offense ; pourquoi, dans sa colère, la reine des dieux soumit à de si rudes travaux, précipita dans de si longs malheurs, un prince magnanime et religieux. Entre-t-il tant de haine dans l’âme des immortels !
Sur le rivage que l’Afrique oppose à l’Italie, loin des lieux où le Tibre se jette dans les mers, s’élevait autrefois Carthage, antique colonie des enfants d’Agénor, cité fameuse par ses richesses, cité féconde en belliqueux essaims. Junon la préférait, dit-on, au reste de la terre : Samos eut moins d’attraits pour elle. C’est là qu’étaient ses armes, c’est là qu’était son char : là, si le sort l’eût permis, son amour eût transporté le trône de l’univers. Mais les oracles l’avaient instruite que du sang Troyen sortirait une race illustre qui renverserait un jour les remparts de Carthage : qu’issu d’Assaracus, un peuple-roi, dominateur du monde, et fier arbitre des combats, viendrait briser le sceptre de la Libye : que les Parques filaient déjà ces immuables destinées. Aux alarmes de la Déesse se joint le souvenir de cette guerre implacable, que jadis elle alluma sous les murs d’Ilion pour ses Grecs favoris. Le temps n’a point encore effacé de son âme les causes de son dépit jaloux et ses cruels ressentiments : le jugement de Pâris et l’injurieux arrêt qui flétrit sa beauté, l’enlèvement de Ganymède, et les honneurs prodigués à ce sang qu’elle déteste, nourrissent au fond de son cœur une éternelle blessure. Aigrie par ces noirs déplaisirs, sa fureur poursuit de mers en mers les restes de Pergame, échappés aux vengeances des Grecs et de l’implacable Achille. Sans cesse elle ferme l’Ausonie à leurs nefs vagabondes ; et depuis sept hivers, ils erraient en butte aux tempêtes sur la vaste étendue des eaux. Tant devait être pénible l’enfantement de la grandeur romaine !
À peine les Troyens, abandonnant les ports de la Sicile, déployaient gaiement sur les ondes leurs voiles fugitives, et fendaient de leurs proues d’airain les vagues écumantes, quand Junon, couvant dans son âme ses immortels chagrins : « Moi céder ! Moi vaincue ! Le chef d’une horde proscrite toucherait les champs du Latium ! Ainsi l’ordonnent les destins ! Quoi ! Pallas, pour l’erreur d’un moment, pour l’aveugle délire du seul fils d’Oïlée, Pallas a pu mettre en feu les vaisseaux des Grecs, engloutir vivants leurs soldats ! Elle a pu, lançant elle-même du sein des nues les traits brûlants de Jupiter, exterminer leur flotte, et bouleverser les mers sous les vents conjurés ! Elle a pu saisir le coupable tout percé des coups de la foudre et vomissant la flamme, l’envelopper dans un noir tourbillon, et le clouer mourant à la pointe d’un rocher ! Et moi, qui marche l’égale du souverain des dieux ! moi, la sœur et l’épouse du maître du tonnerre, je lutte en vain depuis tant d’années contre une race sacrilège ! Eh ! qui croira désormais au pouvoir de Junon ? qui daignera porter encore à mes autels son encens et ses vœux ? »
Ainsi la fille de Saturne roulait dans son cœur enflammé ses sinistres projets. Soudain elle vole aux plages Éoliennes, sombre patrie des orages, mugissante demeure des impétueux autans. C’est là que règne Éole : là, dans un antre immense, il asservit à son pouvoir les vents tumultueux et les tempêtes grondantes : là son bras les enchaîne, et les tient enfermés sous des voûtes profondes. En vain ils frémissent indignés autour de leurs barrières, et font retentir la montagne de leur bruyant murmure : assis, le sceptre en main, sur une roche escarpée, l’austère Éole contient leur fougue, et tempère leur courroux. Sans le frein qui les maîtrise, ils entraîneraient dans leur course rapide la terre, les mers, et les cieux confondus, et les emporteraient dans les airs en affreux tourbillons ; mais craignant ces ravages, le souverain de l’univers les relégua dans des cavernes ténébreuses, entassa d’énormes montagnes sur leurs noirs cachots, et leur choisit un roi, qui, régi lui-même par des lois immuables, sût au gré d’un dieu plus puissant, ou leur serrer les rênes, ou les lâcher à leur furie. Devant lui Junon suppliante abaisse en ces mots son orgueil :
« Éole, toi que l’arbitre suprême des mortels et des dieux chargea de gouverner les vents, de soulever les flots, ou d’apaiser leur rage ! un peuple ennemi de ma gloire fend les mers de Tyrrhène, portant au sein du Latium llion et ses Pénates vaincus. Déchaîne l’aquilon ; disperse, abîme leurs poupes odieuses, et couvre au loin les ondes de leurs débris épars. Quatorze Nymphes remplies d’attraits font l’ornement de ma cour : la plus aimable est Deïopée : si tu sers mes vengeances, je l’unis pour toujours à ton sort par un doux hyménée. Compagne de ta couche immortelle, elle te rendra père d’une brillante postérité. »
« Reine auguste, répond Éole, c’est à vous d’ordonner, à moi d’obéir. Si j’ai quelque empire en ces lieux, si le sceptre ennoblit mes mains, si Jupiter m’honore de sa faveur, je ne le dois qu’à vous. Par vous je siège aux banquets de l’Olympe ; par vous les vents et les tempêtes grondent ou se taisent à ma voix. »
Il dit ; et d’un revers de sa lance, il frappe le flanc de la roche caverneuse. Elle s’ouvre : aussitôt l’essaim turbulent se précipite en foule de sa prison béante, et souffle au loin sur la terre le trouble et le ravage. L’ouragan fond sur les mers : l’Auster, l’Eurus, et les vents de l’Afrique, si féconds en orages, bouleversent l’Océan dans ses profonds abîmes, et roulent d’énormes vagues sur la plage écumante. Soudain se confondent et les cris des matelots et le sifflement des cordages. D’épaisses ténèbres ont dérobé le jour aux regards des Troyens : une nuit affreuse se répand sur les eaux : les cieux tonnent, l’air en feu brille de mille éclairs : tout présente aux nochers tremblants la mort prête à les frapper.
À cette horrible image, Énée frissonne, glacé d’effroi. Il gémit ; et les bras étendus vers la voûte céleste, il exhale en ces mots sa douleur : « Heureux, hélas ! heureux cent fois, ceux que le sort des batailles moissonna sous les yeux paternels, au pied des murs de la superbe Troie ! Ô le plus vaillant des Grecs, généreux fils de Tydée ! que n’ai-je succombé sous tes coups, dans les champs d’Ilion ! que n’ai-je expiré de ta main dans ces plaines, où le fier Hector tomba percé de la lance d’Achille ; où périt le grand Sarpedon ; où le Simoïs roule entassés dans ses ondes et les boucliers, et les casques, et les corps de tant de héros ! »
Comme il parlait ainsi, l’Aquilon siffle, la tempête frappe de front la voile, et soulève les flots jusqu’aux nues. La rame crie, et se rompt : la proue tremblante se détourne ; et son flanc reste en butte à la violence des eaux. Soudain les vagues s’enflent en liquides montagnes ; les uns pâlissent, suspendus au sommet des flots ; les autres, à travers l’onde qui s’entrouvre, découvrent avec terreur le fond des mers : l’arène agitée bouillonne sous les eaux. Emportés par l’Autan, trois vaisseaux échouent sur des rocs invisibles, vastes écueils de l’onde, fameux sous le nom d’Autels, et dont le dos immense s’étend et se cache à fleur d’eau. Trois autres, déplorable spectacle ! lancés contre les Syrtes par l’impétueux Eurus, s’enfoncent dans leurs sables perfides, et s’engloutissent dans la vase. Un septième portait les Lyciens et le fidèle Oronte : sous les yeux même d’Énée, une lame énorme fond sur la poupe, la submerge ; et le pilote entraîné par le flot qui retombe, roule la tête baissée au fond de l’abîme. Vain jouet de l’onde en furie, trois fois la nef a tourné sur elle-même, et l’avide tourbillon dévore enfin sa proie. On aperçoit de loin en loin quelques infortunés, luttant sur le gouffre immense : autour d’eux flottent, confusément épars, et les armures des guerriers, et les bancs des rameurs, et les richesses de Troie. Déjà le puissant navire d’Ilionée, déjà celui du généreux Achate, c’était la nef qui portait le vaillant Abas, et celle que montait le vénérable Alétès, vont succombant sous l’effort de la tourmente : leurs flancs entrouverts boivent par torrents l’onde ennemie ; et leurs ais désunis éclatent de toutes parts.
Cependant le bruit de l’Océan qui gronde, le choc affreux des vents déchaînés et des mers bondissantes, parvient jusqu’à Neptune. Profondément ému, le dieu s’élance de son trône d’azur, et lève au-dessus des ondes sa tête majestueuse. Il voit les vaisseaux d’Énée dispersés au loin sur les flots ; il voit les Troyens...




